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2019, à l'aube d'une nouvelle ère pour l'industrie
Après une année 2018 extrêmement riche en titres d'ampleur, on savait que 2019 amorcerait d'une manière ou d'une autre dans le petit monde du jeu vidéo un virage digne des meilleurs circuits de Mariokart. Aussi attendions-nous avec impatience l'E3, qui nous promettait de lever le voile sur ce que seraient - a minima - les cinq prochaines années de l'industrie du jeu vidéo. Pourtant, Sony a boudé l'événement, préférant une stratégie de communication plus diffuse concernant sa PS5, quand Microsoft teasait à peine sa machine, choisissant de se concentrer sur les jeux à venir, et l'annonce de nombreux rachats de studios. Ce faisant, l'industrie a laissé une grande place aux jeux indépendants, qui ont très largement occupé l'espace et les ludothèques, tout en permettant à certains acteurs de revenir, à la manière de Capcom. Comment donc évoquer cette année sans parler de Disco Elysium , de Slay the Spire , ou encore de Baba is You ? Pourtant, de grands marqueurs jalonnent cette année 2019, à l'image de Resident Evil 2 Remake , de Devil May Cry 5 , de Death Stranding , de Sekiro Shadows Die Twice ou encore de Luigi's Mansion 3 . L'année a donc été riche en nouveautés, mais cache surtout une lame de fond, prête à submerger le marché.
Ainsi, c'est à travers les services que 2019 apparaît comme le début d'une vision tout autre de l'industrie. Après quatre décennies de consoles, le jeu vidéo se tourne progressivement vers le dématérialisé, bien que les prochaines machines conservent le sacro-saint lecteur de disque. Le Game Pass de Microsoft a littéralement explosé auprès du grand public, Google est venu essuyer les plâtres d'un cloud gaming encore balbutiant, tandis qu'Ubisoft et Apple se sont lancés dans la bataille des catalogues accessibles via un abonnement. Même Sony, en retard malgré l'ancienneté du PlayStation Now, a revu sa copie dans la dernière partie de l'année. Le Netflix du jeu vidéo n'est donc pas encore là, mais le train piloté par Microsoft semble lancé à toute vitesse, entraînant même les autres dans son sillage. Quant à savoir si le public suivra massivement dès 2020, c'est une autre histoire, d'où la cohabitation à venir entre le hardware de nouvelle génération et le dématérialisé. Une révolution de l'industrie et de son modèle commercial est en marche, mais ses contours restent encore flous, rendant de fait les années à venir particulièrement excitantes.
Mon top 5 de 2019 :
- == Death Stranding ==
- == A Plague Tale : Innocence ==
- == Outer Wilds ==
- == Star Wars Jedi : Fallen Order ==
- == Tetris 99 ==
Video-test de Death Stranding
Mon coup de coeur : Microsoft - Un travail de fond exemplaire
On le sait tous, cette génération n'a pas été celle de la Xbox One, crucifiée dès son annonce par un discours constructeur maladroit, des exclusivités qui tardaient, et une concurrence qui s'est très vite envolée. Visiblement conscient de cela, Microsoft a très rapidement changé son fusil d'épaule en choisissant de jouer la carte de l'ouverture. Celle de ses jeux d'abord, proposés dans son Game Pass, qui est affiché à un prix défiant toute concurrence, aussi bien sur console que sur PC depuis cette année. Apôtre du cross-play, Microsoft a ensuite énormément poussé l'interaction entre les joueurs des différents supports, parvenant même à forcer la main à un Sony très fermé sur la question il y a encore deux ans. Enfin, les tests du xCloud, service de cloud gaming à venir, se sont habilement insérés dans une stratégie globale dont les pièces se sont assemblées dès cette année, formant un puzzle dont on saisit enfin l'aspect. Ainsi, la lumière s'est peu à peu faire sur l'écosystème Xbox, qui demeurait jusque-là assez vague. Il n'y a plus de joueurs Microsoft sur PC ou Xbox, il y a des joueurs Xbox, qui sont sur PC, sur Xbox One, et même sur Switch. Et avec la Xbox Series X qui arrive, Microsoft semble prêt à lutter de nouveau.
Mon coup de gueule : Anthem : Quand BioWare cristallise des problèmes plus globaux
Annoncé en 2017, Anthem a d'abord fait rêver. Des personnages à la Iron Man, qui volaient à travers des environnements magnifiques, avant d'affronter des monstres avaient de quoi séduire les joueurs. Rebelote en 2018, où le titre a présenté les contours d'un Destiny-like à la BioWare, même si de nombreuses questions se sont alors posées. Arrive le début d'année 2019, où nous avions pu rencontrer les équipes du jeu. En ressortait une impression de malaise, dans laquelle le endgame et la narration étaient des sujets sur lesquels le studio bottait en touche, et pour cause. Quand Anthem est sorti, ce fut la douche froide. Si les sensations étaient bonnes, le loot était peu intéressant, déséquilibré voire bugué, le scénario à peine ébauché, et le contenu ne suivait pas.
Rapidement, des enquêtes sont menées, notamment par Jason Schreier, qui découvre que le développement a été extrêmement compliqué, et que ce qu'on avait vu lors de l'annonce n'a pas existé avant 2018. A coup de phases de crunch et de réunions houleuses, le titre est finalement sorti dans un état inquiétant. Une inquiétude qui s'est poursuivie toute l'année, avec une feuille de route annoncée puis abandonnée, pour finir par d'insistantes rumeurs de refonte totale, et le départ de nombreuses têtes pensantes et créatives... Anthem survivra-t-il ? EA semble le croire. Les joueurs eux, ont déjà majoritairement oublié le titre.