Si une plate-forme en particulier mérite un développement plus poussé, c'est bien le PC. Les Japonais entretiennent une relation un peu particulière avec l'informatique. Le Japon est un pays hyper moderne et à la pointe des nouvelles technologies, mais le PC y est avant tout vu comme un outil de travail. On peut certainement apporter plusieurs explications à ce phénomène, mais on retiendra surtout le succès de la Famicom qui, dès 1983, a su imposer la console comme le principal support des loisirs numériques dans les foyers. Attention, la console était peut-être considérée de cette manière parce qu'elle était vue comme la petite sœur de l'arcade, mais il y avait bel et bien aussi des jeux sur PC.

On ne peut pas parler des PC japonais sans évoquer le PC-98, la machine de NEC qui a inondé le marché dès les années 80. Du fait de la non-compatibilité des premières générations de machines avec les systèmes occidentaux, les jeux qui voyaient le jour sur PC-98 étaient des titres typiquement japonais pensés pour le marché intérieur et il s'agissait donc très souvent de productions réalisées par des amateurs. C'est de là que sont nés les fameux « doujin » dans l'univers du jeu vidéo, ces productions indépendantes avant l'heure qui réunissent généralement des équipes réduites de passionnés. On retrouve ainsi une palanquée de jeux de drague parfois étranges mais pas seulement. Cette scène indépendante est d'ailleurs encore bien présente au Japon, l'excellente série des Touhou nous le prouve régulièrement.

Aujourd'hui, les PC japonais sont bien entendu compatibles avec les standards occidentaux et la plupart des jeux arrivent bien jusqu'à l'Archipel. Les boîtes de jeu sont en petit nombre dans les magasins, mais en cherchant bien on les trouve. Il y a bien entendu quelques exceptions notables comme les titres Blizzard que l'on a déjà cités, mais globalement un joueur PC japonais a accès aux mêmes titres que ses homologues texans ou jurassiens. Même lorsque les boîtes sont introuvables, c'est désormais par le biais des plates-formes de téléchargement que la diffusion se fait au Japon. Certes les titres ne sont pas souvent traduits, mais ils restent disponibles. Il faut toutefois nuancer ce propos car Steam expérimente des systèmes de blocages territoriaux. Ces procédés ont récemment fait parler d'eux avec Metal Gear Rising qui a d'ailleurs rencontré quelques bugs à sa sortie car ces derniers n'étaient pas tout à fait au point.

Mais si aujourd'hui le marché du jeu PC japonais semble se relever, c'est en grande partie dû au développement des MMO en général et plus particulièrement des free-to-play. La tendance n'est bien entendu pas exclusive au Japon, on assiste finalement là à une nouvelle forme d'uniformisation des pratiques. Il n'est pas rare par exemple que les MMO coréens fassent désormais d'abord le voyage au Japon avant de venir jusqu'en Occident. ArcheAge est ainsi déjà arrivé sur l'Archipel depuis l'été dernier (mais avec un modèle à abonnements) alors qu'il est toujours annoncé pour un vague 2014 chez nous. Un autre exemple peut-être plus étonnant : Wargaming, à qui l'on doit le fameux World of Tanks, a carrément ouvert l'année dernière un bureau à Tokyo. Preuve s'il en est que le marché japonais suscite quand même quelques convoitises.