Malgré le fait que Beyond Good & Evil porte bien haut l'étendard du jeu d'action/aventure, il serait réducteur de penser que ce titre s'inscrit uniquement dans cette catégorie. Ce qui frappe d'emblée quand on s'essaye au dernier bébé de Michel Ancel, c'est bien ce brassage des genres, chacun étant supporté par des gameplays peaufinés à l'extrême. Si le titre démarre sur les chapeaux de roue en nous donnant en pâture à un boss très impressionnant et en nous dévoilant par là-même une des premières facettes du soft, le combat, Beyond Good & Evil ne tarde pas à nous dévoiler sa nature polymorphe.
Ainsi, une fois passé la première séquence de jeu, qui pose les bases du scénario tout en nous présentant de façon très dynamique l'héroïne et l'univers qu'elle côtoie sous un angle positif où l'héroïsme est représenté comme une des valeurs sûres du Système, un scénario beaucoup plus complexe que ce qu'il n'y paraît viendra progressivement se mettre en place. Par la suite, il ne cessera d'évoluer en cours de partie pour finalement offrir au joueur une toute autre vision du jeu que celle qu'il en avait en tout début de partie.
Remis de nos émotions tout en étant venu à bout d'un premier défi très physique nous ayant permis de nous familiariser avec les mouvements de Jade, nous retrouvons cette dernière au calme dans son phare où elle habite avec plusieurs orphelins. C'est là que le jeu se montre très bien construit puisque petit à petit l'héroïne accompagnée de son fidèle Pey'j, un cochon que n'aurait pas renié Miyazaki Hayao, va devoir accomplir diverses missions qui lui permettront d'utiliser son appareil photo, de conduire un hovercraft et ainsi d'accéder à d'autres lieux qui eux-mêmes amèneront d'autres objectifs. Le joueur découvrira donc le jeu et les possibilités qui lui sont offertes par l'intermédiaire d'un tutorial bien géré vous permettant de faire vos premiers pas sans jamais avoir l'impression d'être bloqué par quoi que ce soit.
Ce qui est également très intéressant vient aussi de ces 4 grandes familles de gameplay qui s'articulent toutes autour d'un tronc commun : l'aventure principale. De l'infiltration, du reportage photo, des courses et du combat, voilà de quoi est fait BG&E. Si à certains moments il sera obligatoire de passer par telle ou telle phase de jeu pour poursuivre l'aventure, le joueur pourra à loisir s'attarder sur ce qui lui plaît le plus. Par exemple, il existe un championnat d'hovercraft qui peut être poursuivi d'un bout à l'autre de l'aventure. Ce n'est donc pas une obligation mais l'amateur de courses se fera très certainement plaisir d'autant que la maniabilité a été étudiée en renvoyant à bon nombre de véritables jeux de courses. Si vous préférez la photo, aucun souci, il ne restera plus qu'à vous munir de votre appareil et à partir photographier la faune locale pour envoyer vos plus belles prises à une unité scientifique désireuse de connaître plus à fond les espèces animalières vivant sur la planète. Dans tous les cas, ce qui pourra être apparenté à de multiples quêtes annexes vous permettra d'obtenir de l'argent ou des perles (plusieurs systèmes monétaires étant en vigueur) avec lesquels vous pourrez customiser votre hovercraft en achetant des pièces notamment.
Mais ce qui prime, c'est bel et bien cette liberté d'action. Alors certes, on aimerait que cela aille encore plus loin mais en l'état, on ne peut être qu'enchanté par les diverses possibilités qui nous sont offertes. Cela se ressent également durant les phases de combat et d'infiltration. Là où, en début de partie, on pourra appuyer frénétiquement sur une touche pour venir à bout d'un ennemi, cette méthode se révélera inefficace par la suite, les adversaires nécessitant une technique bien particulière pour être mis au tapis. Le joueur devra alors réfléchir et s'apercevra très vite qu'il peut enchaîner des combos où utiliser des techniques plus létales. Dès le départ, ces possibilités sont bien présentes mais c'est petit à petit qu'on se rendra compte de l'immense richesse du titre. Les phases d'infiltration ne dérogent pas à la règle. Ainsi, après avoir échappé à des faisceaux lumineux, Jade arrive devant une porte gardée par un garde. Que faire ? L'attaquer de face au risque de déclencher l'alerte ? Passer derrière ce dernier en examinant de plus près la trajectoire de sa ronde ? Utiliser votre arme en snipant une partie de son armure vitale pour l'aider à respirer ? Les choix sont nombreux et c'est un régal que se dire qu'il n'existe pas une seule façon de s'en sortir. Si Beyond Good & Evil pourra vous sembler ambitieux après avoir lu ces quelques lignes, attendez de voir les phases de shoot spatiales, les rencontres avec des monstres marins, les mini-jeux à la Shufflepuck Cafe, etc. Le nouveau titre de Michel Ancel est ambitieux et après y avoir joué quelques heures, je peux vous dire que le soft a bien les moyens de ses ambitions et devrait offrir au joueur une expérience prenante, pleine d'énergie, de rencontres insolites et de moments riches en émotions. C'est du moins tout le mal qu'on lui souhaite.