Bien que le jeu n'ait pas eu la chance de bénéficier d'une traduction dans notre langue (les textes sont en anglais), on comprend dès les premières minutes que l'atmosphère de The Witch and the Hundred Knight s'inscrit dans la droite lignée des autres productions Nippon Ichi. Humour déjanté, situations rocambolesques et autres répliques acerbes entre personnages hauts en couleur sont omniprésents tout au long de l'aventure, et on adhère assez facilement à cette histoire d'autant plus décalée que l'on joue ici du côté des méchants. Dans la peau d'une misérable créature vouée à devenir le démon légendaire Hundred Knight, le joueur est convoqué par l'impitoyable sorcière des marais qui a juré de faire la peau à sa rivale de toujours, la sorcière des bois. Inutile de préciser que l'échec n'est pas permis et que la cruelle Metallia, qui ne supporte pas qu'on écorche son nom, compte sur vous pour localiser chaque pilier afin de transformer les contrées du royaume d'Amataya en un gigantesque bourbier...

« Witch Domination »

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Attention, The Witch and the Hundred Knight est bavard, très bavard, et même si les situations ne manquent pas de piment, le comique de répétition et certaines autres lourdeurs narratives font que l'on décroche fréquemment lors des trop nombreuses discussions entre les personnages. Afin que le joueur se sente un minimum impliqué dans ces conversations, les concepteurs ont intégré la notion de « self assertion » pour nous permettre d'orienter nos choix de réponses. Les réactions varient bien sûr selon notre interlocuteur, mais encore faut-il que le vermisseau que l'on incarne devienne suffisamment intelligent pour pouvoir contredire ou questionner celui à qui il s'adresse... Après avoir acquis le pouvoir de prendre nos propres décisions et de nous défendre, les commandements impitoyables de la sorcière nous obligent à commettre notre premier méfait en pillant un village au grand dam de ses infortunés habitants. Là encore, Nippon Ichi a tenté de faire preuve d'originalité en nous demandant de piller les bâtiments pour en dégager leurs occupants récalcitrants afin de récupérer le butin qui se cache à l'intérieur. Ainsi, et si votre niveau est suffisant, vous pourrez étendre la domination de la sorcière en conquérant un par un chaque bâtiment, rendant ces lieux plus faciles à utiliser après en avoir pris le contrôle. Par exemple, même si les villageois vous jettent à la porte lors de votre première visite, vous pourrez leur prendre leurs trésors par la force en y revenant après un pillage. D'une manière générale, le joueur a la possibilité d'attaquer les NPC, leur niveau d'expérience étant visible en permanence à la manière d'un Disgaea.

« Chrono Gigacalorie »

Si, à première vue, l'action de The Witch and the Hundred Knight ne semble pas trop éloignée des hack'n slash habituels, le système de jeu fait intervenir tellement d'éléments originaux que le gameplay se démarque très vite des autres titres du genre. Attention, cela ne signifie pas que toutes les idées sont bienvenues, loin de là, mais on prend un certain plaisir à découvrir chacune des subtilités du système de jeu, même si la plupart impliquent des contraintes pas toujours très pertinentes sur le plan du gameplay. Le point le plus déroutant est que l'on ne peut pas rester très longtemps sur une même map, divers éléments nous obligeant à en sortir précipitamment pour y revenir ensuite plusieurs fois afin de la compléter à 100%. Chaque pilier découvert vous permet ainsi de quitter les lieux à tout moment, mais aussi de distribuer les points de grade acquis en combattant pour booster vos stats (HP, attaque, défense, etc). Mais ces bonus ne sont que temporaires et disparaissent dès que vous sortez de la map en question. Autrement dit, on est constamment partagé entre le désir de rester le plus longtemps possible pour booster ses stats afin d'acquérir un maximum de bonus, et l'envie de faire un détour à la base pour sauvegarder tout ce qui a été débloqué entre-temps. Car le niveau de votre personnage n'évolue pas en temps réel mais seulement lorsque vous quittez un niveau, toute l'expérience acquise étant alors distribuée d'un seul coup. Qui plus est, à chaque fois que vous changez de « facet », ce qui influe non seulement sur l'apparence mais aussi sur les propriétés de votre personnage, il vous faut repartir au niveau 1, vos autres skins étant heureusement accessibles à tout moment si vous les placez en réserve.

