Les équipes engagées dans The International rentrent en scène ce mercredi 9 juillet. L’heure est donc venue de les présenter, avec un remerciement spécial pour Riddell et LuCiqNo pour les visuels des équipes. Team Liquid, présentée précédemment, est absente de ce papier mais bel et bien dans le Round Robin, après sa victoire contre MVP en finale du Wild Card Tournament.

Commençons par la tenante du titre. Championne au terme d’une finale incroyable, la structure suédoise a traversé l’année auréolée d’un statut de poids lourd forçant le respect, mais tout n’a pas été que fleuve tranquille. Derrière le sacre suprême, elle n’a gagné qu’une DreamHack et la DreamLeague comme gros titres, faisant tout de même deux finales de StarLadder quand il était encore 100% européen. Elle a en effet connu une période de creux lié aux changements dans la metagame, l'obligeant à changer sa façon de jouer. L’adaptation fut délicate, mais rien de dramatique. Alliance est toujours là et peut une nouvelle fois faire sensation, car c’est une équipe très complète avec des joueurs solides et appliqués, sans parler de sa créativité, à l’image de Loda et ses nombreux héros. Elle a en tout cas rassuré lors de l’ESL One, comme l’atteste YouYou : « Ils y ont repris la stratégie de l’année passée à Seattle : éviter l’ennemi pour aller gratter les objectifs et pousser l’adversaire à l’erreur. C’est un signe. Les rongeurs sont de retour ! »

C’est la grande gagnante du qualifier sud-est asiatique. Dans l’ombre de Titan dans sa région, elle est récente, car créée début 2014. Elle a montré un très bon jeu lors des qualifications, dominant la phase de groupe puis l’arbre final. Depuis, elle est assez invisible, du fait de la faible exposition de cette scène et de son absence lors des événements internationaux. Elle est néanmoins réputée pour un style de jeu appelé Dota Pinoy, efficace, spectaculaire, mais souvent bancal. Espérons qu’elle saura s’en soustraire pour monter très haut.

La structure américaine présente un visage bien différent de celui de ses cousins germains sur League of Legends : il n’y a aucun Américain dans ses rangs mais deux Canadiens, un Hollandais, un Roumain et un Suédois. Très bons, ils ont été logiquement invités dans ce tournoi. On lui reproche néanmoins une certaine inconstance, ce que l’on a vu notamment lors de l’ESL One où elle a chuté contre sa Némésis Alliance, un affrontement entre anciens coéquipiers au passif très lourd. Elle peut viser un Top 8 ici en haussant son niveau de jeu.

Cette équipe de l’Est est composée de trois Ukrainiens et deux Russes, une composition stable depuis sa formation en novembre 2013. Elle a connu une période de domination totale début 2014, laissant augurer un carnage lors de ce tournoi. Malheureusement pour elle, la réussite est moins au rendez-vous. Son style de jeu efficace et atypique est maintenant connu et contré, sans oublier quelques nerfs sur ses héros fétiches. Malgré tout, elle a gagné la D2CL, un tournoi online réputé, fin juin. Elle arrive donc ici en forme et avec des arguments à défendre. Elle fait partie de la shortlist des favorites, mais a tout à prouver. On peut compter sur elle. Comme le dit si bien Yghj : « Ils ne sont pas là pour poser du parquet. »

Voilà la grosse surprise de cette saison. Composée notamment d’anciens joueurs du jeu Heroes of Newerth, elle impressionne, apportant beaucoup à la metagame, surtout dans la phase de draft et au mid. Sur cette lane, la star de l'équipe, Arteezy (RTZ pour les intimes, ou les pressés) effectue un farm important, ce qui était original. Il ne gank pas et peut s’offrir des items d'end game en 13 minutes. L’équipe est construite autour de lui, ce qui peut s’avérer problématique lors des jours sans du patron, comme lors de l’ESL One. Cette équipe a du répondant. Lors de The Summit, elle a réussi à remonter tout le loser bracket avant de s’imposer en finale contre l’immense favorite Team DK. Ce jour-là, elle a obtenu le respect de ses pairs. On peut donc s’attendre à la voir au minimum dans un Top 6 à Seattle, d’autant qu’elle jouera devant son public. MarSu partage ce point de vue : « Portés par leur public, ils peuvent faire une surprise, j’irai jusqu’à dire un Top 3. »

Un grand brouillard entoure cette équipe. En effet, le carry Era souffre de problèmes psychologiques. Il semble ne plus gérer la pression de son rôle en compétition ainsi que les nombreux voyages. Il a donc été remplacé par Excalibur, un joueur non professionnel de 16 ans qui a fait une entrée spectaculaire dans la cour des grands, en balayant les Chinois de Team DK. La sensation fut grande. Le petit propose en effet un niveau de jeu bluffant avec certains héros comme Tinker et Meepo. Malheureusement pour Fnatic, la petite perle sera absente à Seattle. En effet, Valve a jugé l’éviction d’Era injustifiée et a imposé son retour dans le roster européen. L'équipe arrive donc sur la plus grosse compétition du monde avec dans son effectif un joueur qui a peu joué lors du mois de juin, un joueur qui ne s’est pas entraîné avec ses coéquipiers. Un doute immense entoure donc cette formation, pourtant très attendue. Est-elle donc toujours aussi bonne ? Le chaos qui l’entoure aura-t-il raison de ses performances ? Era va-t-il tenir dans un contexte aussi stressant où les enjeux sont immenses ?

