C'est dans Castlevania : Lament of Innocence, premier épisode PS2 et premier volet à surmonter de manière convaincante le passage à la 3D, que l'éternelle lutte des chasseurs de vampires du clan Belmont contre le seigneur Dracula trouve sa source. Ancré dans les racines de la chronologie de Castlevania en tant que premier épisode, Lament of Innocence lève le voile sur les origines du clan Belmont et de son adversaire de toujours, Dracula. Cet épisode revêt donc une double importance, puisqu'en plus de prouver que la saga peut réussir à s'exprimer en 3D, il apporte aussi un certain nombre d'éclaircissements sur le plan narratif, à commencer par l'origine du Vampire Killer que l'on découvre à travers l'histoire de son premier détenteur, Léon Belmont.
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Dans les années sombres du XIème siècle, à l'époque des croisades et des seigneurs féodaux, deux chevaliers réputés invincibles sont sur le point de laisser leur nom dans l'Histoire : Mathias Cronqvist, le tacticien, et le guerrier sans peur Léon Belmont.
Combattant dans la même compagnie, tous deux sont unis par un lien de confiance et d'amitié, jusqu'à ce que la mort de la femme de Mathias plonge ce dernier dans le désespoir. Suite au terrible coup du sort qui s'abat sur son ami, Léon décide de continuer à se battre seul malgré tout pour maintenir la réputation de son armée, et gagne ainsi le respect et l'admiration de tous.
Pourtant, après un an de batailles, des monstres assoiffés de sang apparaissent de manière inexpliquée sur ses terres, mais l'église semble ne pas s'en préoccuper et, lorsque Léon apprend que sa fiancée est retenue prisonnière dans le château d'un vampire nommé Walter Bernhard, il renonce à son titre pour partir la sauver. C'est ainsi que débute la quête de Léon Belmont, fondateur de ce qui deviendra le plus célèbre clan de chasseurs de vampires pendant des générations.
En dépit d'une réalisation guère éblouissante et de cut-scenes assez laides qui ne mettent vraiment pas en valeur les protagonistes, le soft profite d'une ambiance musicale d'autant plus efficace que les compositions de Michiru Yamane restent bien dans l'esprit des précédents volets de la série. On retiendra surtout le Leon's Theme qui rythme parfaitement la traversée du dernier niveau en insufflant à l'action le souffle épique qui lui manque parfois dans les autres niveaux du jeu. Sur le plan du gameplay, et bien qu'il paraisse aujourd'hui un peu limité, Lament of Innocence réussit à nous faire oublier les grosses lacunes des épisodes N64 en prouvant que la 3D peut aussi se prêter à l'univers de Castlevania sans pour autant le dénaturer.
Confiée à Koji Igarashi, la création de Lament of Innocence s'inspire de tout ce qui a fait le succès des épisodes de type « metroidvania » pour adapter cette formule à la sauce 3D. On progresse ainsi dans de vastes niveaux labyrinthiques somptueusement gothiques et peuplés de créatures issues du bestiaire incontournable de la série, avec l'angoisse permanente de passer à côté de ces havres de paix que constituent les salles de sauvegarde. La carte se dévoile salle par salle, et il faut parfois résoudre quelques énigmes pour progresser.
Chaque niveau se solde par un face-à-face avec un gardien qu'il faut terrasser pour mettre la main sur un orbe, artefact qui confère au héros des pouvoirs magiques liés à ses armes secondaires, celles-là même qui caractérisent chacun des volets de la série. Et surtout, Léon dispose d'un fouet appelé à devenir le fameux Vampire Killer qui passera de main en main au sein du clan Belmont, permettant pour la première fois au joueur d'exécuter des combos de plus en plus impressionnants. Le personnage se contrôle avec aisance et peut effectuer des doubles-sauts, s'agripper aux corniches et s'accrocher à des barres successives à l'aide du fouet, mais surtout contrer les attaques ennemies grâce à son gantelet. La parade est aussi indispensable pour réaliser des Perfect Guards en parant au moment précis où l'ennemi frappe, ce qui constitue le seul moyen de faire monter la jauge de magie tout en regagnant des cœurs.
Au chapitre des regrets, il est dommage que le titre abandonne la notion de gain d'expérience, ce qui n'incite pas vraiment à batailler contre des monstres qui ne rapportent rien et qu'on a bien souvent tout intérêt à éviter, d'autant que le titre ne nous épargne pas de nombreux allers-retours. La progression se limite ainsi à l'obtention de réceptacles qui rallongent vos jauges de vie, de magie et de coeurs, et les combats ne rapportent que de l'argent ou des items.
Lament of Innocence fait par ailleurs intervenir des reliques qu'il faut dénicher dans les niveaux afin de bénéficier d'aptitudes supplémentaires. Pour le reste, l'importance des combos fait que la majorité des compétences se traduisent par l'acquisition de nouveaux enchaînements de coups. En jonglant avec le saut, les coups faibles et les coups forts, on peut ainsi enchaîner des frappes de plus en plus meurtrières et spectaculaires. Quant aux armes secondaires, Lament of Innocence fait intervenir les plus connues d'entre elles, la croix, la hache, le poignard et l'eau bénite, et rajoute un nouvel item plus intéressant qu'il n'y paraît : le cristal explosif. Plus rares qu'auparavant, ces armes voient également leur effet varier selon les orbes qui sont en notre possession.
Digne héritier de la série, Castlevania : Lament of Innocence est un titre très sympa à jouer, mais qui a d'ores et déjà un peu mal vieilli en comparaison des opus old-school. Outre l'absence d'XP et la redondance des combats, on peut regretter que presque tous les niveaux soient accessibles d'entrée de jeu et qu'ils ne communiquent plus entre eux. On en vient donc à bout assez rapidement même si des passages secrets sont également présents et qu'il faut réellement bien fouiller les niveaux pour compléter le jeu à 100%, sans compter la présence d'un boss optionnel mémorable caché au fin fond de la prison de l'éternelle torture.
Le fait de pouvoir recommencer l'aventure dans la peau de Joachim Armster constitue, avec les modes Boss Rush, Crazy et Pumpkin, l'un des bonus les plus intéressants. En revanche, on ne peut pas dire que le public européen ait été gâté puisque, en plus de perdre le doublage japonais, le sublime artwork signé Ayami Kojima a été remplacé par la version in-game de Léon sur la jaquette de la version PAL...