

Spécifications | |
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Compatibilité | Windows, Mac Os X, Linux (Steam OS), Android |
Type de connexion | Sans fil propriétaire, Bluetooth, Filaire en USB |
Boutons d’action | 4 + 6 |
Sticks analogiques | 1 |
Croix directionnelle | Non |
Vibrations | Haptiques |
Détection de mouvements | Gyroscope |
Batterie | 2 piles type AA |
Poids | 140g |
Septembre 2013... Valve s’apprête à secouer le monde du jeu vidéo avec trois annonces. Les Steam Machines, des PC compacts pour remplacer vos consoles de salon, le Steam OS, un système d’exploitation libre et dédié au jeu, et enfin le Steam Controller, une manette d’un genre nouveau, prête à envoyer votre combo clavier souris au placard. Cinq ans plus, le bilan est un peu amer : les Steam Machines n’ont jamais vraiment percé, tandis que SteamOS ne reste utilisé que de manière très marginale. Quant au Steam Controller, dont nous vous délivrons le test aujourd’hui, il n’a pas eu le succès escompté. Malédiction, avant-garde incomprise ou errances techniques ? Ce n’est que manette en main que la réponse surgira.

En première approche, difficile de ne pas se montrer critique devant le Steam controller. Bien sûr, nous ne nous contenterons pas d’un simple à priori pour juger des qualités et défauts de cet accessoire de jeu, mais force est d'avouer que la disposition atypique de ses éléments, ou ses deux gros pavés tactiles sous lesquels on a l’habitude de retrouver nos contrôles classiques, ne font pas vraiment rêver. Tout comme ces 4 tout petits boutons qui semblent être coincés à l’intérieur du contrôleur, ou cette ligne générale, concave, quand la quasi-totalité des manettes nous la joue convexe. Oui, ces choix auront tendance à plonger les joueurs habitués à des périphériques traditionnels dans une certaine perplexité, et l’expérience montrera malheureusement qu'il sera difficile de se détacher de cette première impression en demi-teinte.

Il faut dire qu'avec son gamepad, Valve s’est attaqué à un défi des plus difficiles, à savoir mettre entre nos mains un contrôleur qui unifie les modes “manette” et “clavier-souris”, un contrôleur capable de gérer aussi facilement une mire qu’un pointeur, un déplacement en direct ou un glisser-déposer. Tout ça sans que le jeu en question n’ait forcément prévu d’être géré de cette nouvelle manière. Ce sera d'ailleurs là tout le rôle des deux grands pavés tactiles, auxquels nous faisions référence plus haut.

Dans les faits, ça fonctionne. Avec un peu d’habitude et d'entrainement, c’est même presque convaincant puisqu’il est effectivement “possible” de pratiquer le RTS ou le jeu de gestion depuis son canapé. Sauf que ça reste systématiquement inférieur à n’importe quel mulot moderne. Le pointage en lui-même, celui qui permet d’être précis dans les jeux de tir, n’est pas en soi un problème, le gain par rapport à un stick étant tout à fait réel (bien qu’assez faible, notez bien). Mais dès qu’il s’agit de glisser-déposer, de sélectionner une zone, d’utiliser simultanément le clic principal (que l’on mettra sur une gâchette en général) et un déplacement, ça devient beaucoup plus complexe à appréhender … et surtout à apprécier. Enfin, vous noterez qu’il n’y a pas de molette, donc pas de sélecteur d’arme rapide, de gestion du zoom efficace ou simplement de défilement dans les menus. Il est toujours possible de placer ce type de fonction sur un duo de boutons voir sur le stick analogique gauche, mais dans tous les cas on y perd vraiment.


On note aussi que ces deux pavés possèdent 4 points de clic. Un peu comme des croix directionnelles, mais juste un peu. Il ne sera en effet pas possible de les utiliser pour contrôler un personnage ou n’importe quelle action demandant plus que de la sélection dans des menus tant le toucher est dur et le ressenti de la direction appliquée quasi nul. Heureusement, Valve a intégré à sa manette un stick analogique gauche, tout à fait comparable en qualité à ceux que l’on trouve sur la manette de la Xbox One S ou sur DualShock 4, si ce n’est sa forme convexe. Avec sa bosse très légèrement rugueuse et sa collerette texturée, l’accroche est plutôt bonne, mais reste inférieure à ce que propose la manette de Microsoft. Surtout, la résistance de ce stick se place parmi les plus élevées ce qui d’une part accroît la précision, bon point, mais d’autre part augmente le risque de décrochage du pouce. Enfin, nous pointerons tout particulièrement le placement de ce contrôle, très à l’intérieur, pour une position de jeu bien peu confortable à la longue.

