Alors qu’elle est déjà disponible depuis près d’un an outre-atlantique, la manette modulaire C40 TR d’Astro Gaming débarque enfin dans nos contrées européennes pour offrir aux joueurs PlayStation 4 le choix du placement des sticks, en symétrique comme en asymétrique, presque à la volée. Sans concession sur la plupart de ses caractéristiques, elle se place naturellement à un niveau de prix élevé, aux alentours de 200 €. Un tarif qui, sur certains points, reste tout de même difficile à défendre.

Nous ne reviendrons pas sur le bien fondé ou non de fabriquer des manettes qui, à leur sortie, sont entre 2 et 4 fois plus chères que celles fournies de base avec les consoles. Non, ce genre d’accessoire ne s’adresse pas à tout le monde. Non, le rapport qualité prix n’est jamais équivalent à celui des DualShock 4 et manettes pour Xbox One . Mais oui, il y a un public pour ces modèles, que ce soit pour des raisons purement techniques, de performance, ou simplement pour l’attrait du bel objet. Aussi parce que sur le papier, cette C40 TR arrive avec une promesse intéressante : celle d’offrir au joueur la possibilité de switcher entre deux ergonomies, l’une avec les sticks analogiques symétriques façon PlayStation et l’autre avec les sticks asymétriques façon Xbox. Et qu’en plus de cette promesse, il y a tout un tas d’ajouts et de petites attentions qui justifient le positionnement premium : chapeaux de sticks interchangeables, gâchettes avec limitation de courbe, boutons supplémentaires, mémoires de presets, logiciel de contrôle et pochette de transport. Tout ça avec quasiment toutes les fonctions d’une manette PlayStation 4, vibrations, pavé tactile, haut parleur, prise casque et mode filaire, les seules manquant à l’appel étant la détection de mouvements et le Bluetooth ici remplacé par une liaison sans fil propriétaire.

Cette liaison sans fil à 2,4 Ghz offre une portée constatée de 7 à 8mètres et ne souffre d’aucune interférence avec les différentes manettes que nous lui avons mis en face. C’est là tout l’avantage de ne pas passer par le Bluetooth, beaucoup moins fiable dès que l’on cumule les appareils. Simplement, il faut accepter d’avoir à trimballer un dongle d’un port USB à l’autre quand on change de plateforme, la manette étant compatible PlayStation 4, mais aussi Windows, MacOs, Linux et Android. Et en cas de panne de batterie, laquelle propose tout de même une large dizaine d’heure d’autonomie, il reste le mode filaire avec un câble tressé mais limité à seulement 1,80 mètres. Peu adapté au jeu depuis le canapé donc.

Et puis pour ceux qui auraient la bonne idée d’aller chercher un cordon plus long au fond du tiroir, Astro Gaming dit simplement non. Car le connecteur micro-USB standard s’enfonce dans la carcasse de la manette avec un trou trapézoïdal que vous n’avez aucune chance de trouver ailleurs. Quelle mauvaise idée. On appréciera cependant que la charge et la connection filaire soient deux choses bien distinctes pour cette A40 qui peut donc se charger sur un port USB différent de la plateforme jouée, et ce grâce à un petit sélecteur rouge situé à l’arrière pour sélectionner le mode de connexion.

La prise en main de cette C40 TR est excellente. Si elle n’atteint pas le niveau de confort d’une Nacon Revolution Unlimited ou d’une Thrustmaster eSwap , elle se montre aussi plus agile, plus maniable, grâce à des poignées légèrement plus fines et au renfoncement moins marqué. Surtout, elle s’adapte plus facilement aux petites mains et reste donc jouable par des enfants. Et puis, évidemment, sa construction modulaire lui permet d’offrir une ergonomie adaptable aux goûts de chacun ou au type de jeu en cours. C’est d’ailleurs là le principal argument de la manette et une vraie réussite une fois que l’on a les contrôles sous les doigts, à condition d’accepter d’avoir entre les mains un modèle plutôt lourd, aux alentours de 300 grammes.

Simplement, le changement ne se fait pas à la volée. D’abord, il faut sortir la clé hexagonale fournie de sa housse pour dévisser les 4 points d’accroche de la plaque de face. C’est cette plaque qui maintient les trois modules interchangeables en place, à savoir les deux sticks analogiques et la croix. Ensuite il faut placer les éléments à sa convenance, sachant qu’à l’heure actuelle il n’y a que deux possibilités puisque le stick droit ne peut aller remplacer la croix directionnelle. Il faut d’ailleurs faire attention au sens de chaque élément, les détrompeurs n’étant pas particulièrement évidents. Une fois fait, on remet la plaque et on resserre les vis avant de ranger l’outil. Temps total : une bonne minute. Rien de bien méchant, mais on est assez loin des 5 à 10 secondes sans outil que propose la manette eSwap de Thrustmaster. Et puis l’opération demande une bonne attention pour éviter de casser le matériel.

La manette C40 TR ajoute aux possibilités de personnalisation le changement des chapeaux de stick. 4 modèles alternatifs sont d’ailleurs inclus dans la boîte. De quoi choisir entre une tête concave ou convexe et entre un stick long ou court. Mais là encore, on butte sur la difficulté pour passer d’un modèle à l’autre, le retrait d’un chapeau demandant de tirer sacrément fort sur le stick, au point que sa boule de rotation se décale de deux millimètres avant que le chapeau ne se détache. Pas très rassurant sur la pérennité du système, surtout que nous avons nous même subi une casse d’un des sticks lors de nos manipulations.

