Rayman, tout le monde ou presque connaît. Mais derrière la mascotte de la société Ubi Soft, se cache toute une équipe de développeurs et plus précisément un homme, son père spirituel, Michel Ancel. Eh oui, le petit personnage sans bras ni jambes n'est pas, contrairement à ce qu'on pourrait penser, l'œuvre de quelque génie américain ou japonais mais a bel et bien poussé son premier cri sur le territoire français. Comme vous savez à peu près tout ce qu'il y a à savoir sur le "lapin" vidéoludique le plus célèbre, il semblait utile de revenir sur le parcours de son papa, le coupable qui vous a fait, vous fait et vous fera passer des heures devant votre écran grâce à ses créations issues de son esprit fertile.

Michel Ancel naquit en l'an de grâce 1972 à Monaco. Il passe une partie de son enfance en Tunisie et dans d'autres pays, suivant son père, un soldat professionnel, au gré de ses diverses mutations. Dès son plus jeune âge, le garçon est "initié" aux légendes, histoires et contes de fées russes, chinois et japonais. Comme il le dit lui même : "Ces histoires m'ont permis de m'évader dans des mondes imaginaires qui aujourd'hui m'inspirent des décors pour mes jeux. Certains héros de mes créations ressemblent à ceux que j'imaginais quand j'écoutais tous ces contes".

Comme beaucoup d'adolescents, il passera pas mal de soirées avec ses copains, devant les premiers jeux vidéo de l'époque. A partir de ce moment, il sera fasciné par lesdits jeux : "J'adorais le genre de jeux où vous vous demandiez constamment qu'est-ce qui se produirait si vous ouvriez cette porte ou si vous vous précipitiez dans ce tunnel. Et à vous d'imaginer ce qui pouvait bien se trouver dans ces endroits auxquels vous n'auriez jamais accès."

A Montpellier, où sa famille a posé ses valises, il se renseigne sur la programmation. Son désir le plus cher est de créer autre chose qu'une simulation de course ou un jeu de baston. En véritable autodidacte, Michel Ancel, également démomaker sur Atari ST, passera son temps, en dehors des heures de cours, à développer divers jeux de réflexion grâce auxquels il commencera à se faire un nom. Lors d'un concours pour jeunes designers, une séquence animée qu'il a réalisée tout seul le conduira à un entretien chez UbiSoft. En 1989, il rejoint la société française et commence un travail de designer graphique. Avant cela, il développera pour la prestigieuse société Lankor son premier jeu professionnel, Mechanic Wariors, qui malheureusement ne sortira jamais. Le premier projet de Michel Ancel chez Ubi se nommera, The Intruder un shoot'em up assez humoristique pour lequel il se chargera des graphismes, la partie programmation étant à la charge de Nicolas Choukroun également programmeur sur Mechanic Warriors. Dans le même temps Michel Ancel réalisera Jeux de bêtes, un titre pour le moins introuvable à l'heure actuelle. En 1990, les jeux de réflexion seront à l'honneur avec Pick'n Pile et The Teller connu également sous le nom de Brain Blasters.

Très rapidement, 1992 pour être exact, Rayman germera dans l'esprit de Michel Ancel. La suite, vous la connaissez. Le premier Rayman sortira en 1995 sur Playstation et s'en suivra un succès planétaire incontestable. Des dizaines de millions de jeux vendus, et d'autres opus verront le jour sur un nombre de plates-formes hallucinant (Jaguar, Saturn, Nintendo 64, Gameboy, GBA, PC, Dreamcast, PS2, Xbox, Gamecube et même sur Palm Pilot, Pocket PC et téléphones portables). N'oublions pas non plus les jeux éducatifs, les logiciels de peinture, les éditeurs de jeux, et les nombreux goodies à l'effigie du petit personnage. Plus qu'un jeu, Rayman se voit porté au rang d'oeuvre culte. Et comme le dit son créateur, tout ceci est parti de petits gribouillages : "A 13 ans, j'ai commencé à développer mes propres jeux avec des petits personnages. J'en dessinais tout le temps sur des coins de table. C'est comme ça que Rayman est né. Ce personnage m'a plus plu que les autres. Alors je l'ai développé, je lui ai associé des sentiments, des actions pour créer le jeu auquel j'avais envie de jouer."

Le personnage de Rayman sera tellement présent dans l'esprit de Michel Ancel qu'en 1999, après avoir parachevé Rayman 2, il donnera au PC et à la Nintendo 64 un autre jeu de plates-formes, Tonic Trouble, dans la directe lignée de Rayman. En parallèle de son rôle de consultant sur les autres projets de Rayman, l'homme s'embarquera pour un autre projet de grande envergure, un mystérieux jeu d'action/aventure répondant au nom de Project BG&E mettant en scène une adorable et tout aussi mystérieuse héroïne.

Aujourd'hui, épaulé par Jacques Exertier co-producteur de Beyond Good and Evil (nom définitif du jeu) et une équipe de développement de plus de 30 personnes, et après avoir montré les premières images de son dernier bébé à l'E3 2002, Michel Ancel a tous les atouts en main pour faire de ce titre un futur hit à l'image de Rayman. Le jeu sera présenté de façon plus détaillé au prochain E3 et si vous n'avez pas la patience d'attendre, il vous suffira de jeter un œil aux pages qui suivent, histoire de voir à quoi peut bien ressembler un ambitieux projet en gestation depuis plus de 3 ans et demis. Michel Ancel n'a pas fini de faire parler de lui et tous les véritables joueurs que nous sommes n'attendent qu'une chose : Qu'il nous raconte très vite une nouvelle histoire pour nous faire voyager, pour nous faire rêver.