N'importe quelle personne qui a un jour mis ses mains sur un épisode de la série Mother vous le dira : ces jeux possèdent un véritable cachet. Cette originalité est en grande partie due, comme bien souvent, à l'équipe qui se cache derrière la série. Et plus particulièrement à deux personnes.
Evidemment, il nous est impossible d'écrire sur Mother sans évoquer l'inévitable Shigesato Itoi. Né le 10 novembre 1948 à Maebashi, non loin de Tôkyô, ce dernier peut aisément être qualifié de touche-à-tout. Rédacteur-concepteur dans le domaine de la publicité, essayiste, Itoi a également écrit des paroles de chansons et doublé (en japonais, s'entend) la voix du père de Mei dans Mon Voisin Totoro. Homme cultivé et curieux, il a su se servir avec intelligence de ses références culturelles et de son vécu pour concevoir les différents épisodes de la série. Le titre Mother fait par exemple écho à la chanson du même nom de John Lennon. Celle-ci a aussi servi à définir l'ambiance des trois jeux. Parmi les références du créateur de la série se trouve aussi Haruki Murakami, célèbre écrivain avec qui il a d'ailleurs collaboré sur un recueil de nouvelles : Yume de aimashou. On sait aussi que le combat final d'EarthBound lui a été inspiré par un épisode traumatisant de sa vie. Alors qu'il n'est qu'enfant, Itoi se trompe de salle de cinéma et tombe sur un film qui va longtemps hanter ses nuits : Kenpei to barabara shibijin. À tel point que ses parents craignent à l'époque qu'il garde de véritables séquelles psychologiques de cet épisode malheureux. Visiblement, ils n'avaient pas totalement tort...
Si la bande-son d'EarthBound a marqué autant de monde, c'est en grande partie grâce à Keichii Suzuki. Né en 1951 à Tôkyô, ce dernier peut lui aussi se vanter d'avoir eu une carrière bien remplie. Il a notamment composé, joué et chanté pour plusieurs orchestres et groupes (Moonriders, Yellow Music Orchestra) mais a aussi bossé dans le monde du cinéma. On lui doit notamment les musiques de Tokyo Godfather (2003, réalisé par Satoshi Kon) ou encore du Zatôichi de Kitano (2003). Keichii Suzuki a également fait quelques apparitions au cinéma en tant qu'acteur, notamment dans les longs métrages de Shunji Iwai (Love Letter, Swallowtail Butterfly).