Autre possibilité indiquée dans la notice, celle de remplacer la surface de la croix directionnelle. Même si Astro ne fournit pour le moment pas de modèle alternatif, nous avons constaté la faiblesse des plastiques qui soutiennent cet élément, au point de rendre notre manette inutilisable après seulement trois opérations de retrait de la croix. Pas rassurant du tout. On préfère largement la proposition de Microsoft avec sa manette Elite 2, laquelle maintien ces pièces avec des aimants.

Côté contrôles, nous commencerons par applaudir la qualité des palettes additionnelles, sous la manette, qui sont parmi les plus pratiques que nous ayons rencontrées. Elles ont certes le défaut de n’être que deux, là où une Elite en propose quatre, mais leur placement, leur taille et leur réponse sont parfaitement adaptés à la fonction qu’on leur demande et sont surtout utilisables tant avec le majeur qu’avec l'annulaire, de sorte qu’on ait le choix de gérer les boutons de tranche et palettes à un ou deux doigts.

Par contre, si les boutons de tranche sont plutôt agréables et efficaces avec un rebond rapide, ils se montrent un peu trop en relief par rapport aux gâchettes, de telle sorte que le doigt soit obligé de se décaler pour passer de l’un à l’autre. Les gâchettes, quant à elles, manquent vraiment de ressort, tant à la résistance quand on appui, qu’au rebond quand on relâche. En clair, elles sont molles et manquent de précision. Equipées d’un limiteur physique de l’angle d’appui, comme bon nombre de modèles premium désormais, elles n’offrent pas une sensation, ni une cadence de tir à la hauteur de nos attentes. Loin de là.

Les boutons de façade, siglés des symboles PlayStation, font eux aussi partie de la déception. Trop hauts, trop de pression minimale pour les activer et trop mous au retour, ils sont en plus assez marqués au niveau du relief, et donc assez peu agréables au toucher. Ce n’est pas au niveau de confort des productions actuelles de Nacon, Microsoft ou Sony, et clairement pas aussi efficace que les boutons de chez Thrustmaster ou Razer. Dommage de ne pas leur avoir donné le même type de contacteurs secs que les boutons Option, Share et PlayStation qui eux, malgré leur petite taille, pourraient offrir une bonne cadence d’appui.

La croix directionnelle est plutôt agréable à manier, avec des directions bien marquées. On reprochera simplement au revêtement d’être un peu trop glissant ce qui, dans certaines situations, peut amener de l’imprécision. Les joysticks quant à eux sont assez classiques, souples et rapides, avec une tige épaisse qui limite un peu l’angle des mouvements. Leur grip, sans être exceptionnel, correspond à peu près au niveau qu’offre une DualShock 4 ou une Revolution Unlimited, c’est à dire aussi un cran en dessous des manettes de Microsoft, quel que soit le chapeau choisi.

La partie logicielle proposée par Astro Gaming est remarquable par sa clarté malgré la profusion de fonctions, et nous apprécions de pouvoir la retrouver sur PC Windows ou Mac. On y trouve d’entrée une gestion des profils qui permet de stocker et nommer ses réglages, mais aussi d’en synchroniser 2 à l’intérieur de la manette afin de pouvoir les utiliser sur toutes les plateformes. Remapping intégral, courbe des joysticks et des gâchettes, il y a même un réglage fin de chaque moteur de vibrations. C’est quasiment au niveau de l’interface des Xbox Elite 2 ou des Thrustmaster eSwap.

Sauf que le fabricant, plus connu pour ses casques que pour ses manettes, y a intégré un peu de son savoir faire en la matière avec un égaliseur 5 bandes pour la sortie casque, le réglage du volume du micro comme du haut parleur intégré, mais aussi un contrôle fin du retour de sa propre voix dans le casque. Du grand art tel qu’on aimerait le voir se démocratiser sur toutes les manettes. Seul point négatif de tout ça : ces réglages ne sont pas accessibles lorsque l’on joue sur PlayStation 4 et un mauvais paramètre de départ implique de devoir rebrancher la manette en filaire à un PC pour pouvoir le modifier.

Au final, notre avis sur la C40 TR est très mitigé. De prime abord, la manette fait une belle impression. Des plastiques qui semblent de qualité, une belle finition, des fonctions premiums, ainsi qu’une gestion modulaire des sticks comme de la croix directionnelle. Tout ça était porteur de beaucoup d’espoirs. Sauf que la manette se rate sur plusieurs points essentiels. Déjà, un an après sa sortie aux USA, on ne comprend toujours pas l’intérêt d’offrir la modularité aux deux sticks, quand un seul peut s’inverser avec la croix. Pour le coup, la proposition est moins limpide que chez Thrustmaster, avec aussi des manipulations beaucoup plus longues. Ensuite, c’est la qualité même de certains contrôles qui est mise en cause. Gâchettes, boutons et croix directionnelle ne sont pas au niveau de la concurrence, avec même de notre côté des points de fragilité qui sont plutôt inquiétant pour la durabilité du contrôleur. La C40 TR passe donc à nos yeux à côté de son destin, et son prix beaucoup trop élevé termine de l’enterrer face à un marché qui se montre de plus en plus exigeant.