Vous l’aurez donc compris, l’incursion du géant américain dans le domaine du jeu vidéo est intimement liée à la généralisation des connexions à haut débit et à l’envie de compléter un écosystème déjà bien large. Ces considérations ont ainsi donné naissance à un appareil d’un nouveau genre qui offrira un résultat relativement classique sur la forme (le rendu des jeux), mais très différent sur le fond (la façon dont est généré ce rendu). Dans ces conditions, pourquoi faudrait-il abandonner sa console actuelle pour passer à Google Stadia ? À qui s’adresse ce produit ?
Un produit nouvelle génération pour une nouvelle génération
Si Google Stadia a été sujet à de nombreuses critiques de la part de la communauté historique du jeu vidéo, la plupart des professionnels du secteur s’accordent à dire que nous avons affaire à un système très performant et innovant. Possibilité de jouer sur une multitude de plateformes, système évolutif, lancement immédiat des jeux, rendu 4K / 60fps… La liste des avantages de ce dispositif est longue, mais ce qu’il faut retenir tient en un mot : accessibilité. Stadia semble avant tout avoir été pensé pour les personnes désireuses d’efficacité. On allume son écran, qu’il s’agisse d’une télévision, d’un ordinateur, d’une tablette ou d’un smartphone, on connecte sa manette et la session peut commencer.
Un tel concept offre aux utilisateurs la possibilité d’accéder à leurs jeux dans de multiples conditions. Au travail durant la pause déjeuner, en déplacement, en vacances, ou directement sur son téléphone en attendant le bus, le côté nomade de Stadia s’avère inédit et séduisant. Dans une société qui réclame toujours plus de vitesse et de facilité d’utilisation, le produit de Google arrive donc à point nommé. Malheureusement, le tout dépend essentiellement de la qualité de votre liaison à Internet, ce qui veut donc dire qu’avec une connexion instable ou lente, votre partie tournera court. L’utilisation de la 5G, dont le lancement est prévu pour 2020 en France, fera beaucoup de bien aux personnes souhaitant utiliser Stadia sur leur téléphone. En somme, nous avons affaire à une recette conçue pour une nouvelle génération de joueurs souhaitant s’affranchir des contraintes du hardware.
Un lancement en 2019 parfaitement réfléchi
Mais qu’en est-il du public de core gamers, celui qui critique tant Google Stadia ? La plupart de ses objections sont en fait adressées au Cloud Gaming en général et à cette notion du tout digital. Avec le service de la firme californienne, il ne sera plus question de se procurer des versions physiques des jeux. Adieu les jolies boîtes, adieu les éditions collectors, adieu les notices et bien sûr, adieu les disques. Pour le meilleur et pour le pire puisque si cela permet à Google d’éviter la logistique et donc de récolter la majorité des revenus liés aux ventes, l’aspect matériel si important aux yeux d’une partie du public est purement éliminé de l’équation. Mais avec plus de 80% de ventes dématérialisées selon une récente étude parue au Royaume-Uni, il ne fait nul doute que la forme physique des jeux est vouée à disparaître dans les années à venir. Selon le cabinet américain Piper Jaffray, ce chiffre atteindra les 100% d’ici 2022. La fin d’une longue tradition et le début d’une nouvelle ère dont Google compte bien profiter.
Le projet Stadia est la figure de proue d’un double bouleversement du jeu vidéo. D’une part l’arrivée de nouveaux acteurs sur ce marché figé dans une sorte d’impasse mexicaine opposant Sony, Microsoft et Nintendo depuis deux générations, et de l’autre, l’entrée dans l’ère du tout digital. Nous savions que la compagnie dirigée par Sundar Pichai surveillait l’industrie vidéoludique depuis déjà de nombreuses années et sa décision de l’intégrer en 2019 n’est pas un hasard. Les étoiles sont désormais alignées, la technologie arrive à maturité, l’audience ne cesse de grimper (de 1,81 milliard de joueurs en 2014 à 2,34 milliards en 2018) et une nouvelle génération prête à embrasser le 100% digital a fait son apparition. Le grand changement, c’est bientôt.
La prudence est le fruit des longs jours
Il est intéressant de noter que l’arrivée de Google semble perçue comme une redoutable menace par les principaux acteurs de l’industrie. Coïncidence ou réaction directe à l’arrivée du géant américain, Sony et Microsoft ont conclu une alliance majeure alors que le dialogue entre les deux rivaux semblait difficile il y a encore quelques années. Nintendo aussi serait en plein rapprochement avec Microsoft d’après les informations que nous vous avions dévoilé il y a quelques mois.
Les "tôliers" préfèrent donc s’allier face à cet envahisseur que certains perçoivent déjà comme le futur roi du jeu vidéo. Mais il faut savoir rester prudent puisque l’histoire nous a prouvé que l’industrie vidéoludique ne doit pas être abordée comme une simple branche des nouvelles technologies. Microsoft en a fait l’amère expérience avec le lancement compliqué de sa première Xbox en 2001, il ne suffit pas d’être l’une des plus éminentes multinationales du monde pour créer la console qui mettra tout le monde d’accord. Le jeu vidéo est un domaine à part avec une audience et des codes spécifiques. Google a-t-il bien saisi toutes les subtilités de ce marché ? Nous le saurons dans les années à venir.