Nintendo et le fantôme de la Wii
« Pour comprendre l’instant, il faut comprendre le passé » disait un savant congolais il y a peu, et c’est justement ce que nous allons faire en préambule de notre analyse. Retour donc en 2008, alors que la Wii, lancée en dernier sur la 7ème génération de consoles, commence à faiblir et à subir les critiques des joueurs exigeants. Jugée trop « casu » par une frange grandissante des joueurs, la console commence à faiblir dans le cœur des coregamers même si ces derniers ne boudent tout de même pas leur plaisir lorsqu’ils touchent à des titres phares de la console comme The Last Story, Smash Bros. Brawl, les Mario Galaxy, ou encore MadWorld. Très vite, des rumeurs arrivent, évoquant une Wii HD, un concept très vite répudié par les têtes pensantes de Big N qui préfèrent garder les graphismes haute-définition pour une véritable nouvelle console.
Notre Gaming Live de The Last Story, une des dernières pépites de la Wii
En réalité, Nintendo planche sévèrement sur un héritier à sa « Wii casu » à qui il doit sa place sur le podium des réussites populaires & vidéoludiques et surtout l’ouverture du marché pour de nombreux joueurs non-ciblés par ses concurrents de la 7ème génération. Voulant pousser le gameplay dans ses derniers retranchements et surfant sur la vague de la tablette, Iwata et Miyamoto gardent secret le fameux « Project Café », nom de code de la Wii U, qui sera d’ailleurs dévoilée quelques mois après les premières rumeurs : lors de l’E3 2011. A peine annoncée la console a déjà du plomb dans l’aile et le retard technologique qu’elle affiche « sur le papier » fait dégringoler l’action en bourse de Nintendo qui perd donc 10% en valeur en deux jours. Le produit est jugé peu innovant et cette génération s’amorce très mal pour Big N.
Le All in One mis à l'épreuve
Quelques mois plus tard, c'est Microsoft qui frappe fort en donnant sa vision de ce que l'on appellera « la next-gen ». Annoncée en mai 2013, la Xbox One avait cependant déjà fait parler d'elle les semaines précédentes avec des rumeurs et photo volées du devkit, ce dispositif technique permettant de « simuler » la console finale, nécessaire pour développer un jeu adapté à la machine. Durango, le prototype, obtiendra son patronyme final le 21 mai et ce dernier ne sera pas Xbox Infinity, Xbox 720, ou encore Xbox 2, comme les rumeurs laissaient à penser mais tout simplement Xbox One, afin d’accompagner le slogan et la philosophie de la console « All in One », « tout en un ». En effet, la troisième machine de la lignée Microsoft se veut avant-gardiste et tente d'imposer une ligne directrice pour « le gaming console et tout le reste autour » dès la présentation de la bête.
Malheureusement, la console et le constructeur sont très vite pointés du doigt pour leur excès de liberté sur les données relatives à la vie privée des joueurs et pour les zones d'ombre entourant des points cruciaux de son fonctionnement. Entre la connexion obligatoire, la politique de prêt de jeu visant à doucement euthanasier le marché du jeu d'occasion, le Kinect 2.0 omniprésent et constamment en train de visionner vos faits et gestes, pour le net, l'offre One fait peur. En cause, la part dédiée au jeu vidéo dans la présentation du 21 mai, jugée très faible par les internautes au vu de l'importance grandissante des autres vocations de la One, notamment son rapport à la télé, au sport et au multimédia, un point certes intéressant pour les américains qui n'ont pas les mêmes possibilités de consommation télévisuelle que nous, mais pour le reste du monde, il s'agit d'un plus dispensable et les gens attendaient avant tout une machine de jeu à la puissance démentielle. Une vidéo montée des « meilleurs moments » de la conférence de présentation a d'ailleurs fait le tour du web quelques jours après l'annonce. Pour Microsoft et la One, c'était le début de la fin d'un concept qui doit très vite être sauvé des eaux...
Le fameux montage qui résume sarcastiquement l'annonce de la One
Sony, soucieux ?
De son côté, Sony prépare sa 8ème génération en prenant en compte ses échecs de lancement sur la 7ème, à savoir la fixation d'un prix bien trop élevé pour la machine, et revoit complètement sa manière de penser le hardware de la console avec une architecture plus simple, quasi-similaire à celle de sa rivale Xbox One, et se rapprochant plus d'une structure de PC de moyenne gamme. On est bien loin de la PS3 à 600€ en tarif de lancement, équipée d'un processeur Cell assez difficile d'approche pour la majorité des développeurs.
Les joueurs ayant suivi l'annonce des consoles Xbox One et PlayStation 4 se souviennent sans doute de l'aspect « Xbox One killer » de la présentation PlayStation 4. Petite vidéo trollesque sur la simplicité de prêt de jeu, connexion non-obligatoire, prix inférieur de 100€ par rapport à sa concurrente et spécificités techniques un poil supérieures : la PlayStation 4 part avec un gros avantage dans le cœur des joueurs, si bien qu'il était très inquiétant de voir l'impopularité de la Xbox One quelques jours après le début du « duel ». Heureusement que les choses changent vite sur le secteur du jeu vidéo. Voyons donc un peu plus loin comment se sont passés les mois suivant les annonces pour nos trois combattantes…