Mais ce n'est pas tout ! La contrainte la plus stressante du système de jeu réside dans la notion de Gigacals. Prenant l'apparence d'un chrono qui diminue continuellement, les Gigacals représentent en quelque sorte votre énergie et menacent fatalement votre jauge de vie si jamais ils viennent à s'épuiser complètement. Pour retarder l'échéance, vous pouvez soit dépenser vos points de grade pour faire remonter la jauge, soit dévorer les ennemis que vous aurez suffisamment affaiblis. La deuxième solution présente malheureusement un problème de taille : votre estomac se remplit très vite à chaque ennemi dévoré, et une fois plein, vous ne pouvez plus rien ingurgiter... Il existe bien des objets permettant de vomir, ou encore des laxatifs, mais encore faut-il mettre la main dessus, et ce n'est qu'au fil du temps que la capacité de votre estomac se verra augmentée, petit à petit. Notez que la perte de tous vos Gigacals et de vos HP entraîne un retour forcé à la base et que vous pourrez dire adieu à la plupart des bonus acquis en cours de route, les récompenses étant généralement stockées dans votre estomac. Et quand on sait que le loot représente la clef de l'évolution de notre personnage, on apprend vite à jouer la prudence !

Le choix des armes

Pour ce qui est de l'action, le titre prend aussi un malin plaisir à se démarquer en proposant là encore des idées qui sortent de l'ordinaire. L'arsenal, par exemple, constitué de lances, épées, masses et autres outils bienvenus, peut être équipé de manière à favoriser les combos. Pour cela, vous devez placer vos armes dans les bons emplacements en tenant compte de leur valeur (de 1 à 5, comme sur un dé) et pas seulement de leur puissance (leurs niveaux sont évolutifs). On peut ainsi équiper cinq armes différentes à la fois, le fait de varier leur nature étant d'autant plus important que les ennemis ne sont pas tous sensibles aux mêmes types de frappes (perçantes, contondantes, etc.). L'amélioration de l'arsenal représente donc déjà une part intéressante du système d'évolution de votre Hundred Knight, à vous de vous débrouiller pour tenir assez longtemps dans les niveaux afin d'empocher les meilleures récompenses en fin de stage. Avec le temps, l'acquisition des pouvoirs Tochka offre une approche un peu plus tactique des combats, certains permettant par exemple d'invoquer des pièges, des bombes, des familiers ou même de faux ennemis pour faire diversion. Face aux boss, il convient de guetter le moment où leur jauge de garde est au plus bas pour riposter, généralement juste avant qu'ils ne lancent une puissante attaque. En cas de problème, le recours à la furie Chaos Revelation reste une option qui peut faire la différence, même si elle draine littéralement tout votre capital de GigaCals.

Où est Charlie ?

En fait, le gros souci du système de combat vient du fait que la perspective adoptée n'offre pas une lisibilité optimale de l'action. Peu variés, les environnements font généralement intervenir des branches d'arbres et autres éléments du décor qui masquent une bonne partie de l'écran. Même en passant une bonne partie du temps à jouer avec la caméra, on est continuellement gêné par ces problèmes de lisibilité. Autant dire qu'on en vient trop souvent à combattre à l'aveuglette en se fiant surtout au radar, ce qui rend d'autant plus délicate la réussite des esquives (Mystical Dodge) qui ralentissent momentanément l'action. A cela s'ajoutent les effets graphiques qui viennent ponctuer chaque attaque au point de couvrir presque totalement l'écran, sans oublier les indications textuelles qui s'affichent continuellement sur le côté mais que l'on peut heureusement choisir de désactiver. The Witch and the Hundred Knight souffre aussi d'une redondance certaine dans ses missions, les décors n'étant pas assez renouvelés et seule la montée en puissance du héros pouvant motiver le joueur à revenir explorer les niveaux pour les compléter à 100%. Car il y a du pain sur la planche pour qui veut terminer le soft dans son entier, ne serait-ce que pour venir à bout des 13 chapitres du jeu, booster toutes les « facets » du Hundred Knight, dénicher le meilleur arsenal et mettre la main sur l'ensemble des pouvoirs Tochka.