En 2001, Medal of Honor : Débarquement Allié a retourné les visiteurs de l'E3. Chapeauté par le studio 2015, ce FPS plongeait le joueur dans une ambiance incroyable. La retranscription de l'offensive d'Omaha Beach fut telle que beaucoup en gardent un souvenir inoubliable. Avec une telle expérience, Jason West et Vince Zampella ne pouvaient pas en rester là. Après leur départ de 2015, ils créèrent le studio Infinity Ward et décidèrent d'imaginer un titre dans la continuité de Medal of Honor : Call of Duty.
En choisissant la période de la Seconde Guerre Mondiale, West et Zampella font un pied de nez à leur ancien éditeur (Electronic Arts) et s'appuient sur une époque qui développe une aura particulière chez les joueurs. Call of Duty est conçu de façon classique dans le sens où l'aventure débute par un entraînement en bonne et due forme. Cet exercice a lieu au Camp Toccoa de Géorgie et met en avant les différentes techniques de défense. En tant que membre du 506ème régiment de parachutistes, vous devez être préparé à toute éventualité. Carabine, fusil de précision, grenades, mitraillette... tout y passe !
Après ce tutorial, le joueur s'enfonce dans la campagne normande à travers l'Opération Overlord. Et pour les Français, la première mission de Call of Duty est lourde de sens puisqu'elle se déroule aux abords de Sainte-Mère-Église (réputée pour le parachutiste américain qui resta accroché au clocher). Vous débarquez en pleine campagne, non loin de bâtiments. L'environnement rappelle énormément l'une des missions nocturnes de Medal of Honor sur PlayStation. Après le parachutage des soldats, les Allemands ne tardent pas à ouvrir le feu et le corps de ferme dans lequel ils ont trouvé refuge se transforme en gigantesque champ de bataille.
Call of Duty est fort appréciable dans sa façon de raconter les évènements. Comme dans la réalité, les Américains n'ont pas atterri du tout à l'endroit prévu mais cela ne va pas les empêcher de délivrer Sainte-Mère-Eglise du joug nazi. Toute la première partie se focalise sur ce fait historique, West et Zampella ayant souhaité un jeu qui soit respectueux de la mémoire des soldats. Et c'est réussi, on a l'impression d'être isolés, sans radio et à la merci de l'ennemi. S'en suit une course poursuite explosive à travers la campagne normande, avant de préparer le débarquement des troupes d'infanteries sur Utah Beach.
Qu'on se le dise, Call of Duty a forcément vieilli. Les environnements peinent à se renouveler et certaines missions semblent un peu là pour allonger artificiellement la durée de vie. Heureusement, la seconde campagne gagne en variété avec des missions se déroulant en Allemagne (Barrage de l'Eder), aux Pays-Bas et même en Norvège où il est question de saborder le Tirpitz, qui fut le plus grand cuirassé à flot d'Europe. Le petit côté infiltration n'est pas désagréable... avant tout ne pète à nouveau! On ne change pas une formule qui gagne. La dernière partie du jeu se consacre au peuple soviétique, avec en point d'orgue la spectaculaire Bataille de Stalingrad, la libération de la Place Rouge, une séquence en char et un assaut ultime à Berlin. Ce n'est pas avec cet épisode que le dépaysement est le plus marqué, surtout que les graphismes accusent leur âge. Néanmoins, il est l'épisode par quoi tout a commencé.
ON PREND LES MÊMES...
Call of Duty 2 débute également du côté soviétique. Soldat de 2ème classe dans la 13ème division de fusiliers de l'Armée Rouge, vous êtes amenés à participer à diverses missions dont l'une consiste à reprend le contrôle de deux grands bâtiments. Cette première approche dénote avec Call of Duty par la présence d'un temps hivernal. On traverse ainsi des tranchées enneigées tandis que les flocons apportent un peu de douceur à cet univers macabre.
La guerre ne tarde pas à reprendre ses droits et nous transporte en Afrique du Nord en compagnie d'un sergent anglais. Là encore, on sent le désir de Jason West et Vince Zampella d'amener leur production vers de nouveaux horizons. Moins linéaire, plus panaché visuellement, Call of Duty 2 offre un terrain de jeu plus vaste, une intelligence artificielle nettement supérieure et des objectifs plus variés.
