Il n'aura pas fallu attendre longtemps avant qu'Interplay lâche son Fallout 2. Disponible en 1998, soit un an après l'original, cette suite s'appuie sur les mêmes références mais instaure de nouveaux codes.
Pour cette suite, Black Isle Studios n'a pas bouleversé la formule mais a mis le paquet en terme de contenu. Ainsi, le Wasteland est beaucoup plus grand désormais et les quêtes sont bien plus riches et "osées". Au gré de vos pérégrinations, vous avez une liberté qui dépasse l'entendement. Libre à vous de vous grimer en défenseur de la veuve et de l'orphelin ou d'être le pire salaud de votre espèce. Cette démesure se retrouve logiquement dans les références utilisées par les développeurs.
Sans surprise, on retrouve un grand nombre de clins d'œil au premier volet de Fallout. On peut notamment croiser un mec qui chante le fameux thème Maybe ou encore le célèbre "Canigou", le chien qui accompagne le héros dans Fallout. Ultra mature (drogues et prostituées sont le lot commun de l'aventure), Fallout 2 force le respect et puise son influence dans les grands classiques du cinéma et de la littérature. Du Magicien d'Oz (l’homme à l’armure rouillée est une référence au robot de l’oeuvre de Lyman Frank Baum) à Terminator (l’IA du système informatique appelée Skynet) en passant par 2001: l'Odyssée de l'Espace (le titre du film apparaît dans les dialogues lorsque vous vous faites embaucher en tant qu’acteur/actrice de films X), le jeu de Brian Fargo puise même des références dans des œuvres qui n'ont rien à voir, comme Stuart Little (le manager de boxe porte ce nom) ! Il y en a des centaines et les débusquer devient presque un jeu dans le jeu. Fallout 2, malgré un moteur identique au premier, est assez différent dans le sens où le scénario est plus parodique et ça part souvent dans tous les sens. Il n'en reste pas moins fantastique.
Le jeu pullule d'easter eggs croustillants, certains étant parfois très drôles. Si l'on trouve des citations venant de Retour vers le Futur (si l’on devient esclavagiste, on entend les esclaves crier : “Run for it, Marty !” (Sauve qui peut, Marty!) ou encore Austin Powers (“Who does Number Two work fort ?” - Pour qui travaille numéro 2 ? une des citations du film), Fallout 2 s'essaye également à des faits d'actualité comme avec Bill Clinton et Monica Lewinsky. Ainsi, la secrétaire du Président Dirk Richardson, une femme blonde avec une robe bien moulante et des cheveux en pétard, fait plusieurs allusions sexuelles qui font référence à ce scandale étatique qui a secoué l'Amérique. Et pour rester dans la politique, même si celui-ci l'a désormais quitté, on trouve également un clin d'œil au film Commando avec Arnold Schwarzenegger. À New Reno, lorsqu'on affronte le boxer, on peut y lire l'une des citations cultes de l'ancien bodybuilder : "J'avale deux bérets verts au p'tit déjeuner" !
Dans son écriture, Fallout 2 se veut encore plus dense en easter eggs que son aîné. Il est d'ailleurs amusant de retrouver des citations tirées de grandes œuvres vidéoludiques : Final Fantasy VII (avec la référence aux "limites", l'un des éléments de gameplay du jeu de Squaresoft), Interstate '76 (Skeeter, le mec d'Interstate, fait une apparition) ou encore Punch-Out!! le célèbre jeu de boxe de Nintendo. À New Reno, lorsque Stuart Little demande un surnom, les choix font référence aux adversaires de Little Mac : Glass Joe, Bald Buld, etc. Et pour rester dans le milieu du noble art, il est possible de croiser un boxeur appelé Mike qui dit "aimer les oreilles". Succulent ! Pour surprendre le joueur et intégrer toujours plus d'humour, les développeurs n'ont pas hésité à détourner des éléments de la pop-culture. Ainsi, on trouve un film porno à New Reno qui s'intitule "Top Gun". Plus c'est scabreux, plus c'est drôle !
Après Fallout 2, l'équipe de Black Isle Studios s'est démenée pour créer une séquelle intitulée Van Buren. Mais à l'époque, Interplay va avoir les yeux plus gros que le ventre en s'inscrivant à la bourse NASDAQ. Dans le même temps, une brouille va éclater avec BioWare et cet évènement va apparaître dans Fallout 2. Pour marquer son désaccord, Fargo et sa team vont jusqu'à graver le nom du co-fondateur de BioWare, Ray Muzyka, sur une pierre tombale. Charmant ! La suite de l'aventure pour Interplay va être mouvementée et l'éditeur finira par payer sa gourmandise. Les créateurs du premier Fallout s'en vont dès 1998 pour créer Troika Games. En 2002, lorsque Titus Interactive prend le contrôle de la firme américaine, Brian Fargo décide d'en faire de même. Alors que le projet Van Buren, alias Fallout 3, est en préparation, tout est annulé ! La licence finira par ressortir d'outre-tombe grâce à Bethesda Software, qui acquiert la franchise en 2004.