L'Ombre du Mordor fera toutefois date grâce à son principe de hiérarchie mouvante des orcs, capables de grimper dans l'échelle sociale dès lors qu'ils parviennent à tuer un de leurs congénères voire votre héros. En gagnant un nouveau grade, ceux-ci s'offrent même de nouveaux points forts et des résistances à certains styles d'assassinats que vous êtes susceptibles d'employer contre eux : par exemple, si vous avez tenté de liquider un Orc à l'arc et finalement échoué, celui-ci pourrait devenir résistant aux dégâts à distance lors de son passage à un grade supérieur. Un tel système peut même avoir des conséquences narratives insoupçonnées lorsqu'à force de plusieurs échecs répétés face à un même orc, vous devez finalement vous confronter à sa version ultime, un chef de guerre particulièrement difficile à occire.

Plus qu'un simple personnage non joueur, l'adversaire devient alors un véritable ennemi à abattre pour le joueur, frustré d'avoir échoué tant de fois et qui en vient à faire d'un simple combat - contre une intelligence artificielle, de surcroît - une véritable affaire personnelle. Un sentiment appuyé par les petites déclarations de la plèbe Orc qui commente ces mouvements hiérarchiques avec un bagout que ne renierait pas un amateur de magazine people, ou même l'antagoniste lui-même, qui ne manquera pas de se rappeler à votre souvenir en évoquant vos combats passés. Ajoutez à tout ceci la possibilité de prendre le contrôle d'un Orc puis de le faire grimper dans la hiérarchie et vous obtenez un outil particulièrement bien pensé, qui est sans conteste le gros point fort du jeu.

Et pourtant… Le système du Nemesis reste à ce jour sans véritable héritier. On le verra sans doute revenir dans une suite à L'Ombre du Mordor, mais il reste étonnant qu'aucun autre titre n'ait osé reprendre un outil aussi prometteur entre-temps.