Avec des jeux vidéo mêlant de plus en plus l'artistique et la technique, les concepteurs ont pris l'habitude d'en mettre plein la vue aux joueurs. De l'invention du joystick jusqu'au Projet Natal de Microsoft, les évolutions techniques incessantes et parfois spectaculaires, sont aujourd'hui de puissants arguments commerciaux pour vanter les mérites de tel ou tel produit. En 2001, un homme, Shu Takumi, mène sa petite révolution sur GBA et tente le pari fou de faire tenir sur une seule cartouche une cour de justice pleine de surprises et peuplée de protagonistes aussi loufoques qu'attachants. La série Gyakuten Saiban (Ace Attorney chez nous) était née.
Gyakuten Saiban 1
L'histoire débute lorsque le jeune Phoenix Wright, alors novice du barreau, entame la gorge nouée sa toute première plaidoirie. Epaulé de son mentor, la belle Mia Fey, notre avocat de la défense n'a nullement froid aux yeux : son premier client, un ami d'enfance nommé Paul Defès, est accusé du meurtre d'une jeune femme. Tel un super-héros dessiné par le studio japonais Tatsunoko, dont il semble d'ailleurs emprunter les traits, Phoenix vole à la rescousse de son ami. Cette première affaire, intitulée « La première volte-face » porte à merveille son nom, n'ayant pour simple ambition qu'une introduction didactique. Courte et aisée, cette première phase de plaidoirie initie en douceur le joueur aux mécanismes du tribunal. Le texte, drôle et cocasse, est servi par des personnages expressifs et pleins de vie. Animé d'une volonté d'accessibilité, le soft simplifie le système judiciaire afin d'offrir au joueur une narration rythmée aux rebondissements de tous les instants. La lutte entre notre avocat et le procureur, sous l'implacable surveillance d'un juge très perspicace (quoique…) est essentiellement constituée de témoignages. Au joueur de révéler la vérité, en faisant voler en éclats les déclarations fallacieuses ! Concrètement, l'opération consiste à faire pression sur le témoin, en le questionnant sur chacune des parties de sa déposition, avant de présenter la preuve décisive : la pièce du puzzle faisant briller les contradictions et mettant le témoin à nu dans de mémorables crises de nerfs. Mais gare ! Le juge veille, prêt à sanctionner plus ou moins durement chaque intervention impromptue et non justifiée !
Le jeu ne se limite pas aux phases de tribunal, puisqu'avant de porter une affaire devant le juge, il faudra récolter indices et preuves directement sur les lieux du crime. Les séquences d'investigation se divisent alors entre des discussions avec les différents personnages liés à l'affaire et à la recherche proprement dite au cours de laquelle le joueur devra passer les lieux du crime au peigne fin.
Phoenix Wright : Ace Attorney pose les bases de la série et alterne ainsi entre enquête et défense du client au tribunal. Dans ce premier volet sur GBA, quatre cas sont à traiter, des affaires qui ne se trouvent finalement pas si éloignées que cela les unes des autres puisqu'un fil conducteur permet de maintenir une certaine cohérence entre les chapitres.
Gyakuten Saiban 2
Il est bien connu que l'on ne change pas une recette gagnante. Par conséquent, les deux suites de la série reprennent, grosso modo, le même schéma narratif et conservent la cadence enquête/tribunal. Quelques nouveautés apparaissent tout de même pour varier la formule et notamment les séquences d'interrogatoires. Outre le brassage de personnages et l'apparition de nouveaux procureurs au charisme indéniable, le Magatama fait ainsi son entrée dès le deuxième épisode, Justice for All. Objet mystique, ce pendentif fait apparaître sous les yeux de Phoenix des entrelacs de chaînes et de verrous autour des zouaves qui auraient eu l'impétuosité de lui mentir. Se déclenche alors une séance d'interrogatoire tendu, où notre avocat devra déployer tout son arsenal de preuves et, avec un zeste d'éloquence, faire craquer son interlocuteur récalcitrant. Donnant un bon coup de fouet aux séances de questions/réponses, ces confrontations mentales constituent une sympathique montée d'adrénaline durant les moments clés du jeu, d'autant que chaque erreur est sanctionnée, diminuant alors votre marge d'erreur pour le prochain procès.
Gyakuten Saiban 3
Le troisième et ultime opus de la trilogie, Trials and Tribulations, n'instaure quant à lui aucune nouveauté. Il est cependant considéré par de nombreux fans comme l'apothéose de la saga. Ingénieuse et fourmillant de détails, chaque affaire mène inexorablement vers un final grandiose, où se retrouve impliqué chacun des plus fameux personnages d'Ace Attorney. Ce volet permet même d'incarner Mia Fey, la mentor de Phoenix, et de lever le voile sur le tragique passé de cette dernière. Trials and Tribulations est un magnifique bouquet final pour une série qui aura fait trembler toute une communauté de joueurs.