Bien que la réciproque ne soit pas aussi évidente, la transposition d'un manga ou d'un anime en jeu vidéo est devenue une pratique tellement courante au Japon que rares sont les séries qui échappent à ce qui pourrait sembler n'être qu'un simple effet de mode. Développés généralement à des fins clairement marketing et destinés à des fans trop passionnés par les mangas pour résister à l'attrait du moindre goodies, les jeux vidéo adaptés de licences se vendent souvent comme des petits pains. Comme évoqué dans l'introduction, les contraintes commerciales passant bien avant les soucis de qualité, ce n'est pas demain la veille qu'un studio affecté au développement d'un jeu inspiré du dernier shônen à la mode disposera du temps et du budget nécessaires à l'élaboration d'un Final Fantasy, par exemple. Il faut donc être indulgent en traitant ces titres avec le respect qu'ils méritent, et pas simplement comme de vulgaires produits dérivés, même si les développeurs eux-mêmes ne semblent pas toujours maîtriser et affectionner l'oeuvre d'origine autant qu'ils le devraient.

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Dans la grande majorité des cas, le développeur se contentera en effet de choisir un genre (jeu de combat, RPG, etc) dont il n'empruntera que les bases du gameplay, le but étant simplement de trouver n'importe quel prétexte pour introduire des personnages connus et populaires au sein d'un jeu vidéo. L'acheteur potentiel sera immanquablement séduit dès lors que le titre lui permet de contrôler ses héros favoris par le biais de sa console de jeu. Et parce qu'il est supposé connaître l'histoire de la série sur le bout des doigts, la trame scénaristique est bien souvent écartée ou réduite à sa plus simple expression. Rares sont les softs, même parmi les plus récents, à intégrer de véritables extraits de dessins animés, et même les séquences d'introduction ont de plus en plus tendance à subir les foudres du traitement en 3D basé sur le moteur du jeu. Pour des questions de droits, les jeux vidéo n'ont pas toujours la possibilité d'inclure tous les personnages d'une série ou d'en emprunter les musiques, ce qui, au final, ne fait que dénaturer l'oeuvre d'origine. C'est justement pour de telles raisons que les puristes voient souvent d'un mauvais oeil les adaptations vidéoludiques et dénigrent, à juste titre d'ailleurs, les softs les moins fidèles.

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Malgré tout, même l'adaptation la moins respectueuse et la moins réussie en matière de gameplay renferme toujours quelque chose que les fans sont susceptibles d'apprécier à partir du moment où ils abordent ces titres pour ce qu'ils sont, sans les comparer de manière systématique aux softs développés par des studios experts dans la création de jeux vidéo. Qui plus est, vous verrez dans cette partie que certaines adaptations sont parfois franchement réussies, preuve qu'il n'est pas vain d'insister jusqu'à obtenir un résultat qui satisfasse aussi bien les passionnés de mangas/animes que les amateurs de jeux vidéo. La consécration ultime n'est-elle pas de voir une série animée rendre hommage aux jeux vidéo au travers de clins d'oeils mémorables, comme l'ont fait par exemple Abenobashi et Love Hina dans des épisodes entièrement dédiés aux RPG nippons ? Le mangaka Kome Akita avait lui aussi rendu un hommage de la sorte dans son one shot Role Playing Girl d'une manière assez sympathique. Le manga intitulé Yuma à la conquête du monde, récemment sorti chez Ki-oon, est lui aussi gorgé de références aux jeux de rôles. On trouve également des clins d'oeil à Metal Gear Solid, Saint Seiya ou encore Final Fantasy XI dans la série récente Hayate no Gotoku.

On peut d'ailleurs évoquer ici la question du phénomène otaku, le terme étant employé généralement pour désigner les personnes qui ne vivent que pour leur passion (en général celles dont il est question ici), et qui préfèrent se replier sur elles-mêmes au prix du rejet de toute vie sociale. Il est évident que, même au Japon, le terme est plutôt péjoratif, mais il met le doigt sur l'un des "maux" de la société japonaise actuelle. Le sujet est évoqué dans plusieurs mangas ou séries animées, à l'instar de Otaku no Video, Genshiken ou Densha Otoko, ce dernier étant d'ailleurs un drama (série live) à l'origine.

Bien que ses oeuvres aient été rarement portées en jeux vidéo, il m'a semblé impensable de traiter cette partie sans commencer par faire le point sur le personnage d'Osamu Tezuka, véritable père du manga et instigateur de l'animation japonaise. Nous ferons ensuite une rapide digression sur le thème de l'histoire du continent asiatique et de son influence considérable sur la production animée ainsi que ses répercussions dans le domaine du jeu vidéo, même si les séries qui en résultent sont rarement communes aux deux médias à la fois. Il sera ensuite grand temps de passer en revue les diverses adaptations existantes, au travers de thèmes qui devraient faire ressortir les nombreuses tendances en matière de jeux inspirés de mangas ou d'animes, des plus porteuses aux plus anecdotiques.