With or without Wii U

Qui dit lancement dit souvent défi logistique, line-up pauvre, SAV des premières instants et parfois, déception des acquéreurs. Ainsi, sur la première année d'activité de la Wii U, Nintendo enchaîne les bourdes et a du mal à trouver son rythme, alors que les consoles « next gen » ne sont même pas encore arrivées… Avec 25 jeux au démarrage de la machine, la Wii U, s'offre surtout des portages de l'ancienne génération, mais aussi quelques titres notables comme Nintendo Land, l'un des seuls jeux avec ZombiU à utiliser pertinemment le Gamepad et ses possibilités de gameplay asymétrique ou innovant.

Côté fonctionnalités, la console n'est pas en reste et affiche un écosystème tout à fait correct avec son Nintendo Network, sa rétrocompatibilité Wii, son spotpass qui permet de télécharger même en veille, son eShop qui propose en ligne des jeux et des oldies. Le Miiverse fait aussi son entrée en service façon « réseau social qui traverse les frontières » et permet aux joueurs de se matérialiser en Mii et de partager dessins, informations d'utilisation software et autres réactions à chaud traduites universellement. Évidemment, les fonctionnalités telles que le chat, la TV (non disponible au lancement), le Web et YouTube sont également incluses dans la formule.

Pourtant, dès son lancement, la Wii U est victime d'une nouvelle erreur : la taille du disque dur est bien trop petite pour la génération. Avec seulement 8 petits gigas d'espace disque et 32 gigas dans la version Deluxe, les utilisateurs Wii U commencent à pester contre une capacité de stockage clairement en deçà de ce que devrait fournir une console nouvelle génération. Les jeux demandent en effet un certain espace de stockage pour les sauvegardes, les données d'installation, les DLC, quand il ne s'agit pas du jeu en lui-même, récupéré via le service en ligne et qui doit ici stocker ses gigas directement sur la console. Plusieurs soucis limitent donc le succès de la console, notamment le gamepad et son autonomie d'à peu près 3H30, l'absence de chat de groupe, les téléchargements de jeux 18+ interdits avant 23h dans un premier temps, ou encore la non prise en compte récurrente du chat audio sur des jeux compétitifs pour éviter que les plus jeunes puissent être importunés et insultés, un souci qui s’avérera plus tard gênant sur des titres comme Splatoon.

Globalement l'accueil est mitigé sur les premiers mois, et la Wii U peine à trouver son rythme de vente, affichant 3 millions d’unités vendues sur son premier mois de commercialisation pour stagner terriblement par la suite et atteindre le 4ème million d'unités vendues en octobre 2013, presqu’un an après son lancement. C'est véritablement à l'été 2013 que Nintendo s'est décidé à rendre plus sexy l'offre de sa console.

Allégée de 50 dollars sur son tarif, et embellie par une ludothèque qui prend un peu de qualité avec Pikmin 3 et surtout Zelda Wind Waker HD, la console commence enfin à décoller fin 2013 pour gagner chaque trimestre un demi-million de nouveaux joueurs jusqu'à l'été 2014. La console grimpa alors progressivement afin d'atteindre en juin 2015 les 10 millions d'unités vendues. Nous verrons d’ailleurs plus tard comment la Wii U a su rectifier le tir d'un lancement en demi-teinte.

Xbox One, sacrifier pour conquérir ?

Côté Xbox One, sur les premiers tests de la console, Microsoft a reçu des louanges concernant l'aspect silencieux et ventilé de sa console qui par son design rappelle pourtant les équipements TV des années 90. Engadget déclare même qu'il s'agit là d' « un design de 1993 sur une technologie de 2013 », pour définir ce que certains trolls qualifient déjà de « magnétoscope Microsoft ». Windows 8 et son interface Metro, boudée par la communauté PC, inspire ici l'ergonomie globale et la navigation interne de la console laisse pantois les critiques qui, côté software, saluent tout de même la présence renforcée de services plus intéressants que sur PS4. Techniquement, la copie est correcte et les titres qui s’annoncent emballent plus les joueurs que celles de la concurrence, un phénomène grandement accentué à l’E3 2014 par la présence d’une exclusivité temporaire sur le très attendu Rise of the Tomb Raider qui affrontera plus tard Nathan Drake pour un duel au sommet « à l’ancienne » entre deux icônes.