Il en va d’ailleurs de même pour les boutons, qui confirment nos inquiétudes d’introduction. 30% plus petits que ceux d’une manette Xbox One S, ils sont aussi plus rapprochés et, à l’instar du stick analogique, placés très à l’intérieur. Même avec des mains plutôt grandes, difficile d’atteindre les touches X et Y. Difficile aussi d’appuyer régulièrement sur B sans voir de temps en temps le pavé tactile de droite prendre ce petit contact pour un ordre de commande. Et si la forme concave des poignées se montre plutôt convaincante pour offrir à nos pouces un angle adapté aux pavés tactiles, il n’en va de même pour l’accès à ces boutons, beaucoup trop en contrebas de la paume de la main.


Le Steam Controller ajoute à sa panoplie trois contrôles supplémentaires par main. Deux boutons de tranche aux clics secs et rapides, deux gâchettes avec un clic en profondeur, et deux palettes sous la manette. Mais là encore, le design de l’ensemble nous semble approximatif, avec une ergonomie plutôt vaseuse. Déjà, difficile d’actionner les boutons de tranche régulièrement sans venir titiller les gâchettes, la faute à une forme arrondie et un revêtement trop lisse qui laisse glisser l’index. Côté gâchettes, on regrettera leur faible profondeur même si le clic supplémentaire, en profondeur, permet de gérer sereinement les jeux ne prenant pas en compte l’analogique. Enfin les palettes sont plutôt agréables et bien larges, bien que trop dures au déclenchement. L’ensemble étant de surcroît non sérigraphié et surtout bruyant, avec une forte résonnance métallique et des vibrations du plastique ressenties dans toute la manette, à chaque activation.



Car il faut aussi le signaler, la qualité de fabrication n’est pas non plus le point fort de cette manette. Si les ajustements ne sont pas particulièrement choquants, bien que la jointure entre les deux parties principales soit un peu épaisse au goût de nos paumes, c’est surtout sur la qualité des plastiques, les textures qui donnent un aspect très jouet et le fait que l’ensemble sonne creux, que notre déception est la plus grande. En clair, le Steam Controller est loin de dégager le même ressenti que ses concurrents chez Sony, Microsoft ou Nintendo. A cela s’ajoute l’absence de batterie, remplacée par deux piles AA, mais surtout l’impossibilité de mettre un kit comme on en trouve pour la Xbox One. Heureusement, la manette fonctionne aussi bien en radio, avec dongle fourni, qu’en Bluetooth et filaire, pour une compatibilité évidemment native tant que Steam est installé sur votre ordinateur, qu’il soit propulsé par Windows, Mac, Linux ou même Android via l’application Steam Link.


C’est d’ailleurs au sein de Steam que l’on trouve l’utilitaire de réglage de la manette, dans les paramètres de contrôleurs de Big Picture d’une part, puis au niveau de chaque jeu. Des réglages qui sont propres à la machine sur laquelle la manette est utilisée, celle-ci n’ayant pas de mémoire de profil. Vous noterez d’ailleurs que les vibrations sont à l’heure de ce test encore en phase de bêta, car assurées par les moteurs haptiques et non des vibreurs conventionnels, pour un résultat inhabituel mais non moins intéressant.

Innovation n’est pas toujours synonyme de réussite et Valve nous le prouve parfaitement avec ce Steam Controller, rempli d’idées nouvelles mais dont la plupart sont soit mal pensées, soit mal exécutées. Ne réussissant jamais à égaler les références de manettes classiques, la faute à une ergonomie bancale et des contrôles peu adaptés, il n’atteint pas non plus son objectif de rendre les jeux “souris-clavier” totalement jouables au pad, en profitant d’un niveau de confort et de performances satisfaisant. Le Steam Controller n’est donc pas la manette qui unifiera les deux mondes … si tant est qu’un tel contrôleur soit réalisable.
- Des pavés tactiles précis
- La double fonction des gachettes
- Un stick précis et maniable
- Vibrations haptiques intéressantes
- Les palettes additionnelles sous la coque
- Fonctionnement radio, Bluetooth et filaire
- Réglages complets directement dans Steam
- Un confort très relatif
- En fonctionnement classique, on est loin du niveau des standard
- La finition n’est pas au optimale, les plastiques sonnent creux
- Le placement des contrôles conventionnels, de moyen à râté
- Les boutons de façade, trop petits
- Les boutons de tranche, trop glissants
- Pas adaptée aux petites mains, déjà que les grandes …
- Fonctionnement à piles, sans kit prévu
En promettant de fournir à ses clients une manette plus polyvalente que jamais, Valve avait placé la barre très haut... Un peu trop sans doute, et à vouloir s'éparpiller en essayant de supporter au mieux tous les styles de gameplay, le Steam Controller finit par ne statisfaire personne. Loin d'être aussi précis et fonctionnel qu'un pad Xbox One, et pas toujours à l'aise sur les jeux "clavier-souris", le périphérique de Valve restera un rendez-vous manqué, porté par quelques idées nouvelles dont la plupart sont soit mal pensées, soit mal exécutées.
