C'est en 2002 que Hollywood s'empare de la franchise Resident Evil afin de l’adapter de façon plus ou moins lointaine tout en surfant sur la vague du «zombie movie» qui ne semble pas prête de s'arrêter. 15 ans plus tard, la saga, décriée mais rentable, est toujours là. Et si on imagine déjà que Resident Evil : Chapitre Final sera aussi «final» qu'un Vendredi 13 : Chapitre Final, on peut au moins entrevoir la possibilité de retrouver (avec enthousiasme ou crainte) cet univers sans l'homme derrière cet ultime échantillon pelliculaire, Paul W. S. Anderson. A la vue du résultat de cet énième Resident cinématographique, on serait tenté de dire que ce n'est pas vraiment un mal.
S'intégrant directement dans le prolongement de Resident Evil : Retribution, Chapitre Final met une nouvelle fois la dénommée Alice évoluant cette fois dans un décor post apocalyptique quasiment vidé de tout être humain. Sa mission (qu'elle a visiblement décidée d'accepter sans broncher) est de revenir sur les lieux où tout a commencé : Raccoon City. Son but ? Se battre contre Umbrella qui n'a rien trouvé de mieux que de mener l'assaut final contre les derniers survivants de l'apocalypse.
Quand un film s'émancipe définitivement du matériau de base
Ironiquement, si ce sixième long-métrage de la série entend revenir aux racines de la saga filmique, il s'avère finalement le film le plus éloigné de son matériau de base (le jeu vidéo) en cela que ses influences sont davantage à chercher du côté de World War Z que de La Nuit des Morts Vivants. Tout l'inverse de Resident Evil VII qui de son côté cherche coûte que coûte à créer l'effroi en revenant aux fondements mêmes de la franchise créée par Shinji Mikami.
Si l'orientation de Chapitre Final n'est donc pas vraiment surprenante vu le passif de la série, on se retrouve malgré tout face à un joyeux foutoir synonyme de scènes d'action toujours plus «WTF» voyant entre autres Alice affronter une gigantesque créature ailée à grand coup de... SUV ou bien encore des hordes de zombies à l'intérieur d'un véhicule militaire surarmé semblant issu du film Death Race dont Paul W.S Anderson avait par ailleurs réalisé un remake en 2008. Rajoutez à tout ça la milice d'Umbrella afin que Milla Jojovich puisse envoyer quelques high kicks à intervalles réguliers et vous obtenez un film d'action dont le fil rouge totalement idiot rend la quête d'Alice plus improbable que jamais.
On se rend d'ailleurs compte que si le scénario minimaliste des précédents opus n'était en soit pas un véritable frein à la progression de l'intrigue, celui de cet épisode plus ambitieux le dessert complètement dans le sens où les révélations, pas vraiment raccord avec ce qui avait été dit dans le premier volet, font davantage sourire que frémir tant l'objectif d'Umbrella semble ridicule dans sa finalité saupoudrée de références religieuses.
Paul W.S Anderson en roue libre
Si le constat aurait pu être amusant, c'est loin d'être le cas tant Anderson semble vouloir à tout pris clore l'histoire d'Alice en dépit de tout respect vis à vis des jeux auxquels il reprend quelques créatures vaguement inspirées de ce qu'on a pu voir dans Resident Evil 5 ou 6. Mais le plus embêtant n'est même pas que le réalisateur ait décidé de mettre un terme à la saga qu'il a initié en essayant d'offrir un lendemain meilleur à son héroïne mais bel et bien qu'il le fasse en dépit de tout bon sens. Du coup, autant le fan de Resident Evil que le simple spectateur venu se divertir en subira les conséquences.
En effet, si on accepte que l'univers cinématographique de Resident Evil soit éloigné de celui du jeu, il est difficile de comprendre pourquoi Anderson s'est évertué (hormis sous couvert de fan service lambda) lors des deux derniers films à intégrer autant de personnages iconiques (Claire, Chris, Jill Valentine, Ada Wong) si c'est pour les délaisser purement et simplement ou les broyer scénaristiquement parlant dans ce Chapitre Final. En effet, outre une Claire Redfield plus fade que jamais et un Wesker dont le traitement est à pleurer (tant dans son temps d'apparition que dans le sort que le réalisateur lui réserve), on sent à chaque minute que l'ami Paulo a simplement cherché à mettre en avant les personnages inédits en la personne d'Alice bien sûr mais aussi et surtout du Dr. Alexander Isaacs, âme damnée d'Umbrella et commanditaire d'un plan planifié de longue date.
Le hic est que la façon de faire de Paul W. S. Anderson est grossière, à l'image de sa réalisation, extrêmement brouillonne, hachée et quasi incompréhensible les ¾ du temps à cause d'une action constamment plongée dans le noir. Et ce ne sont pas quelques beaux plans crépusculaires et idées visuelles qui viendront sauver l'ensemble. Décevant de la part de celui qui nous avait offert le chouette Event Horizon et le mésestimé Alien Vs Predator.
Si on était donc en droit d'attendre un long-métrage dans la veine des précédents (peu respectueux du jeu original de Capcom mais finalement très regardables), on se retrouve face à un ersatz de film de zombies constamment perdu entre un équilibre qu'il ne trouve jamais, des références mal digérées et une histoire qui aurait méritée bien plus de cohérence pour conclure convenablement la saga.
Triste constat ? Oui et non car Resident Evil : Chapitre Final a au moins le bon goût (involontaire certes) de mettre encore plus en avant Resident Evil VII qui prend le contre-pied total du film en revenant aux sources, en cherchant à tout prix à renouer avec l'horreur via de nouveaux procédés sans pour autant perdre les repaires qui ont jalonnés la saga horrifique. Si on devra attendre le 24 janvier pour savoir si l'alchimie fonctionne, on ne peut que pousser un soupir en jetant un dernier coup d'oeil à ce Chapitre Final qui devrait rapidement trouver sa place dans un bac de blu-ray soldés chez GiFi .