A l'heure actuelle, le piratage sur GameCube n'en est encore qu'au stade d'épiphénomène, sans comparaison possible avec ce qui se voit sur les machines concurrentes. Ainsi, il n'est pas encore possible de mesurer un quelconque impact à travers une hausse des ventes de consoles, ni à travers une éventuelle baisse du ratio de softs vendus par console. De plus, il est très difficile d'obtenir des chiffres officiels de vente pour ce produit en France.

Ceci étant dit, certains signes légèrement alarmants ne trompent pas : le nombre de titres GameCube (y compris les plus récents) disponibles via les réseaux de 'peer-to-peer' augmentent de jour en jour. Qui plus est, chez certains grands leaders globaux de la distribution de jeux vidéo par internet (Lik-Sang, VideoGameDepot), une place en 'Frontpage' (là où le le traffic est le plus élevé) a été épisodiquement faite au Broadband Adapter ces dernières semaines, ce qui ne se produit que lorsqu'une augmentation drastique de la demande apparaît dans les statistiques internes de ventes. Trois fois plus de Broadband Adapters auraient été écoulés sur Internet, selon ces mêmes sources, au cours de ces trois derniers mois qu'au cours de l'année précédente dans son entièreté. Des rumeurs en Asie du Sud-Est font vent de quelques usines Chinoises fabricantes de périphériques tiers qui pousseraient leurs départements R&D à se focaliser sur la mise au point d'un adaptateur haut-débit moins onéreux pour la GameCube. La contre-révolution est donc bien en route, lentement mais sûrement, pour le meilleur et pour le pire(-ratage).

L'évolution future du fléau (je parle de la contrefaçon illégale et du piratage immoral et non des développements non-officiels de la scène amateur) ne sera sans doute jamais vraiment comparable avec ce que l'on connaît sur Xbox et PS2. Il n'existe en effet ni graveur de Mini-DVD sur le marché, ni Mini-DVD-R, et il est vraisemblable que les choses en restent ainsi (les constructeurs ne pouvant pas entrevoir de débouchés importantes, puisque le mini-DVD n'est utilisé que par la GameCube, tandis que le CD et le DVD sont des médias partagés par les jeux vidéos avec l'informatique, la musique et le cinéma, ce qui représentent des centaines de millions de consommateurs potentiels)*. Le casse-tête pour les programmeurs ayant mis leurs dons au service du côte obscur du monde du jeu vidéo, sera donc de trouver un moyen de lecture des copies pour les non-initiés, peu réceptifs à la méthode actuelle, coûteuse en matériel, très technique, et requérant beaucoup de patience. En effet, c'est lorsque la copie devient tangible et performante qu'elle attire les masses. D'une part, parce que le support solide permet aux réseaux de revente informelle de faire des profits (alors que la distribution volatile par téléchargement ne rapporte d'argent à aucun intermédiaire, ce qui ralentit la propagation de la nouvelle). D'autre part, parce que l'utilisateur final de base aime le confort 'plug'n'play' sur sa console de jeu. Or, c'est d'utilisateurs de base qu'est composé la majeure partie du marché vidéoludique de salon.

A ce stade, ce qui se passe sur GameCube ressemble beaucoup à la première phase de contournement des protections de la Sega Dreamcast. C'était aussi le Broadband Adapter qui avait permis aux crackers d'établir un dialogue entre la Dreamcast et leur PC, leur permettant ainsi de créer les premières isos de jeux DC et d'en arriver plus au moins au même stade qu'à l'heure actuelle sur la console next gen de Nintendo. Il est amusant de remarquer que la faille qui a permis à Costis de connecter sa GameCube à son PC, se trouvait dans Phantasy Star Online 1&2, porté de la Dreamcast. Sega n'a pas vraiment tiré les leçons du passé, semblerait-il. Or, sur Dreamcast, la phase suivante avait consisté en la création par le groupe Utopia d'un CD de Boot qui permettait de lire des jeux Dreamcast gravés sur de simples CD-R. Un groupe dénommé Kalisto avait alors travailler d'arrache-pied pour rendre l'ensemble du catalogue Dreamcast gravable sur ce support (les GD-Roms étant plus spatieux, il a fallu faire passer les bandes-sons de stéréo en mono, splitter certains jeux en deux CD, etc.) C'est à ce moment précis que le phénomène s'est réellement répandu dans des proportions importantes.

Ce que les hackers exploitaient, c'était la fonction de lecture de CD Audio de la Dreamcast. En effet, ils faisaient passer le CD pour de la musique pour ensuite installer un petit logiciel dans la Dreamcast et en prendre le contrôle. Sega a ensuite riposté en modifiant le Hardware de sa console 128 bits de telle sorte à ce que les nouveaux modèles sortis de l'usine ne puissent plus lire ni les CD Audio, ni les copies exploitant cette faille. Nintendo a un pas d'avance et a directement opté pour une incompatibilité des films DVD et des CD audio exactement pour cette raison. Le lecteur de Mini-DVD de la GameCube est d'ailleurs ainsi construit qu'il n'est pas possible d'y insérer un disque de plus grande taille. La phase de gravure et de relecture sur la GameCube paraît donc plus complexe que jamais pour les hackers en herbe. Nul doute qu'ils feront une nouvelle fois preuve de beaucoup d'imagination pour déjouer les énigmes qui leur sont posées. Mais combien de temps leur faudra-t-il pour réaliser de nouvelles avancées et de quelle nature seront ces avancées ? Ces deux questions restent pour l'heure en suspens et il serait hasardeux de tenter le moindre pronostic sur le sujet, dans l'état actuel des choses.

• Pour faire suite à notre Dossier sur la scène naissante de la GameCube: il semblerait que des Mini-DVD-R commencent à apparaître ci et là. Ainsi, un de nos fidèles lecteurs a attiré notre attention sur le site Allemand Nierle.de, de réputation sérieuse, qui en offre à la vente tout en assurant une compatibilité avec tous les graveurs de DVD classiques. Les pronostics quant à l'avenir du piratage sur GameCube se multiplient en conséquence. Puisque la gravure, des isos GC disponibles en téléchargement sur "l'âne", est proche, une hypothétique 'puce' (ou 'modchip' en Anglais) pourrait donc être développée prochainement de sorte à permettre la lecture des duplications (illicites ou dites 'de sauvegarde') sans adaptateur haut-débit et sans connexion à un micro-ordinateur en réseau. A ce jour, la rédaction n'a pas eu vent d'isos tournant sur des Mini-DVD-R dans une GameCube. Mais ce n'est peut-être plus qu'une question de jours...

NOTE : Le piratage constitue un préjudice important pour toute l'industrie du jeu vidéo. Donc, si vous voulez continuer à jouer à de supers jeux, ne piratez pas. Si malgré ce conseil, vous vouliez quand même faire partie des flibustiers, sachez que la copie illégale de logiciels est sévèrement réprimée en France (confiscation des marchandises frauduleuses, lourdes amendes et même des peines de prison dans certains cas).