Après une première mission de nuit en Égypte, l'histoire nous invite à prendre part à la seconde bataille d'El-Alamein, qui fut capitale dans la protection du Canal de Suez. Le contraste avec Stalingrad est saisissant, la neige faisant place à un désert ardent et aux chars, qui ont été décisifs dans cette confrontation avec l'ennemi allemand. Les derniers objectifs, en revanche, sont un clin d'œil au premier épisode. On participe à la libération de Caen, et retrouver la campagne normande n'est pas désagréable. C'est d'ailleurs là qu'on voit le bond graphique effectué depuis Call of Duty. La troisième partie du jeu s'intéresse à un bataillon de rangers US, en la personne du Caporal Bill Taylor. La mission consistant à attaquer la Pointe du Hoc est redoutable d'intensité et rappelle le débarquement de Medal of Honor, pour un rendu encore plus impressionnant. De la plage jusqu'à la falaise en passant par les défenses allemandes, le danger est partout ! Les derniers objectifs se passent en Allemagne pour un épilogue qui glisse de belles références au premier volet.
J'IRAI REVOIR MA NORMANDIE
Avec le troisième opus, la lassitude commence à poindre le bout de son museau. Comme pour les deux premiers Call of Duty, l'histoire se concentre sur la Seconde Guerre Mondiale et peine à se renouveler, même si elle s'intéresse à un pan oublié de ce triste évènement. En effet, Call of Duty 3 : En Marche vers Paris relate la Poche de Falaise, théâtre de la dernière opération de la bataille de Normandie.
Le titre s'articule autour de cinq points de vue : américain, anglais, français mais aussi canadien et polonais. Après un petit tutoriel, le joueur est jeté en pâture dans l'une des batailles les plus sanglantes de la Seconde Guerre Mondiale : Saint-Lô. On évolue ainsi à travers les ruines, donnant un sentiment de redondance par rapport aux premiers épisodes. La technologie en revanche a fait un bond perceptible et les graphismes sont beaucoup plus détaillés. Pour les besoins des textures, les équipes de développement ont été jusqu'à scanner de véritables uniformes datant de l'année 44.
La surprise n'est toutefois plus au rendez-vous, la faute à des environnements (campagne, habitations, forêts... ) qui sont vus et revus. La suite de l'aventure n'est guère plus variée avec un manoir qui fait place à une usine. Sorti en 2006, Call of Duty 3 prouve aux joueurs qu'il est temps de passer à autre chose.
PACIFIQUE C'EST VITE DIT
Un ultime épisode "s'empare" de la Seconde Guerre Mondiale comme "terrain de jeu". Réalisé par Treyarch, il est arrivé à une époque où personne ne s'attendait à un retour de cette période. Son nom : Call of Duty : World at War. Sorti en 2008, il profite de l'avancée technologique pour un rendu très réaliste.
A la différence des anciens épisodes, World at War s'intéresse au conflit du côté du Pacifique. Après l'attaque de Pearl Harbor, de nombreux américains se sont engagés dans l'armée et vous êtes l'un d'eux. Alors que vous êtes sur le point d'être exécuté, vous êtes sauvés in-extremis par vos compagnons de route. S'ensuit une bataille sanglante sur une plage de l'Atoll de Makin. Le dépaysement est ici total ! Les petites routes et communes françaises font place à une plage au sable fin et à une jungle touffue. A la fin de la mission, lorsque Miller fuit en bateau, on se croirait dans un Rambo.
En ce sens, World at War est intéressant pour celles et ceux qui connaissent moins les évènements s'étant déroulés dans le Pacifique. C'est notamment le cas de la confrontation américano-japonaise sur l'île de Peleliu dans l'archipel des Palaos ou encore à Okinawa (avec les terribles lance-flammes). La campagne russe se veut plus classique puisqu'on retrouve la ville de Stalingrad avant de traverser l'Allemagne jusqu'à Berlin. Au total, quatre épisodes de Call of Duty se sont focalisés sur la Seconde Guerre Mondiale et beaucoup de joueurs espéraient du changement. Ce changement va finir par intervenir...