Contrairement au modèle i7-7740X dont nous venons de parler, et qui ne sera qu’une reprise du Core i7-7700K existant, la puce i9-7900X a plus d’un argument à faire valoir, à commencer par son nombre de cœurs actifs.
Clairement, Intel a décidé qu’il ne perdrait pas la guerre des cœurs après que son concurrent ait dégainé sa gamme Ryzen, et c’est tout à fait dans cette perspective que se positionne ce modèle i9-7900X, ainsi que toute la gamme Skylake-X d’une manière générale. Notre i9-7900X fait ainsi reposer sa puissance de calcul sur 10 cœurs physiques, capables de traiter 20 threads en parallèle. Pour mémoire, les Ryzen 7 d’AMD doivent se contenter de 8 cœurs, tandis que les puces de la gamme Threadripper affichent 12 ou 16 coeurs.
Également et toujours concernant notre Core i9-7900X, on note que les fréquences de fonctionnement qui lui sont appliquées connaissent une hausse sensible par rapport à ce qu'offrait la gamme Broadwell-E, une hausse qui va toutefois dépendre du nombre de cœurs sollicités : sur un ou deux cœurs, la fréquence pourra ainsi monter à 4,3 GHz. Sur 3 ou 4 cœurs, elle se limitera à 4,1 GHz. Et si plus de 4 cœurs sont sollicités, la fréquence se stabilisera à 4 GHz.
Plus de cœurs, plus de mégahertz… La nouvelle gamme Skylake-X d’Intel ne se résume heureusement pas à ces simples ajustements. Notre processeur i9-7900X, qui va reposer pour l’essentiel sur une architecture Skylake, va toutefois s’en détacher sur trois points en particulier. Pour commencer, il dispose du support partiel d’un jeu d’instructions baptisé AVX-512. Ensuite, Intel a opéré des modifications importantes sur le dimensionnement de la mémoire cache. Et si sur chaque cœur, la quantité de cache de niveau 1 demeure figée à 32 Ko, le cache L2 passe lui de 256 Ko à 1 Mo, par rapport à Broadwell-E. À l’opposé, le cache de niveau 3 se voit réduit : 1,375 Mo pour chaque cœur, sachant que ce dernier niveau sur Skylake-X est partagé entre tous les cœurs. Par ailleurs, Intel n’a pas seulement modifié le dimensionnement de ses caches, mais également la manière dont ils fonctionnent.
Précédemment, les données du cache L2 étaient systématiquement copiées dans le cache L3. Un compromis qui impose assez logiquement une quantité de cache L3 largement supérieure à celle du cache L2. Désormais, le cache L3 ne se remplira plus des données du cache L2 que lorsque ce dernier les aura modifiées ou éjectées. Au global, ces changements marquent l’arrivée d’une nouvelle forme de compromis, dont il conviendra de mesurer la pertinence : celle d’offrir plus de chances au système de trouver les données dans le cache L2, par essence plus rapide, au prix toutefois d’une latence plus importante, conséquence de l’augmentation de la taille de ce même cache.
Enfin, dernier élément qu’il convient de souligner concernant cette puce i9-7900X et la gamme Skylake-X plus généralement : la manière dont les cœurs sont connectés entre eux. Sur les générations précédentes, Intel utilisait une structure d’interconnexion baptisée Ring. Très schématiquement, chaque cœur était alors relié à deux autres, pour former un circuit fermé chargé de la transmission des données entre tous les cœurs, et vers différents éléments comme les contrôleurs mémoire. Avec Skylake-X, cette organisation disparait pour laisser la place à une structure dite Mesh. Cette dernière reprendra le principe d’un maillage, chaque cœur n’étant alors plus connecté à deux autres unités, mais à quatre. Un principe dont on comprend qu’il offre plus de possibilités de faire transiter plus rapidement une information, mais qui nécessite également une gestion des interconnexions très fines pour demeurer efficace. Au final, entre ce nouveau système d’interconnexion des cœurs, et les modifications apportées aux différents caches mémoire, Intel a-t-il trouvé la formule pour reprendre la main sur AMD et ses Ryzen 7 ? Eh bien comme pour son concurrent, il n’y aura pas vraiment de réponses toute blanche ou toute noire.
