YouTubers Life traduit le rêve d’une grande partie de la jeunesse actuelle : devenir gamer professionnel et gagner sa vie en diffusant des vidéos sur YouTube, ou plutôt sur U-Tube comme se nomme la plateforme dans le jeu. On retrouve d’ailleurs constamment des références à la réalité qui permettent d’amarrer la production au socle tangible qu’elle utilise comme cadre.

Loin d’être fini...

Grosso modo, YouTubers Life mixe Game Dev Tycoon et Les Sims. On y gère une personne avec ses besoins (sommaires et réduits à la nourriture et au sommeil) et l’on doit lui faire grimper les échelons jusqu’à ce qu’il atteigne le succès planétaire, à savoir : devenir le numéro 1 de U-Tube sur le secteur choisi. Le titre propose en effet 5 carrières au total, mais seule celle du Gaming est actuellement exploitée dans l’Early Access, étape prévue pour durer 6 mois. La musique, le fitness, la cuisine et la mode seront normalement au programme à la sortie du titre, mais difficile à l’heure actuelle de dire si ces expériences seront complètes et intéressantes lorsque l’on voit les lacunes qui entachent la seule profession actuellement disponible.

Un parfait jeu pop-corn à la durée de vie limitée ?

Youtubers Life est le parfait exemple du tycoon au début très agréable et à la routine rebutante au bout d’une dizaine d’heures. A ce titre, il ferait figure de parfait modèle pour le jeu mobile avec une courbe d’intérêt inhérente au support susmentionné. D’ailleurs, U-Play Online, développeur et éditeur du jeu, est un studio qui produit essentiellement du jeu de management sportif pour mobile et tablette. Le studio se tourne donc désormais vers le PC et s’avère donc « sur le papier » un peu plus ambitieux en matière de durée de vie. En réalité, l’intérêt retombe vite et si l’émerveillement comblera vos premières heures de jeu, l’ennui accompagnera très vite les dernières.

Le but du jeu, vous le connaissez sans doute si vous avez joué aux deux inspirations du titre : incarner un youtuber, gérer sommairement sa vie en tant qu’individu, mais surtout « grimper dans le game », en fabriquant et en diffusant des vidéos basées sur le gaming à l’attention de votre audience grandissante. Gravir les échelons, quitter le nid douillet de "Chez Maman" pour avoir son propre appartement, monter son nombre d’abonnés, se rendre à des événements, collaborer avec les éditeurs, avec d’autres YouTubers, améliorer son matériel, son habitat, sa garde-robe, expérimenter de nouveaux types de vidéos, mais aussi soigner sa communauté, acheter des jeux, rejoindre un network et prospérer : voilà ce que vous propose YouTubers Life. Dit comme ça, ça à l’air follement envoûtant n’est ce pas ? Et à dire vrai, ça l’est, au moins pour les 10 premières heures. Après quoi, on s’enferme dans une routine de production qui ne fait plus tellement sourire, où les noms parodiques singeant les véritables consoles et licences du marché n’arrivent plus à attirer votre attention, et dans lequel les mécaniques de gameplay s’épuisent pour laisser place aux habitudes et à une petite dose de frustration.

Une myriade de détails "logiques" qui font très plaisir !

Mettons nous d'accord, le principe-même du jeu tient sur une illusion : celle de faire des streams et du montage, ce qui représentera 70% de votre activité. A ce niveau là, YouTubers Life arrive à tenir durant un temps ses promesses en vous imposant des ressorts logiques qui détermineront si oui ou non votre vidéo est un bon produit pour YouTube. Vous devrez en effet vous rendre, depuis votre PC virtuel, sur le site parodiant Amazon afin d’acheter un nouveau jeu en vous fiant à sa courbe de popularité et à ses critiques. Après achat, vous aurez tout le loisir de faire des vidéos sur le produit, de l’unboxing aux premières impressions en passant plus tard par le gameplay, la review, le walkthrough, speedrun et autres joyeusetés qui pullulent sur YouTube. Il faudra donc respecter la logique et, par exemple, éviter de produire une review sur un jeu que vous venez tout juste de toucher, sous peine d’avoir à la clé une très mauvaise vidéo, que les commentaires ne manqueront pas de critiquer.

si l’émerveillement comblera vos premières heures de jeu, l’ennui accompagnera très vite les dernières.

