En se basant sur son expérience, Electronic Arts affirme d'ores et déjà savoir que la moitié des acquéreurs du jeu officiel de la prochaine Coupe du Monde ne seront pas des habitués de la série FIFA. Si ce phénomène se répète lors de chaque tournoi international, il devrait être d'autant plus important cette fois-ci avec une compétition qui fait saliver à l'avance tout amateur de football. Et donc, par extension, un public très large. Aussi, les développeurs ont choisi de mettre de côté la volonté de se rapprocher de la simulation ultime pour proposer un résultat dans l'ensemble plus accessible et festif qu'à l'accoutumée. Quitte à léser une partie des joueurs.

Un contenu solide

Côté contenu, EA devrait se montrer à la hauteur de l’événement avec pas moins de dix modes différents. Offline, vous aurez notamment la possibilité de faire une Coupe du Monde classique – seul ou à 32 en local – mais aussi de partir des phases de qualification pour valider votre ticket pour la compétition avant de tenter de la remporter. En parallèle, les développeurs proposent également de revivre les véritables scénarios qui ont émaillé ces campagnes qualificatives, à l'instar du fameux France-Ukraine de novembre dernier. Comme dans un FIFA classique, le jeu offre aussi la possibilité de n'incarner qu'un seul joueur sur le terrain à travers le mode « Captain Your Country ». Vous commencez alors au bas de l'échelle, en tant que simple prétendant à une sélection en équipe nationale, pour finir, dans le meilleur des cas, comme vainqueur de la Coupe du Monde. EA a également conçu un nouveau mode d'entraînement qui permet de faire progresser les statistiques des joueurs de son équipe en fonction de l'atelier choisi et des performances que l'on réalise lors des différentes séances.

Online, vous pourrez bien entendu disputer directement la Coupe du Monde. Auquel cas, sept matchs suffiront pour être champion. Mais il existe aussi le mode « Road to Rio » qui reprend grosso modo le fonctionnement des saisons en ligne des épisodes classiques de FIFA tout en ajoutant à l'ensemble une petite touche brésilienne. C'est-à-dire que chaque division est en fait l'une des villes qui accueille la compétition. Enfin, une mise à jour a priori quotidienne vous donnera l'occasion de relever divers défis en rapport avec les matchs se déroulant dans la réalité. Ajoutez à tout ce contenu le fait que le jeu intègre 203 sélections nationales et 21 stades dont les 12 de la prochaine Coupe du Monde et vous comprenez que le programme s'annonce chargé.

Un parfum de Coupe du Monde

Jeu officiel oblige, EA souhaite retranscrire l'atmosphère si particulière qui règne pendant les matchs d'une Coupe du Monde. Ainsi, un effort a été fourni sur la mise en scène. La caméra se tourne régulièrement vers le public pendant les rencontres. Que celui-ci soit à l'intérieur ou à l'extérieur du stade. On nous montre en effet régulièrement des supporters en délire, massés dans divers lieux emblématiques de chaque pays. Par exemple, les Champs-Elysées pour la France. Avant chaque match, les différentes enceintes brésiliennes, dont certaines sont d'ailleurs toujours en cours de construction, sont également montrées en long, en large et en travers. Pour leur part, les sélectionneurs dont les équipes sont présentes à la Coupe du Monde ont été modélisés. Avec plus ou moins de réussite serait-on tenté de préciser. Espérons que Didier ne soit pas un adepte de FIFA, sans quoi, c'est la crise cardiaque assurée. Cet effort de mise en scène est bien entendu louable. Le problème, c'est qu'après une heure de jeu, on a déjà l'impression d'avoir vu vingt fois les mêmes scènes de joie. Il y a un côté ultra répétitif dans tout cela qui risque de vite vous lasser. Voir son sélectionneur lever les bras maladroitement lors de chaque but, c'est amusant la première fois mais cela devient rapidement pénible. De même pour les quelques supporters – quasi systématiquement habillés de manière loufoque – présents dans les tribunes et vers lesquels la caméra aime se tourner. N'oubliez pas en prime que le jeu n'est disponible que sur Xbox 360 et PlayStation 3. Le choc est grand pour quiconque s'amuse aujourd'hui sur la dernière génération de consoles, notamment au niveau des animations de la foule justement. La raison invoquée officiellement pour ce qui est de l'absence de sortie sur PS4 et Xbox One ? Le fait qu'EA veuille toucher un maximum de joueurs, la base installée pour ces machines étant visiblement encore trop faible, notamment au Brésil. Des excuses que l'on va se permettre de qualifier de douteuses.

L'accessibilité à tout prix

Le plus important reste toutefois la vérité du terrain. A ce niveau-là, mettez de côté toutes les annonces officielles faites par EA car la réalité est tout autre. Manette en mains, on a clairement l'impression d'opérer un retour en arrière même si cela est assumé par la société américaine. Le principal changement par rapport à FIFA 14 se situe en effet au niveau du rythme des matchs qui s'avère ici ultra rapide. Ce qui brise clairement l'équilibre attaque / défense trouvé dans les derniers FIFA. Une démarche totalement voulue puisque les développeurs souhaitent clairement favoriser le spectacle. De ce fait, il n'y a plus non plus cette inertie importante au niveau des joueurs qui poussait à construire ses actions. On passe d'un camp à l'autre en deux passes. Cette accélération très nette des parties engendre un problème assez important : le retour massif des collisions folkloriques. Pourtant, à quelques exceptions près, on avait l'impression d'en avoir fini avec ces contacts étranges qui ont fait l'objet de multiples vidéos moqueuses sur le Net. Dans Coupe du Monde de la FIFA, Brésil 2014, les corps s'entrechoquent à nouveau n'importe comment et de manière quasi systématique. Sur la version à laquelle nous avons pu jouer, les gabarits des joueurs n'étaient en plus pas respectés. A titre d'exemple, Valbuena fait en gros la taille et la largeur de Pogba. Avoir 22 acteurs taillés comme des rugbymen, cela n'aide pas non plus à rendre l'issue des duels plus réaliste. Clin d'oeil ultime à destination des joueurs novices, EA propose un mode Beginner qui devrait leur permettre de s'y retrouver. Les contrôles sont réduits au strict minimum – à savoir deux boutons – alors que les défenses jouent quant à elles les passoires.

Du côté des nouveautés réellement présentes dans le jeu, il faut souligner l'arrivée de tactiques sélectionnables rapidement via la croix directionnelle lors des corners. Cela permet par exemple de demander à un joueur de couper à coup sûr au premier poteau. Certains gestes comme la panenka bénéficient aussi de nouvelles animations. Des progrès ont été effectués au niveau de ces dernières. En tout cas, par rapport aux versions 360 et PS3 de FIFA 14. A l'évidence, le titre d'EA sera affiné dans les semaines à venir mais en l'état, on ne peut que se montrer déçu si l'on attendait un jeu peaufinant le gameplay du dernier FIFA. Cette première déception passée, on note que cette volonté d'accessibilité semble nuire au jeu du côté des collisions. Et ce, même si celui-ci reste malgré tout assez plaisant, les développeurs n'ayant pas non plus fait une croix sur tout ce qui pimentait les récents FIFA.