Ainsi, sur plusieurs tests applicatifs que nous avons menés, le nouveau Core i9-7900X fait parler les cœurs, et se positionne largement devant les différentes itérations de Ryzen 7, devant notre "bon vieux" i7-6900K, et fait jeu égal avec les threadripper 1920X, son soncurrent le plus direct. Sur plusieurs tests, oui, mais pas sur tous. Sur GeekBench, l’avance est nettement moins évidente, notamment par rapport au modèle 6900K. Et sur notre test de compression (7Zip), c’est même le processeur de la génération précédente qui reprend le dessus. Une situation qui n’est pas sans rappeler celle que nous avions observée quelques mois plutôt, lors du lancement des Ryzen 7.
Et les similitudes de résultats avec les puces AMD ne vont pas s’arrêter là : lorsque l’on s’intéresse aux applications vidéoludiques, on constate un net recul des performances sur notre configuration équipée en i9-7900X, par rapport à une machine embarquant un i7-7740X ou un i7-7700K. Certes, la perte de performances que l’on constate est moindre que celle que nous avions mesurée lors de notre test des Ryzen 7. Mais le Core i9-7900X embarque plus de cœurs et coute près de 1200€. Il serait dès lors intéressant de comparer les Ryzen 7 au modèle i9-7820X qui embarque seulement 8 coeurs, ou notre Core i9-7900X au futur Ryzen Threadripper, qui devrait être proposé autour de 1000€.
Quoi qu’il en soit, une chose paraît évidente : si vous êtes un pur joueur, passez votre chemin. La nouvelle gamme i9 Skylake-X n’est clairement pas pour vous, et les i7 7700K ou 8700K restent des processeurs de référence pour ce qui est de la course aux FPS. Si vous êtes joueurs et streamers en revanche, les choses ne sont plus aussi tranchées. Entre sa fréquence élevée et ses 10 cœurs, le Core i9-7900X a plus que des dispositions pour gérer un encodage en parallèle d’une session de jeu. D’ailleurs, tandis que le CPU Ryzen 7 1800X avait failli à nous offrir un flux de stream propre et fluide sur The Division et Watch Dogs 2, le Core i9-7900X s’est acquittée de ces tâches sans aucun problème, et en avait même encore probablement sous le pied. Malgré tout, le gain pourra à juste titre paraître faible, s'il est ramené au cout total de la plateforme (une puce à 1000€ et une carte mère à 260€ au minimum), et par rapport à une concurrence aujourd'hui deux fois moins onéreuse. D'autant plus que chez AMD, le processeur Threadripper d'AMDest arrivé avec 16 coeurs, et avec un cout sensiblement identique.
EVALUATION DES PERFORMANCES CPU EN STREAMING
720p / 60 FPS / x264 / birate max = "4000" / preset d'encodage = "Slow"
Ryzen 7 1800X | Ryzen 7 1700 | Core i7 6900K | Core i7 7700K | Ryzen 5 1600X | Ryzen 5 1500X | Core i7 7900X | |
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The Witcher 3 | |||||||
Battlefield 1 | |||||||
Watch Dogs 2 | |||||||
Rise of the Tomb Raider | |||||||
The Division |
(Remarque : La qualité de diffusion est notée sur une échelle à 4 niveaux : rouge, orange, vert clair et vert foncé. La couleur rouge correspond à un stream entrecoupé de nombreuses déconnexions et pertes de frame, tandis qu'une couleur vert foncé indiquera une diffusion parfaite)
Terminons avec un mot sur l’overclocking : le potentiel sur ce point sera tout à fait appréciable, puisque nous avons pu monter 4,6 GHz sans problèmes. On notera toutefois qu’il faudra se doter d’une solide alimentation et d’un système de refroidissement efficace : la consommation du processeur augmente très vite avec les MHz, de même que la température oscillait entre 80°C et 85°C, malgré notre système watercoolé Corsair H110i.