En ayant un bon rythme de vie (c'est-à-dire en mangeant régulièrement et en allant vous coucher avant de faire une vidéo), vous obtiendrez des idées, essentielles pour vos enregistrements vidéo. On utilise cette ressource pour « balancer de la punchline » afin de répondre à chaque situation imposée par le stream. C’est là que les premières limites se font sentir. Le faible nombre de « situations » présentées nous sort très vite de l’immersion et l’on en viendra très vite à simplement se fier aux icônes pour profiter d’un bonus en faisant matcher une réponse impliquant par exemple de l’acting et du script avec une situation qui maximise ces deux mêmes compétences. Le but est ici de faire des rushs intéressants pour votre future vidéo montée. La mécanique semble à l’heure actuelle légèrement rouillée et assez aléatoire puisque, très vite, vous n’aurez même plus assez « d’idées » pour conclure vos streams et devrez faire le montage sans même avoir tourné de conclusion, ce qui n’a franchement pas l’air de déranger le public de vos vidéos…

Et là c'est le drame...

Plus tard dans l’histoire, on est invité à collaborer avec d’autres YouTubers qui sont représentés par des PNJ. On fait donc face ici à un système relationnel proche des Sims premiers du nom où l’on va devoir parler (longtemps), jusqu’à débloquer plus d’options et obtenir un rang d’ami suffisant pour pouvoir s’inviter, collaborer sur une vidéo, demander au PNJ de travailler pour nous, et le gérer sommairement pour qu’il produise ses propres vidéos et nous ramène de l’argent et des vues.

Seulement voilà, le jeu est loin d’être parfait et est encore en Early Access. En l’occurrence, on se rend vite compte que le pan du titre mentionné plus haut est très mal exploité à l'heure actuelle. Outre les heures virtuelles passées à discuter avec le PNJ concerné, période ennuyeuse qui n’a rien à envier aux 4 à 5 heures que mettra parfois votre perso pour traverser sa chambre, on notera pas mal de soucis annexes. Bugs, manque de clarté dans les explications, redondance des situations, événements (soirées, conventions, présentations) mal exploités et longuets, gestion du temps chaotique et irréaliste : le jeu a encore du chemin à faire avant d’offrir une expérience premium qui ne soit pas frustrante, et c’est ici très gênant puisque le gros de votre production vidéo doit être assuré par vos subordonnés au bout de quelques heures de jeu.

En effet, le « temps » est un ennemi capital dans YouTubers Life et plus votre maison s’agrandit, plus vous perdrez un temps fou pour faire une vidéo. Rien que le fait de manger, d’aller se coucher, de se déplacer jusqu’à la console et d’aller sur le PC pour le montage représente près d’une journée une fois installé dans votre manoir… A ce rythme, difficile de tenir vos engagements auprès des éditeurs et de vos audiences. La gestion de personnages multiples s’avère donc quasi-obligatoire si l’on veut grimper, et cette dernière est trop hasardeuse à l’heure actuelle pour offrir une expérience pleinement satisfaisante.

Nous avons donc pu dépasser le million d’abonnés, nous faire recruter par un grand network (ce qui nous évite parfois de payer des droits d’auteur sur nos vidéos) et la redondance des missions couplée à cette rigidité dans les relations avec les PNJ nous a tout simplement dissuadé de continuer l’aventure au-delà de la dizaine d’heures. On en garde néanmoins un très bon souvenir, et avons hâte de voir ce que préparent les développeurs de chez U-Play Online pour la suite de l’aventure.