Disons les choses clairement : en matière de synchronisation verticale, tout ou presque a été fait. Comprenez par là que pour peu que vous ayez suffisamment d’argent pour vous les payer, les technologies existent aujourd’hui pour s’affranchir complètement des soucis liés à la synchronisation GPU / écran. Pour les nouvelles versions de FreeSync et G-Sync, AMD et NVIDIA sont donc allés chercher les améliorations ailleurs, du côté de la HDR.

Le support du rendu HDR, voilà finalement la principale innovation au menu des nouveaux G-Sync et FreeSync… S’agissant de l’aspect purement FRV, rien ne change, excepté peut être du côté d’AMD. Jusqu’à présent, la mention FreeSync sur un écran ne garantissait pas le support du système de compensation que nous évoquions dans le cadre d’un framerate bas. Avec FreeSync HDR, l’intégration de cette fonctionnalité particulière sera systématique. On note en revanche que les plages de fonctionnement des deux modèles de FRV seront toujours définies selon les mêmes recettes : chez NVIDIA, on assurera une limite basse à 30Hz, et une limite haute qui dépendra de la qualité de la dalle LCD, pour un minimum de 60 Hz. Côté AMD, c’est le fabricant de moniteurs qui restera libre dans sa prise en charge de la FRV. Si l’on prend en exemple les 3 écrans Samsung FreeSync 2 mentionnés sur la page support d’AMD au moment où nous rédigeons ces lignes, ils sont capables d’ajuster leur fréquence entre 48 et 144Hz… C’est déjà bien, mais cela implique le passage à une technique de compensation sous les 48 Hz, là où G-Sync maintient sa FRV jusqu’à 30 Hz. Cette différence d’approche est importante, entre un AMD qui laisse une certaine marge de manœuvre à ses partenaires, afin de pouvoir offrir un support FRV plus large, et un NVIDIA qui préfère verrouiller ses standards, de manière à garantir une expérience unifiée, car on va la retrouver dans le support de la technologie HDR.

Lorsqu'il est bien fait, la plus-value offerte par le rendu HDR est indéniable

Commençons par détailler le support HDR selon FreeSync. AMD a bien entendu créé un cadre technique destiné à définir la qualité du rendu : une couverture de l’espace colorimétrique et une luminosité perçue doublée par rapport au sRGB, par exemple. Mais globalement, ces spécifications laissent une bonne marge de manœuvre aux partenaires quant aux moyens technologiques à mettre en œuvre pour gérer l’affichage HDR. Or, nous l’avions constaté lorsque nous nous étions attaqués à la question du support HDR sur les télévisions l’année dernière : tous les rendus HDR ne se valent pas, et il est probable que l’on retrouve cette disparité sur les moniteurs FreeSync HDR, selon les technologies intégrées et les tarifs visés.

Parallèlement, il faut signaler qu’AMD a travaillé sur une fonctionnalité intéressante : la première vise à simplifier les opérations dites de Tone Mapping, qui caractérisent aujourd’hui les échanges entre GPU et moniteurs HDR. Plus précisément, il se trouve qu’un GPU calcule une image HDR selon certaines caractéristiques. Or, ces caractéristiques ne sont pas forcément (jamais, en fait) celles qu’attend le moteur de jeu. Ce dernier va donc lui appliquer un premier filtre de conversion, avant qu’elle ne soit transmise à l’écran. Ecran qui lui aussi, dispose de sa propre définition de ce que doit être une image HDR. Et hop… Nous voilà repartis pour une seconde phase de conversion. Le problème de cette procédure, c’est qu’elle implique un délai de traitement supplémentaire par rapport à l’affichage d’une image SDR classique. Un délai certes court, mais qui pourrait jouer sur l’input lag et gêner les joueurs PC sensibles à cet aspect.

Avec FreeSync HDR, AMD entend bien solutionner ce problème en assurant une communication plus pertinente entre les pilotes du GPU et l’écran. Concrètement, ce dernier va transmettre aux pilotes ses caractéristiques d’affichage en matière de rendu HDR, pilotes qui les mettront alors à disposition du moteur de jeu, lequel aura tout le loisir de proposer une image HDR native. L’idée est plutôt bien vue, mais (car il y a toujours un mais) si vous avez lu avec attention notre description, vous entrevoyez déjà surement le hic : encore faut-il que les développeurs intègrent ce process à leur jeu… AMD argue que l’opération sera très simple, mais dans un monde où le coût de production des jeux ne cesse d’enfler et où chaque ressource de développement doit être rentabilisée, cet aspect risque de représenter un vrai frein à l’adoption.

Du côté de NVIDIA, maintenant, force est de constater que l’effort a été mis sur le niveau de spécifications attendues des écrans, de manière à garantir une expérience HDR à la fois optimale et unifiée. Ainsi, si un constructeur veut bénéficier de la précieuse appellation G-Sync HDR sur l'un de ses moniteurs, il devra se conformer au standard HDR10, qui n’est pas le moins exigeant du marché : il implique un encodage des couleurs sur 10 bits, la couverture de 90% de l’espace colorimétrique DCI-P3 RGB, et une capacité à atteindre un pic de luminosité minimum de 1000 nits. Et pour recouper ces spécifications, Acer et Asus, les deux partenaires G-Sync HDR pour le moment, ont dû mettre les petits plats dans les grands : les modèles Predator X27 et Swift PG27UQ sont donc des écrans 27 pouces, 4K, 144 Hz, et disposant d’un rétroéclairage Full Local Dimming sur 384 zones. À titre de comparaison, l’écran FreeSync 2 que nous avions en prêt, le Samsung C49HG90, proposait « simplement » un rétroéclairage Edge LED, constitué de deux barres latérales.

Le parti pris prôné par NVIDIA est donc élitiste et il aura bien évidemment un coût, estimé à plus de 2000€, selon les dernières rumeurs. Comme nous le disions un peu plus haut, FreeSync HDR et G-Sync HDR restent de ce point de vue fidèles à leurs philosophies originelles : l’un vise l’ouverture au marché, tandis que l’autre se focalise sur une expérience sans concession, mais moins abordable (et particulièrement dans le cas présent). Laquelle de ces deux approches sera gagnante ? Faute de combattants, nous ne pourrons pas répondre à cette question avec la précision que nous souhaiterions : nous n’avons eu droit qu’à quelques démonstrations cadrées côté NVIDIA, et à un seul moniteur FreeSync 2 côté AMD. Toutefois, ces expériences ont déjà permis d’identifier quelques points intéressants, sur la difficulté de mettre en place le support HDR sur PC, par exemple.