Avant d’entrer dans le vif du sujet, revenons sur ce qu’est Google Stadia. Ce dispositif que nous pourrions difficilement qualifier de console offre une approche dématérialisée du jeu vidéo. Pas de machine, pas de disques, simplement un système basé sur le Cloud Gaming et accessible à tous à partir de novembre 2019.
Une vision digitale du jeu vidéo
L’histoire de Stadia a commencé il y a au moins trois ans. L’ambition de Google était de pénétrer le marché du jeu vidéo qui génère actuellement 120 milliards d’euros de revenus selon Newzoo. Si la production d’appareils et donc de consoles n’a jamais été le point fort de la firme américaine, pour ce qui est des services Internet, elle possède une puissance de feu extraordinaire. Les connexions Internet étant désormais particulièrement véloces, le Cloud Gaming, c’est-à-dire le jeu en streaming, est aujourd’hui proche de la maturité. Il n’en aura donc fallu pas plus à Google pour commencer ses premiers essais sous le nom de code Project Yeti, puis Project Stream et enfin, Google Stadia.
Vous l’aurez donc compris, le principe de Google Stadia repose sur celui du Cloud Gaming. Contrairement à ce que nous avons l’habitude de voir dans le jeu vidéo, il ne sera pas nécessaire de posséder une console pour s’amuser puisque l’ensemble des calculs que fait habituellement votre PlayStation ou votre Xbox sera effectué par des baies de serveurs situées à de nombreux kilomètres de chez vous. Pour profiter de ce service, il faudra simplement posséder un appareil connecté à Internet et une manette de jeu. La promesse est donc simple : plus besoin d’investir dans un ordinateur ou une console qu’il faut renouveler régulièrement, Stadia permet de jouer n’importe où, pour peu qu’une connexion Internet solide soit disponible. L’accessibilité est le maître-mot du dispositif de Google.
Voici donc pour le système en lui-même. Sur la forme, vous retrouverez une interface proposant à la vente une ludothèque de jeux bien connus, comme Assassin's Creed Odyssey, Final Fantasy XV ou encore NBA 2K20. La plupart des studios et éditeurs majeurs ont répondu à l’appel lancé par Google et il sera possible de se procurer leurs titres de manière classique. En échange d’une somme qui devrait tourner autour des 60€ pour une grande production récente, vous ferez l’acquisition d’un jeu qui rejoindra alors votre bibliothèque définitivement. Largement inspirée par le Xbox Live et le PlayStation Plus, la version Pro du service permettra également de mettre la main sur une poignée de jeux gratuits chaque mois. Notons par ailleurs que la technologie du Cloud Gaming permet de vous lancer directement, sans passer par la fastidieuse phase de téléchargement.
Pourquoi Google s’estime supérieur à la concurrence
C’est bien beau tout ça, mais personne n’y avait pensé avant ? Comme nous l’avons vu, c’est surtout la montée en puissance des connexions Internet qui permet à Stadia de voir le jour. Et si nous parlons beaucoup de ce système puisqu’il est créé par Google, un géant affichant un chiffre d'affaires de 136,22 milliards de dollars en 2018, d’autres sociétés sont également présentes sur ce secteur. Nous pouvons par exemple citer Shadow, le service de l’entreprise tricolore Blade, ou le GeForce Now de Nvidia qui reposent sur le même principe.
Du côté des pontes du jeu vidéo, Sony propose le PlayStation Now qui permet d’accéder à une bibliothèque comptant près de 750 jeux en échange d’un abonnement facturé 14,99€ par mois. Une approche différente, que l’on qualifie généralement de "Netflix du jeu vidéo". Chez Microsoft, on semble plus préoccupé par la possibilité de streamer le catalogue Xbox sur mobiles, mais le principe du Project xCloud reste sensiblement le même que celui de Google Stadia. Face à ces autres géants déjà bien implantés dans l’industrie vidéoludique, Google espère s’imposer avec une arme capitale dans le domaine du Cloud Gaming, les baies de serveurs.
Il faut d’abord bien comprendre comment fonctionne le Cloud Gaming. Avec cette technologie, votre écran n’est qu’une plateforme destinée à afficher un flux vidéo envoyé par un serveur distant. Sur ce dernier, le jeu est stocké, exécuté et c’est donc par Internet qu’est envoyé le résultat à afficher. Les actions que vous effectuez sur votre manette sont également enregistrées et transmises au serveur qui fait tourner votre partie. Dans la théorie, c’est une méthode qui fonctionne, mais dans les faits, de légers décalages peuvent se faire ressentir lors d’une session. Ces quelques millisecondes de délai entre vos actions sur la manette et le résultat à l’écran peuvent provoquer une gêne. Cette problématique est liée à plusieurs facteurs. Tout d’abord la vitesse de votre connexion, comme nous allons le voir plus tard, mais aussi la distance qui vous sépare du serveur auquel vous êtes connecté. Grâce à ses très nombreux Data Centers (baies de serveurs) répartis aux quatre coins du globe, Google est sûr de pouvoir vous mettre en liaison avec un serveur très proche de vous, réduisant ainsi les potentiels lags. C’est notamment pour cette raison que la firme estime avoir une force de frappe supérieure à la concurrence.