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2019 : une année transitoire ponctuée de bonnes surprises
Que de changements ! Jadis, mon intérêt vidéoludique se résumait le plus souvent à des productions Triple-A à l’instar des séries Far Cry et Tomb Raider. Bien qu’elles soient toujours mon obsession, cette année fut l’occasion d’étoffer mes goûts en matière de jeux vidéo. C’est tout bête, mais c’est en travaillant dans l’industrie vidéoludique et en étudiant les salons internationaux que mon intérêt pour les jeux indépendants s’est déclenché – mieux vaut tard que jamais. Il faut bien le reconnaître, mon quotidien étant synonyme du fabuleux pack d’extension Les Sims 4 , l’absence de temps et d’argent prédisposaient déjà mon affinité pour les productions aux budgets moins fournis : in fine, merci la vie d’étudiante ! Après m’être remise à la page, j’ai apprécié découvrir des œuvres narratives énigmatiques comme Draugen , empreintes de poésie à la manière de Lost Ember et de Sea of Solitude ou d’originalité avec Untitled Goose Game . Initialement prévu pour 2019, j’attends énormément du jeu indépendant Lost Words : Beyond the Page dont la plume scénaristique n’est autre que Rhianna Pratchett qui avait notamment déployé ses talents pour Bioshock Infinite .
Toujours est-il que j’étais impatiente d’avoir des nouvelles de Joseph Seed dans Far Cry : New Dawn que j’ai d’ailleurs regretté - même si moins bien que Vaas - en découvrant les nouvelles antagonistes, et c’est ainsi que le critère du charisme l’a emporté sur mes convictions féministes. Et si le Girl Power ambiant a brillé dans Wolfenstein Youngblood , c’est au détriment d’un scénario relégué au second plan et d’une construction des personnages défaillante. Que dire du retour de Trine ? Ce quatrième opus a définitivement conquis mon cœur avec sa direction artistique onirique, tandis que l’arrivée de Blacksad : Under the Skin m’a incité à découvrir Microids, cet éditeur français qui donne vie à des œuvres de papier, et de ce point de vue-là, on ne pouvait pas plus m’enchanter. Néanmoins, je retiens le caractère transitionnel, un peu passe-plats de 2019, avec beaucoup plus d’annonces importantes (Cyberpunk 2077 , les consoles de Microsoft et Sony) que d’événements majeurs – même si l’invasion des abonnements à foison a déjà commencé.
Mon Top 5 de 2019 :
- == A Plague Tale : Innocence
- == Blacksad : Under the Skin
- == Lost Ember
- == Far Cry : New Dawn
- == A Short Hike
Video-test de A Plague Tale : Innocence
Mon coup de cœur : l’apport éducatif d’Ubisoft
Peu importe votre intérêt pour les productions d’Ubisoft, s’il y a bien une chose que l’on ne peut qu’applaudir, c’est bien leur engagement éducatif transmis à travers leurs créations originales. Qu’il s’agisse du Discovery Tour d’Assassin's Creed Odyssey permettant d’explorer la Grèce Antique de manière ludique ou de Rabbids Coding qui offre la possibilité de découvrir les bases de la programmation avec les Lapins Crétins, cette année fut l’occasion pour l’éditeur français de sensibiliser les joueurs et joueuses à l’éducation culturelle et numérique – mais aussi, je l’espère, d’éblouir les plus sceptiques par le caractère bénéfique et positif de ce type de créations ludo-éducatives. Ubisoft sembler destiner le jeu vidéo comme un média pédagogique, ce qui n’est pas pour me déplaire : après tout, raconter des histoires pour mieux apprendre a toujours su faire ses preuves, l’éducation par les jeux vidéo n’en représente que l’évolution logique. Reste à préciser que je tiens au livre papier, mais qu’une collaboration avec les productions ludo-éducatives me paraît indispensable pour la survie d’esprits curieux et cultivés – à mon humble avis.
Mon coup de gueule : Death Stranding dans l’excès
Pour être honnête, l’intrusion de marques dans les univers vidéoludiques, que l’on appelle aussi in-game advertising, ne m’embêtent généralement pas plus que ça, essentiellement parce que ce sont des jeux multijoueurs – à la limite on se dit qu’elles représentent des sponsors à l’instar de Mercedes pour Mario Kart. Loin d’une intégration marketing réussie, l’omniprésence incohérente de Monster Energy dans Death Stranding m’a perturbé. De mon point de vue, l’obsession du réalisme d’Hideo Kojima abîme l’immersion d’un jeu vidéo qui se voulait être une création d’auteur où la beauté narrative règne en maître. Bien que je reconnaisse que les productions aient besoin de budget pour créer l’impensable, ne faudrait-il pas incorporer de manière plus subtile une collaboration marketing pour l’intérêt de tous ? Ce placement de produit fait d’autant plus tâche qu’il prend place dans un univers post-apocalyptique et néantisé. Je préfère encourager des jeux qui imaginent leurs propres publicités comme Cyberpunk 2077 avec la marque de boissons « Nicola » qu’un blockbuster aux arguments marketing envahissants. Mais comme je ne peux nier la notion de rentabilité inhérente à l’industrie, je m’arrêterai simplement à l’envie d’avoir un marketing un peu moins visible, quitte à avoir un peu moins de fioritures.