Connu sous le nom de Shin Megami Tensei : Nocturne aux Etats-Unis, Shin Megami Tensei : Lucifer's Call est le premier épisode de la série diffusé en Occident par Atlus. Adapté d'une version améliorée de Shin Megami Tensei III parue au Japon en 2004, Lucifer's Call est à ce jour le seul et unique opus traduit en français. Bien accueilli par la critique et par les amateurs de RPG japonais en 2005, il reste encore à ce jour assez ignoré du grand public. Pourtant, ce titre déroutant et complexe a de nombreux atouts à faire valoir pour séduire les rôlistes matures auxquels il se destine. Son scénario, tout d'abord, est assez exceptionnel dans la mesure où il nous propose non pas de sauver le monde mais de décider ce qui va se passer après sa destruction. Perdu dans un Tokyo post-apocalyptique remodelé en forme de sphère, notre héros mi-homme mi-démon doit en effet choisir la philosophie qui déterminera l'avenir d'un nouveau monde potentiel en gestation. Pour cela, il peut suivre l'une des trois Raisons représentant respectivement l'ordre, l'équilibre et le Chaos ou n'en faire qu'à sa tête. En fonction des décisions qu'il prendra, le joueur pourra ainsi découvrir pas moins de 6 fins, dont une inédite nommée "true demon ending". Outre une galerie de personnages particulièrement travaillée et une collection de démons conséquente, Lucifer's Call comprend un donjon exclusif immense lui permettant de mieux comprendre le scénario original de Shin Megami Tensei III au fur et à mesure qu'il s'enfonce dans ses profondeurs : le labyrinthe d'Amala.
Contrairement à Shin Megami Tensei I et II, notre héros se déplace désormais à la troisième personne dans les nombreux environnements qu'il doit explorer. Les êtres humains ayant survécu à la destruction de Tokyo sont très rares et les lois du Vortex dans lequel ils évoluent sont encore fluctuantes. En plus des deux alignements traditionnels de la série (ordre et chaos), l'alignement neutre a fait son apparition et notre héros n'est plus simplement le témoin d'une guerre entre les dieux mais il a maintenant sa propre influence sur la destinée du monde. L'une des plus grandes innovations de cet épisode est son système de combats inédit basé sur des Press Turns plutôt que sur des tours fixes. Disposant d'un nombre de Press Turns égal aux nombres de personnages qu'il contrôle (4 maximum), le joueur peut maintenant gagner ou perdre des tours en fonction du déroulement du combat. Ainsi, en effectuant un coup critique ou en exploitant une faiblesse élémentaire, le joueur gagne un Press Tour supplémentaire pour effectuer une action supplémentaire. Inversement, il peut perdre un ou plusieurs Press Tours en cas d'échec et se retrouver ainsi à court d'actions. Ca n'a peut-être l'air de rien mais la dimension tactique des affrontements s'en trouve nettement renforcée. A tel point que ce système sera repris sous différentes formes dans la plupart des épisodes suivants.
Particularité exclusive de Lucifer's Call : notre héros peut collectionner et utiliser 25 Magatama (des sortes de parasites démoniaques) lui octroyant un titre ainsi que des capacités spéciales. Ces dernières seront d'ailleurs bien utiles pour affronter dans de bonnes conditions les boss terriblement puissants qui nous barreront la route régulièrement. Il faut dire que la difficulté du soft est telle que sans une parfaite connaissance du gameplay et un leveling acharné, le game over nous guette dans chaque couloir. Du coup, on n'ose imaginer le défi que représente le mode Hard proposé par les développeurs. On pourrait croire à une blague, tout comme la présence purement commerciale du Dante de Devil May Cry 2 dans la liste des démons à recruter. Que vient-il faire là ? On se le demande encore. Toujours est-il qu'on peut effectivement le faire combattre à nos côtés après lui avoir infligé une bonne correction. Et ce n'est pas tous les jours qu'on voit un chasseur de démons au service dans une équipe de... démons justement !
Trailer de Lucifer's Call