Si les utilisateurs habituels des cartes GeForce étaient sans doute heureux d'apprendre que les nouveaux GPU Turing allaient leur permettre de gérer de nouvelles formes de rendu toutes plus chatoyantes les unes que les autres, ils restaient jusqu'à présent anxieux de voir ce que ces nouvelles cartes allaient leur offrir en termes de performances brutes, sur des jeux actuels. Qu'ils se rassurent, le gap d'une génération à l'autre reste significatif.

Dans le détail, commençons par aborder la question de la résolution la plus faible de notre protocole. Clairement, la GeForce RTX 2080 Ti ne sera pas taillée pour cette configuration, en ce sens qu'aucun processeur actuel ne lui permettra de s'exprimer correctement. Ainsi les gains que nous avons mesurés entre la nouvelle venue, et celle qui l'a précédée, la GTX 1080 Ti, ne sont que de 17% en moyenne. Or, vous allez le voir quelques lignes plus bas, ce chiffre n'est évidemment pas représentatif du potentiel de la RTX 2080 Ti. Une conclusion que l'on peut tirer en étudiant l'activité croisé du couple CPU / GPU : dans la plupart de nos sessions de tests en 1080p, le premier composant se retrouvait sollicité au maximum de ses possibilités, limitant clairement le fonctionnant du second. Ce phénomène n'est pas vraiment une surprise, puisque l'on pouvait déjà l'observer dans une moindre mesure sur les représentantes les plus véloces de la génération Pascal.

Quant aux RTX 2070 et 2080, toujours dans cette même configuration d'affichage, elles ne sont pas contraintes par les limites dont nous venons de parler, mais leur intervalle de travail optimal se situe sans doute sur une résolution plus fine. Si on parle du cas spécifique de la RTX 2080, elle déploie 150 FPS sur The Witcher 3, 99 FPS sur Rise of the Tomb Raider, ou 179 FPS sur Battlefield 1... C'est plus qu'il n'en faut pour la très grande majorité des joueurs. Il n'y aura vraiment que sur des titres particulièrement exigeants, comme Ghost Recon Wildlands ou Watch Dogs 2, que la carte passera sous la barre des 100 FPS. Sur un plan plus général, les performances de notre RTX 2080 recouperont celles d'une GTX 1080 Ti Overclockée alors que la RTX 2070 signée Gigabyte se positionnera au niveau d'une GTX 1080 overclockée.

Qu'en est-il de la résolution supérieure, en 2560x1440 ? Eh bien nos trois cartes y trouveront un terrain d'expression bien plus pertinent, comme le démontre les gains que nous avons mesurés : par rapport à une GTX 1080 Ti, la RTX 2080 se positionne 2% au-dessus, tandis que la RTX 2080 Ti prend le large, avec un bonus affiché de 27%. Le match RTX 2070 vs GTX 1080 FE est également à l'avantage de Turing, avec un écart de 8%. Et bien évidemment, c'est dans la résolution 3840x2160, la fameuse 4K, que les deux RTX les plus véloces démontrent les gains les plus nets : toujours en prenant comme base de comparaison une GTX 1080 Ti Founders Edition, la RTX 2080 offre un bonus de frame rate de 8% en moyenne, tandis que la RTX 2080 Ti se positionne 38% plus haut. Ce faisant, elle devient la première carte capable d'offrir une expérience 4K/60 FPS sur la quasi-totalité des jeux du marché, et ce, sans avoir à faire de concessions sur le plan graphique. La seule exception à ce tableau aura été Ghost Recon Wildlands, bravo à lui ! C'est aussi le moment de faire le triste constat du retard accumulé par AMD sur le créneau des cartes haut de gamme : la plus véloce des GeForce Turing surpasse la Radeon la plus puissante d'un facteur 1,5 à 2 selon les résolutions appliquées. On n'est même plus sur une claque, on est sur un ushiro mawashi geri, exécuté dans les règles de l'art et magistralement appliqué sur la pointe du menton de l'adversaire.

Deux remarques viennent compléter ces observations : la première, c'est que si les chiffres disséminés plus haut sont les résultats de nos essais sous DirectX 11, les mêmes tendances se retrouvent sous DirectX 12. Entre une RTX 2080 Ti et une GTX 1080 Ti, l'écart de performances est de +13% en 1080p, +19% en 1440p, et +31% en 2160p, à l'avantage du GPU Turing évidemment. Le second duel (2080 vs 1080 Ti) donne également Turing vainqueur, avec un +2 à +5% global, quel que soit la configuration d'affichage. Seconde observation : même si ces chiffres restent très bons, on ne peut que constater que l'on se situe en dessous des gains intergénérationnels auxquels nous étions habitués. Si l'on se réfère aux données de nos confrères du site Hardware.fr, la GTX 980 Ti avait offert en termes de performances vidéoludiques un bonus de près de 50% par rapport à la GTX 780 Ti, alors que 30% séparaient les modèles GTX 780 et GTX 980. Quelques années plus tard, c'était au tour de la GTX 1080 de monter encore les valeurs de frame rate de 70% par rapport à une GTX 980. Un écart que l'on retrouvait aussi entre une GTX 980 Ti et une GTX 1080 Ti. Avec ces chiffres en tête, l'avancée de la génération Turing paraît pour le moins mesurée, d'autant plus que les prix de lancement, eux, subissent une envolée assez nette.

Dès lors, difficile pour le consommateur de ne pas imaginer qu'il fait les frais d'un manque flagrant de concurrence, et pourtant, ce ne sera sans doute pas le cas. Répétons-le : les chiffres que nous venons d'égrener ne reflète qu'une partie des possibilités de la génération Turing. Reste que cela va créer une pression supplémentaire vis-à-vis des nouvelles fonctionnalités basées sur l'IA ou le ray tracing, dont l'exploitation généralisée n'a pas trop intérêt à se faire attendre.

Concluons ce volet performances 3D classiques en nous attardant sur les fréquences de fonctionnement. Les précédents modèles de cartes GeForce, équipés de système blower, devaient faire avec une enveloppe thermique relativement contraignante, qui les empêchaient parfois de maintenir leurs vitesses optimales. Cela se traduisait par une première fréquence maximale, le temps de la montée en chauffe du GPU, et lorsque ce dernier arrivait en limite de consigne (autour de 85°C), la fréquence se stabilisait à un niveau inférieur afin de le soulager. Sur les RTX 2080 Ti, on retrouve peu ou prou cette même tendance, avec une fréquence pour notre exemplaire de test qui oscillait entre 1650 et 1750 MHz. Cela nous laisse penser que le die du nouveau fer de lance NVIDIA reste compliqué à refroidir, et cela explique peut être la décision de faire évoluer le système de refroidissement qui lui était associé. A contrario, les 2070 et 2080, semblent beaucoup plus à l'aise vis-à-vis de leurs enveloppes thermiques respectives et de leurs fréquences de fonctionnement, avec des valeurs plus stables, plus resserrées : nous observons une moyenne de 1888 MHz en charge sur la RTX 2080, et 1685 MHz sur la RTX 2070.

Habituellement, nous cloturions le chapitre performances 3D sur ces chiffres, mais les GeForce RTX ne limitent plus leur possibilités à des schéma de mesure traditionnels. Il faut maintenant compter avec le rendu ray tracing, qui sera d'ailleurs l'objet de la suite de ce dossier.