En matière d'architecture et de spécifications techniques, c'est un peu deux philosophies qui s'affrontent ici : celle du changement dans la continuité, avec un NVIDIA qui déroule tranquillement sur ses produits la seconde génération de ses puces Maxwell, et celle de l'audace, avec un AMD qui mise sur un nouveau standard de mémoire pour briller... Un pari risqué pour ce dernier... Trop, sans doute.

Rappelons rapidement les spécificités de cette GTX 980Ti, avant de se pencher sur les nouveautés de la Radeon Fury X. Sans surprise, la carte d'Inno3D s'articule autour d'un GPU Maxwell de seconde génération, le GM 200. Le même que celui qui équipe la GTX Titan X, à ceci près qu'il se trouve ici amputé de quelques unités de calcul : 2816 coeurs CUDA au lieu de 3072, et 176 unités de texturing au lieu de 192. Derrière le fabricant a également conservé le design du PCB de référence, avec un étage d'alimentation sur 6+2 phases, et un total de 6 Go de mémoire GDDR5 sur un bus 384 bits. En revanche, la présence d'un système de refroidissement personnalisé et supposé plus performant (c'est ce que nous allons vérifier sous peu) autorise un rehaussement des fréquences de fonctionnement : par rapport au standard NVIDIA, la carte Inno3D fait ainsi tourner son GPU à 1152 MHz et sa mémoire à 1800 MHz, ce qui représente un gain de 152 MHz dans un cas, et 47 MHz dans l'autre.

AMD : une Furieuse envie d'innover

Côté AMD maintenant, et comme nous le soulignions en introduction de cette page, la Radeon Fury X repose pour l'essentiel sur une nouveauté phare : sa mémoire de type HBM. Très schématiquement, cette dernière se base sur une fréquence de fonctionnement réduite (500 MHz dans le cas de la Radeon Fury X), une réduction compensée par une forte augmentation de la largeur du bus. Avantage : on améliore grandement la bande passante disponible, tout en diminuant la facture énergétique, et l'on gagne ainsi de la marge de manoeuvre pour s'autoriser un GPU plus gros et plus performant. Inconvénient : la technologie HBM implique de connecter les puces mémoire et le GPU en passant par une interface de silicium, un interposer, interface qui limite par sa taille fixe l'espace réservé aux modules mémoire.

De fait, la Radeon Fury X n'embarque que 4 Go, 2Go de moins que la GTX 980 Ti, et deux fois moins que les Radeon R9 390X. Quant au GPU Fiji, il repose sur la troisième évolution de l'architecture GCN, et comprendra 4 096 unités de calcul, 256 unités de texturing et 64 ROPs. Fiji garantit également le support de DirectX 12 au niveau 12_0 pour les fonctionnalités, et au niveau 3 pour ce qui de l'accès aux ressources laissé aux développeurs. A titre de comparaison, NVIDIA et ses puces Maxwell 2.0 supportent respectivement les niveaux 12_1 et 2. De fait, chacun disposera potentiellement d'effets applicables en jeu que l'autre ne pourra pas reproduire.

Derrière ces spécifications, il reste toutefois la question centrale suivante : en pratique, quelle est la carte qui va offrir les meilleures performances ? Sur ce point, la réponse est sans appel : la carte d'Inno3D surpasse sa concurrente assez largement, quels que soient le jeu et la résolution appliquée.

A l'impossible nul n'est tenu

Ainsi, si la carte maitresse d'AMD réussit à tenir tête à la version de référence de sa concurrente en 4K, elle est déjà en retrait de 7% sur la résolution HD inférieure. Dès lors, le modèle d'inno3D, équipé d'un système de refroidissement plus performant, ne pouvait que sortir vainqueur de l'affrontement : la GTX 980 Ti X3 Air Boss affiche ainsi des résultats de framerate supérieurs de 20% à ceux de la Radeon Fury X en HD, l'écart se réduisant à 15% lorsque l'on passe en résolution 4K.

On notera que quel que soit le temps ou l'intensité des sollicitations, les deux systèmes de refroidissement remplissent parfaitement leur rôle. La puce GM200 ne dépassera ainsi jamais les 77°C en charge, tandis que le GPU de la Radeon restera toujours à une température encore plus modeste : 61°C. Doit-on en conclure que les deux modèles disposent de confortables marges de manoeuvre côté overclocking ? Durant les quelques tests auxquels nous nous sommes prêtés, les gains en la matière ont été maigres, sans parce que les fréquences de base appliquées étaient déjà hautes par rapport aux capacités intrinsèques de chaque puce. Plus concrètement, la carte Inno3D ne nous aura pas permis de monter au-delà d'un offset de +100 MHz sur le GPU, et +50 Mhz sur la mémoire. Au-delà, les artefacts commençaient à apparaître, jusqu'au plantage pur et simple du PC dans le cas d'un GPU overclocké de 150 MHz. Quant à AMD, même musique : seulement 50 Mhz de gain, pour monter d'une fréquence GPU de 1050 à 1100 MHz.