L’équipe chinoise, gagnante de The International 2, ne pouvait pas rêver meilleure préparation avant d’arriver à Seattle. Et pour cause, elle a gagné l’ESL One en se promenant relativement. Le souci pour ces Chinois est qu’ils montrent un visage parfois inquiétant, s’inclinant bêtement lors de parties qui devaient logiquement leur revenir, en témoigne la partie perdue face à mousesports à Frankfurt. Cette formation présente un visage assez homogène, à l’exception du carry, plus jeune. Ses quatre camarades sont des monstres d’expérience, des gagnants à Seattle il y a deux ans. Certains sont des légendes sur le jeu, comme ChuaN ou Ferrari_430. Ils font clairement partie des favoris. Le Top 3 est à leur portée.

Structure connue dans l’e-sport, LGD Gaming présente sur Dota 2 un roster plutôt récent, avec l’ajout de Lin en mars 2014. Elle s'est qualifiée logiquement. Certains de ses joueurs sont considérés parmi les meilleurs, de vraies célébrités sur le jeu comme DDC, DD ou Yao, déjà Top 3 à Seattle en 2012. Comme le dit Yghj, passionné : « C’est un roster tout neuf avec de vieux briscards qui a mis du temps à se mettre en route. » Bien lancés, seront-ils facilement arrêtables cette année ? Rien n’est moins sûr.

Cette structure allemande aligne une équipe assez récente également, formée en avril, avec notamment deux anciens de Sigma International, l’équipe de ShiBa que vous retrouverez sur la TV pendant l’événement. Ses joueurs sont des anciens, connaissant très bien leur sujet. Elle s’est qualifiée, ce qui était attendu. Depuis, elle s'est qualifiée pour la DreamLeague puis pour l’ESL One où elle a perdu face à Invictus Gaming, future championne.

S’il y a bien une équipe mythique sur Dota 2, c’est bien celle-là. Son palmarès fait pâlir, elle qui était là dès le départ. The International est son terrain de jeu : elle a en effet gagné la première édition puis a enchaîné deux finales. Les Na’Vi n’ont donc jamais fait pires qu’un Top 2 à Seattle. Mais voilà, cette année, les choses s’annoncent bien plus corsées. En effet, les Ukrainiens ont été plus que discrets, à l’exception de Dendi, un des héros du documentaire Free to Play. On ne s’attendait pas à une telle traversée du désert. Oui, ils ont gagné deux StarLadder, une habitude, mais ils sont passés à côté de grands rendez-vous, comme la dernière édition du StarLadder, la première ouverte à l’international, ainsi que la DreamLeague, l’ESL One ou The Summit. Cette baisse de régime est un mystère. Les fans y voient une stratégie, une préparation secrète pour The International. Si certains l’espèrent vraiment, bien plus ne cachent pas leur scepticisme. Cette équipe peut au moins compter sur une expérience sans équivalent.

Si la grande sœur ukrainienne est attendue au tournant, en pleine phase de doute, la vie est plus douce de l’autre côté de l’Atlantique. Pour la formation américaine de Natus Vincere, on ne se fait pas trop d’illusion, sans lui manquer de respect. Le podium de The International ne sera pas pour elle. Une qualification pour le Main Stage serait déjà une énorme performance. Elle est composée de joueurs expérimentés (quatre Américains, un Canadien), comme Korok, mais le niveau de jeu proposé n’éblouit pas. Pour Hugo : « Elle a de très bonnes idées, mais elle manque d’expérience et semble limitée par ses prises de décision en fin de partie. »

Ne vous fiez pas à son nom, Newbee est tout le contraire. Créée cette année, avec un dernier changement en mai, cette formation chinoise est un mastodonte composé de cadors. Aucun d’entre eux ne découvrira Seattle. Ces joueurs aguerris et tous bons ont gagné la MarsTV Dota2 League, contre les meilleures équipes chinoises. Le capitaine xiao8 est une référence et est considéré comme un solide meneur. Si leur palmarès est encore léger, « Ils ne sont pas là pour coller des gommettes. » renchérit Yghj, un analyste qui ne m’offre que du running gag. Ils peuvent largement se glisser dans un Top 3.

Formée en 2010, cette équipe a subi de nombreux changements avant d’arriver à la stabilité qu’elle connaît maintenant. C’est la all-star team d’Asie (trois Chinois, un Singapourien, un Malaisien). Ce sont tous des monstres de la compétition depuis Dota 1. Ils ont gagné le dernier StarLadder à Kiev sans perdre une map, tournoi qui était le terrain de chasse réservé de Na’Vi. Ils se sont aussi offert la G-League et la Ace Dota2 League. Ces derniers temps, ils ont été battus par quelques équipes en tournoi, laissant penser que leur victoire promise n’était pas si évidente. Mais il ne faut pas se leurrer, ce sont les grands favoris du tournoi, avec un Top 3 qui apparaît comme assuré.

C’est l’ancienne Orange e-sport privée de Mushi, un départ lourd de conséquences, car ce joueur avait vraiment impressionné à The International III. Les joueurs restants se sont offerts l’année passée un très beau Top 4 mais on perdu le dernier match sur une grosse erreur : kYxY a deny l’aegis. Depuis, ils sont très discrets sur la scène internationale, avec une belle sortie à la WPC League (Top 8) tout de même et une élimination logique face à Team DK. C’est léger pour se faire une idée, mais ils sont capables de belles choses, en atteste leur dernière visite à Seattle.

Cette formation chinoise est loin du trio IG, DK et Newbee. Elle a néanmoins montré un niveau certain à l’ESL One où elle s’était qualifiée brillamment. Elle y perd au premier tour contre Fnatic au terme d’un match serré (2-1). Elle compte dans ses rangs de très bons joueurs, dont Sylar ou Super. Ses confrontations face aux Occidentaux s’annoncent intéressantes, elle est capable de les surprendre comme de finir au fond. Le niveau étant assez homogène dans cette compétition, on peut s’attendre à tout, ou presque. Le Top 8 est relativement ouvert et Vici a ses chances.