Aaaahhhh, comment ne pas placer en première position LE cliché sur lequel le jeu vidéo est attaqué à longueur de journée ? Il s'agit bien évidemment de sa propension bien connue à transformer un petit bambin innocent en serial killer sanguinaire.
On en a désormais l'habitude, à chaque fait divers, les médias généralistes s'empressent d'affirmer que le tueur aimait les jeux vidéo. Ce qu'ils oublient de préciser cependant, c'est que 80% de la population française est joueuse. Evidemment, lorsqu'une personne instable commet un crime, il y a de fortes chances pour qu'elle joue... Cela signifie-t-il pour autant que c'est le jeu qui en est responsable ? Les crimes n'existaient-ils pas avant la démocratisation du jeu ?
Le matraquage est tellement fort que de l'autre côté de l'Atlantique, une étude a montré que 67% des Américains jugeaient les jeux plus dangereux que les armes à feu. Avouez quand même que ça va loin.
La question posée vient ici du fait que le joueur est acteur des massacres qu'il entreprend dans les jeux quand il n'est que spectateur en regardant un film par exemple. Sauf que le lien direct entre jeu et violence n'a jamais été réellement prouvé et admis. De nombreuses études affirment même l'inverse. Des chercheurs des universités de Villanova et Rutgers ont ainsi fait un lien direct entre les sorties des jeux les plus violents et une baisse de la criminalité. De même, sur les 30 dernières années, les ventes de jeux ont explosé tandis que les homicides ou autres faits graves reculaient significativement. Les raisons sont évidemment multiples, mais il paraît difficile d'incriminer le jeu vidéo dans ces conditions.
Bref, s'il est vrai que le jeu vidéo peut énerver (cf, le jeune allemand excité ci-contre), il n'est en rien évident qu'il pousse les esprits faibles à passer à l'acte. Dire qu'un Mohamed Merah ou un Anders Breivik a tué à cause du jeu est beaucoup plus facile que de remettre en cause les défaillances d'une société, mais cela n'en fait pas pour autant une réalité. Comment pourrait-on même imaginer qu'un individu puisse apprendre à se servir d'une arme de guerre en jouant à un Call of Duty qui est réputé pour être tout sauf un jeu réaliste ? Ne s'agirait-il pas là encore d'un bon gros cliché ?