On imagine facilement la pression qui pesait sur les épaules de Matsuno lorsqu'il s'est vu confier la lourde tâche de donner vie à Final Fantasy XII. Malgré tout, les membres de son équipe ne se sont pas laissés démonter par l'ampleur de la tâche puisqu'ils sont parvenus à imposer leur propre vision de Final Fantasy (Ivalice) tout en réalisant un épisode complètement abouti qui n'a aucunement à rougir devant ses prédécesseurs. Il fallait déjà oser bouleverser d'une manière aussi considérable le système de jeu, et réussir à le rendre à ce point opérationnel n'a pas dû être une mince affaire. Voilà pourquoi FFXII mérite avant tout le respect, même de la part de ceux qui n'accrocheront pas forcément aux modifications apportées.
Ne serait-ce que techniquement, le soft inflige déjà une véritable claque visuelle compte tenu des capacités limitées de la PS2. Si les cinématiques en images de synthèse sont époustouflantes, les cut-scenes réalisées avec le moteur du jeu ne sont pas en reste. Elles offrent un rendu assez particulier qui rappelle fortement Vagrant Story, par le biais de personnages qui ne sont pas exagérément réalistes mais qui correspondent parfaitement à l'univers intemporel d'Ivalice. De plus, le jeu profite d'un souci du détail proprement incroyable, dont on prend conscience lorsqu'on zoome sur les personnages. Les mèches de cheveux, les colliers et autres vestons se secouent quand on se déplace, les nuages bougent en permanence dans le ciel et se reflètent sur la surface des lacs malgré les averses torrentielles qui se déchaînent parfois sans crier gare. Dans le même ordre d'idées, les expressions faciales et les mouvements des personnages sont criants de vérité.
De plus, si l'on excepte encore une fois le cas FFXI, c'est la première fois que l'on nous offre la possibilité d'évoluer dans des environnements à 360° qui s'étendent à perte de vue. L'immensité des territoires à explorer et la démesure dans l'architecture des temples et des cités sont tout simplement incroyables, et il manque juste une vue subjective pour pouvoir pleinement en profiter. Sans compter que la diversité des décors témoigne d'une créativité étonnante, ceux-ci atteignant peu à peu leur paroxysme à mesure que l'on approche de la fin du jeu, nous offrant des visions d'apocalypse et des jeux de lumières et de couleurs saisissants.
Ceux qui craignaient que cet opus ne s'éloigne trop des précédents volets doivent garder à l'esprit que, malgré toutes ses particularités, FFXII reste bel et bien un Final Fantasy, dans le sens où on y retrouve la même qualité de narration, la même claque visuelle, la même durée de vie démesurée et la présence de quêtes optionnelles toujours aussi redoutables. D'ailleurs, bien que le système de jeu ne s'y prête pas vraiment, les développeurs ont tenu à conserver la fameuse pose de victoire qui s'accompagne du thème musical "Victory Fanfare" lorsqu'on terrasse certains boss, et c'est le genre de petites choses insignifiantes que les fans apprécieront. La plupart des éléments incontournables de la saga ont, d'une façon ou d'une autre, été conservés et retravaillés pour surprendre le joueur sans le décevoir, et le résultat est bel et bien là.
De même que l'on s'habitue vite aux nouvelles ficelles du gameplay, la difficulté rebutante du début s'estompe à mesure que l'on assimile cette nouvelle manière de jouer, et l'on savoure d'autant plus une victoire obtenue au terme d'un combat mémorable. En fin de compte, les seuls motifs de déception résideraient dans la frustration engendrée par les temps de chargement qui surviennent un peu trop fréquemment et qui ont parfois tendance à s'éterniser, dans l'absence de New Game + et de mode Theater pour revoir les cinématiques, ou encore dans la piètre exploitation de l'airship qu'on aurait aimé piloter pour survoler le monde d'Ivalice. De bien maigres regrets en comparaison des heures mémorables passées dans cette aventure qui réserve au minimum 50 heures de jeu pour faire uniquement la trame principale en ligne droite, plus de 80 si vous cherchez à avoir tous les Espers en parallèle du scénario, et beaucoup plus si vous tenez à faire le jeu à 100%. Que dire de plus, sinon bonne chance à FFXIII, dont les premières images s'annoncent déjà bouleversantes !