Soyons clairs tout de suite : ceux qui espéraient que la ressortie de Batman Arkham Knight sur PC rimerait avec une expérience de jeu renouvelée, fluide et accessible, peuvent tout de suite ranger champagne et cotillons : ce ne sera pas le cas… On en sera même assez loin.
En effet, dès nos premiers essais, cette version PC de Batman Arkham Knight s’est montrée à la hauteur de sa réputation : à peu près fluide, toutes options graphiques activées, sur notre première plateforme de test, équipée entres autres, d’une carte graphique GTX 970 4 Go. Par contre, dès que l’on est passé sur une gamme de GPU un peu moins onéreuse (GTX 960 ou 950 en version 2 Go), le titre est devenu totalement injouable, à moins de diminuer drastiquement les effets visuels… Pour autant, quelque chose nous a rapidement intrigués dans les résultats que nous ont renvoyés nos logiciels de monitoring : difficile pour nous de justifier une telle différence dans l’expérience de jeu, entre des modèles de GPU finalement relativement proches. Pour mémoire, une GTX 960 de référence accuse en général un recul de performances de 30 à 35% en moyenne sur une GTX 970. Or, dans le cas présent, les résultats variaient parfois du simple au triple. Il y avait donc forcément un autre facteur qui provoquait cette impressionnante perte de jouabilité.
Configuration minimum publiée par l'éditeur :
Processeur | Core i5-750 (2,67 GHz) ou AMD Phenom X4 965, 3.4 GHz |
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Mémoire | 6 Go |
Carte graphique | NVIDIA GeForce GTX 660 2Go ou AMD Radeon HD 7870 2 Go (DirectX 11 minimum) |
Espace de stockage | 45 Go |
Système d’exploitation | Windows 7 SP 1/ 8.1 (64 bits) |
Configuration recommandée publiée par l'éditeur :
Processeur | Intel Core i7-3770, 3.4 GHz ou AMD FX-8350, 4.0 GHz |
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Mémoire | 8 Go |
Carte graphique | NVIDIA GeForce GTX 760 3 Go ou AMD Radeon HD 7950 3 Go (DirectX 11 minimum) |
Espace de stockage | 45 Go |
Système d’exploitation | Windows 7 SP1 / 8.1 (64 bits) |
Le CPU ? Ça aurait pu être la réponse … Toutefois, le processeur associé aux cartes graphiques mentionnées plus haut était une version Intel Core i7-5820K : 8 Mo de cache, 6 cœurs / 12 threads, et une fréquence variant selon les besoins entre 3,3 et 3,6 GHz. Et s’il est vrai que ce dernier aura été très fortement sollicité, il ne l’aura pas été suffisamment pour justifier des baisses de performances aussi importantes. Par contre, signalons que nous avons voulu après coup vérifier l’influence du nombre de cœurs CPU sur le framerate, et le moins que l’on puisse dire, c’est que là encore, les prérequis en la matière seront non-négligeables. En jeu, un modèle de CPU i7-4790K (accompagné de 16Go RAM et d'une GTX 980 4Go) indiquait ainsi un taux de charge de 60 à 80% pour chacun de ses 8 cœurs, toutes options graphiques activées.
Une fois amputé de ses 4 cœurs logiques (=Hyperthreading OFF), les performances sont restées stables (-4%), malgré un taux de charge qui est lui passé à 100%. Mais avec seulement deux cœurs physiques activés, la baisse de framerate était en moyenne de 20%, avec apparition de problèmes de micro stuttering. Dès lors, pour profiter du jeu, tenez pour acquis qu’il vaudra mieux disposer d’un CPU solide, et que les préconisations matérielles minimum publiées par l’éditeur ne seront pas à prendre à la légère (comme c’était le cas pour Mad max et MGS V, par exemple): Intel Core i7-3770, 3.4 GHz ou équivalent pour ne pas brider le GPU, et Quad-Core autour de 3GHz pour ce qui est de la limite basse.
Derrière le CPU, il restait un facteur à considérer : la mémoire. Bingo ! En vérité, Batman Arkham Knight est un véritable ogre, lorsque l’on aborde la question de sa consommation mémoire, et l’on ne parle pas seulement de la mémoire vidéo, mais aussi de la mémoire vive. Plus concrètement, notre plateforme de départ intégrait 8 Go de RAM physique, à laquelle il faut rajouter environ 8 Go de mémoire virtuelle potentielle, ce qui est largement suffisant habituellement pour contenter la plupart des jeux modernes. A vide, notre système Windows 8.1 consomme en gros 4 Go, répartis à 50/50 entre mémoire physique et virtuelle.