D’un point de vue purement technique, les amateurs de guerre des consoles ont très vite remarqué que certains titres de la Xbox One ne tournaient pas en 1080p/60FPS mais plutôt en 720p ou 900p. Et si la différence est quasi-invisible à l’œil nu, elle est toutefois névralgique pour l’affrontement des deux consoles. L’industrie récolte ainsi le fruit de ce qu’elle a semé lors des différents événements où l’importance de la résolution d’affichage passa de simple spécificité technologique à caractéristique clé du produit. Un souci que tente de corriger Microsoft au fil des mois en améliorant la compatibilité des titres mais la bataille semble perdue d’avance : le mot est passé pour le consommateur, la Xbox One « tourne moins bien » que la PS4. Néanmoins, la firme de Redmond souhaite corriger ses erreurs de communication et n’hésite pas à continuer d’amputer son concept initial pour rattraper les pots cassés. Ainsi, c’est Kinect 2.0 qui fut sacrifié 6 mois après la sortie de la console, afin d’être plus compétitif en terme de prix et d’offre faisant ainsi passer la One au prix de la PS4. Ainsi, l'accessoire devient optionnel. Microsoft lâche ici à contre-cœur un concept sur lequel il avait fondé beaucoup d’espoirs et on imagine très vite que les développeurs comprennent ce message de la manière suivante : inutile désormais de développer des jeux Kinect vu que le taux d’équipement par rapport au parc One sera dorénavant limité. En témoigne l'interface Xbox One, jadis optimisée pour le contrôle à la main, et qui dans les dernières versions en date ne dispose même plus de cette fonctionnalité...

Faire mieux que la 360 au Japon

Un peu plus tard en 2014, c’est le Japon que la One vise et Microsoft tient à ne pas reproduire les erreurs du passé. Avec des chiffres de ventes par semaine catastrophiques pour la 360 au pays du soleil levant (quelques centaines d’unités avant l’arrivée de la relève), Redmond sait bien qu’il va falloir opérer différemment pour la One. C’est donc un an après le reste du monde que la One débarque sur les terres de Nintendo et Sony et la console récolte malheureusement un accueil trois fois moins enthousiaste que pour sa grande sœur de la part des nippons malgré une stratégie mieux pensée et une division chargée d’adapter le produit a ce marché spécifique. Boudée massivement, la console n’arrive pas à se vendre là où la concurrence enregistre des chiffres de vente cent fois supérieurs. Protectionnisme économique, méfiance du concurrent étranger ou offre mal adaptée : la Xbox One est un échec sur le marché japonais. Mais Microsoft n’en démord pas et souhaite maintenir sa distribution sur l’archipel, histoire de ne pas « perdre la face » ce qui le priverait de tout avenir crédible sur un sol régi par la culture commerciale asiatique. Symbole criant de ce boycott que certains qualifient d'arrogant : les files d’attente pour tester les jeux multi-platform au Tokyo Game Show, blindées chez Sony, et vide chez Microsoft alors qu’il s’agit exactement du même jeu...

Microsoft n'a jamais vraiment réussi à s'implanter au Japon

Sony : multiples tentatives mais combien de réussites ?

Tout comme son homologue américain, Sony a bien compris que la 8ème génération de consoles de salon se devait d’être sociale. Ainsi, comme sur Xbox One, il est possible de streamer sur Twitch directement depuis la console, mais la PlayStation 4 dispose en sus d’un bouton Share directement intégré à la manette pour mettre l’accent sur les fonctionnalités de partage et de capture. La DualShock 4 n’est pas pour autant une réussite absolue et en plus d’avoir placé des boutons Share et Option (qui remplacent les emblématiques Start et Select) de manière hasardeuse, s’offre le luxe de se planter quant à l’intégration du pavé tactile. Sans doute placé « au cas ou » histoire de surfer sur la vague du tactile, le pavé s’avère très vite trop petit pour être vraiment utile et restera cantonné au rang de gadget dans la plupart des titres PS4. Le RemotePlay avec la Vita (qui permet d’emporter sa partie aux toilettes) fait son petit effet, notamment sur KillZone Shadowfall, avant d’être assez vite oublié dans la communication du géant nippon.

Les ludothèques des consoles de 8ème génération intègrent de base le jeu indépendant, qui a fait son boom sur la génération précédente et avait profité à Microsoft qui d’ailleurs accentue son programme de filiation avec les indés, mais le prochain cheval de bataille de Sony et de Microsoft en matière de « récupération de succès PC » est incarné par le Free to Play et par les Early Access, deux phénomènes qui explosent depuis le début de cette décennie. Et si la One tente d’innover avec l’énigmatique Project Spark, ou encore Smite et World of Tank concernant les portage PC, Sony se positionne quant à lui avec la primauté sur le portage du très sympathique Warframe, de Planetside 2, de WarThunder ou encore de DC Universe Online côté MMORPG. Pour l’Early Access en revanche, tout reste à faire.