Le véritable enfant de la French Touch s'appelle David Cage, cerveau du studio français Quantic Dream. Composé en 1997 de seulement cinq passionnés de chez Cryo Interactive (studio de développement français depuis 1990), Quantic Dream passe à une trentaine de salariés une fois recruté par Eidos. Omikron : The Nomad Soul révolutionne les codes du jeu vidéo en 1999. Il s'agit de l'adaptation d'un livre de S-F écrit par D. Cage. Le jeu s'ouvre sur une sombre enquête criminelle dans une ville futuriste, contrôlée par une intelligence artificielle semblable au Skynet de Terminator. La technologie de l'époque vous permet de transférer votre âme dans une trentaine d'individus différents, d'où le titre : « Omikron, l'âme nomade ». Ce principe du recoupage des points de vue donne tout son poids à la subjectivité et aux émotions, ce qui permet d'atteindre une immersion inédite. L'architecture et les surfaces aseptisées d'Omikron font sensation. Il s'agit du premier jeu à offrir la liberté de se déplacer dans une ville en 3D, bien avant GTA III. Néanmoins, le développement du jeu fut un tel enfer pour D. Cage que la suite (Omikron 2 : Karma) ne vit jamais le jour :
Au début, Eidos nous laissait le champ libre et les moyens qu'il nous fallait. On a avancé pendant un an et demi sans aucun problème. Et puis tout a changé avec "l'affaire Daïkatana". Quand Eidos s'est rendu compte que John Romero (le producteur de Daïkatana) se foutait d'eux et dépensait des sommes folles dans un projet déjà dépassé, ils ont eu une réaction de panique totale. Résultat : Eidos a donné un énorme tour de vis à tous les studios de développement, sans essayer de faire la différence entre ceux qui bossaient et les autres. Ils nous ont collés sur le dos un producteur affligeant, intraitable, et qui ne connaissait de surcroît absolument rien au jeu vidéo. J'ai d'ailleurs failli lui casser la gueule plusieurs fois ! Je ne pouvais pas continuer comme ça. Après la rupture avec Eidos, j'ai décidé de ne plus jamais dépendre d'un éditeur.