Or, lorsque l’on se retrouve à arpenter les rues de Gotham, à quel niveau la mémoire vive totale est-elle occupée ? 12 ou 13 Go, rien de moins… Quant à la mémoire vidéo, Batman Arkham Knight ne lui fera pas plus de cadeaux : elle sera sollicitée au minimum à hauteur de 1,9 Go lorsque toutes les options graphiques seront désactivées, et se remplira à hauteur de 3,8 Go lorsque tous les curseurs seront poussés au maximum (4,6 en 4K). Devant de tels chiffres, on comprend vite pourquoi un système équipé de 8 Go de mémoire vive et de 2 Go de mémoire vidéo, semble dépassé : la demande en mémoire virtuelle est si importante, qu’elle devient un véritable goulot d’étranglement, le moteur de jeu étant sans arrêt bloqué par les incessants échanges entre RAM, VRAM, et disque dur.
Y-a-t-il un moyen de pallier à ces problèmes ? Malheureusement, pas vraiment… Dans le cadre de ce que nous considérerons comme la configuration minimale pour jouer (CPU Quad Core 3 GHz, 8 Go de RAM, et GTX 950 2 Go), un passage à 16 Go permettra de fluidifier nettement l’expérience, lorsque certains éléments graphiques seront améliorés. On passera alors d’un 16 FPS qui se bloque régulièrement, à un 25 FPS certes lent, mais moins haché. Mais au final, la seule solution vraiment efficace sera de jouer sur les paramètres qui viendront charger le plus la mémoire vidéo, afin d’éviter qu’elle ne sature trop : la résolution d’affichage, la qualité des textures et celle des ombres, et l’effet GameWorks lié à la gestion des fumées / des brumes.
Comme tous les Batman Arkham avant lui, cet épisode Knight dispose d’un système de benchmark intégré. Toutefois, le jeu présentant de grosses différences de framerate selon que l’on soit à pied en ville, en intérieur, ou en mode guerrier de la route dans sa Batmobile, nous avons préféré ne pas l’utiliser. Nos mesures ont donc été effectuées sur des séquences de conduite en ville, les plus exigeantes, indéniablement.
Quelques dernières remarques avant d’enchaîner sur la partie réglages graphiques : le jeu s’est plutôt bien comporté sur nos deux machines portables. Il est vrai que toutes deux étaient équipées de processeurs mobiles solides et de 16 Go de RAM. Pour autant, la technologie Optimus est bien prise en charge, et la bascule sur le GPU NVIDIA se fait correctement. De plus, aucun bug particulier ne nous est apparu, qui serait lié à une particularité de l’univers mobile. Par contre, la musique est un peu différente pour ce qui touche aux systèmes SLI ou CrossFire. Bien que ces derniers soient fonctionnels (comprenez que le jeu démarre), ils ne sont pas bien stables, et une partie dans l’un ou l’autre de ces modes, sur notre plateforme, n’aura jamais duré plus de 5 min…
Ensuite, et comme expliqué ci-dessus, bien que le couple 8 Go de mémoire vive / GTX 950 2 Go nous est rapidement apparu comme la limite minimale acceptable pour profiter du jeu, nous avons tout de même tenté de le lancer sur des composants de moindre valeur : toutefois, sur nos deux cartes graphiques 1 Go (NVIDIA GTX 545 et Radeon HD 5770), nous n’avons jamais réussi à aller plus loin que l’écran d’accueil. Quant à la limite des 8 Go, nous sommes descendus à 4… Le jeu se lance (avec un message d’avertissement toutefois), mais très naturellement, les saccades sont très présentes, même avec un GPU puissant. Au final, si vous vous demandez si votre configuration sera suffisante pour profiter du jeu, nos recommandations sont les suivantes :
Processeur | Quad-Core 3Ghz |
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Mémoire | 8 Go |
Carte graphique | NVIDIA GeForce GTX 950 2 Go (la limite de mémoire est importante) ou équivalent (quelques exemples : GTX 660 2 Go, Radeon R7 270X 2 Go, Radeon R7 370 2 Go) |
Une fois de plus, certains d’entre vous ne manqueront pas de noter le déséquilibre qui continue d’exister dans nos benchmarks GPU, entre les échantillons AMD et NVIDIA. Loin de nous l’idée de vouloir coller au plus près du marché actuel, en appliquant une représentativité de 80/20 à chaque fabricant… Non… En vérité, il nous est toujours compliqué de nous procurer des samples AMD. Un souci d’autant plus gênant, que notre R9 270X a rendu l’âme durant ces derniers tests. Dommage, car elle nous avait plus que loyalement servi ces deux dernières années, et elle méritait donc bien une petite mention dans ce dossier.