Depuis quelques années, Traveller's Tales (aussi appelé TT Games) s'est fait une spécialité. Le studio britannique développe des jeux estampillés LEGO autour de licences célèbres telles que Star Wars, Harry Potter ou Le Seigneur des Anneaux. Une sorte de routine que l'arrivée de la Wii U vient brutalement briser. Pour une fois, TT Games n'est pas parti d'une œuvre connue. LEGO City Undercover propose un univers créé de toutes briques. Pour autant, celui-ci se révèle être gorgé de références, la plupart du temps à des jeux vidéo ou des films. La scène d'introduction, rappelant fortement celle de GTA IV, demeure un parfait exemple de cette volonté de faire en permanence écho à des œuvres relevant de la culture populaire. Par ailleurs, les développeurs n'ont rien perdu de cet humour qui pimente les jeux LEGO. Pour ainsi dire, ils ne s'arrêtent jamais. La moindre cut-scene est l'occasion de sortir une flopée de blagues plus ou moins réussies. Les dialogues, les expressions faciales, les attitudes, la mise en scène, tout est accentué en permanence. Chaque personnage est une caricature vivante. Du héros « beau gosse » prétentieux au chef de police autoritaire et détestable en passant par la petite amie blonde pas bien maligne. Le ton reste en permanence très léger. Contrairement à un Saints Row, si le jeu se présente sous la forme d'une parodie de GTA, il se destine principalement à un jeune public. Ce qui n'empêchera pas certains adultes d'y trouver leur compte, pour peu qu'ils arrivent à passer outre le côté enfantin du titre. Ainsi, lorsque vous écrasez un passant, celui se relève quelques secondes plus tard, indemne. De même, lorsque vous réquisitionnez une voiture, la victime saute gentiment de celle-ci et se carapate sans demander son reste. Les différentes missions débouchent quant à elles sur des situations complètement absurdes. Il se peut qu'en infiltrant une prison, vous vous retrouviez à faire du cheval mécanique, déguisé en détenu, dans le bureau du directeur de l'établissement...

D'un point de vue scénaristique, la production de TT Games n'affiche aucune prétention. Vous incarnez Chase McCaine, un flic qui débarque dans une mégalopole américaine typique - sorte de mélange entre San Francisco et New York - pour coffrer le grand méchant Rex Fury. C'est cette chasse au vilain qui demeure le fil rouge de l'aventure. Le jeu étant bâti sur le modèle GTA, il vous offre un vrai monde ouvert que vous êtes libre d'explorer à tout moment. Dans une certaine limite du moins. Car si la carte révèle la présence de deux grandes îles, les ponts les reliant sont au départ bloqués. Vous devez donc vous contenter d'une aire de jeu réduite pendant quelques heures, le temps de faire avancer l'histoire. Un procédé connu dont on se serait bien passé ici... En tout cas, sans être aussi vaste que ses concurrents open world plus matures, LEGO City Undercover se défend bien avec la présence de plusieurs zones thématiques de taille honnête. Nous avons pu circuler dans le centre-ville, la proche banlieue, nous balader au cœur d'une forêt mais aussi visiter l'île renfermant la prison Albatros (un simili Alcatraz). Pour se déplacer dans ce monde ouvert, il est possible d'utiliser de très nombreux véhicules, pour la plupart des voitures et des motos. On sait par ailleurs qu'il en existe de plus exotiques comme des hélicos. Si de base, ces moyens de locomotion sont vraiment lents, ils disposent quasiment tous d'un boost se rechargeant rapidement et permettant d'accélérer très nettement leur vitesse pendant quelques secondes.

LEGO City Undercover propose d'ailleurs de collectionner ces véhicules. Il suffit pour cela de récupérer de petits badges à l'effigie de chacun d'entre eux, dissimulés un peu partout dans les différentes zones. Ces derniers débloquent la possibilité d'acheter ces moyens de transport dans le commissariat, le hub principal au sein duquel s'effectuent toutes vos emplettes. Vous pouvez ensuite vous faire livrer les véhicules gratuitement à différents emplacements que vous aurez au préalable construits. La mécanique est identique pour les costumes à débloquer, si ce n'est que l'on doit enfiler ces derniers dans des cabines prévues à cet effet. Le jeu se destinant aux plus jeunes, on aurait aimé que les explications à propos des achats soient plus claires. En l'état, nous avons dû trouver par nous-mêmes comment se procurer voitures et costumes. Les joueurs les moins expérimentés pourraient donc passer à côté d'une partie du contenu du titre si ce souci n'est pas réglé. D'autant que cet aspect collection risque d'occuper les joueurs un moment car il y a, outre plusieurs centaines de badges à trouver, des dizaines de briques, cachées elles aussi dans le décor. En utilisant le GamePad, on peut d'ailleurs scanner l'environnement afin de détecter ces dernières. Outre stimuler le collectionneur qui sommeille en vous, elles servent aussi à construire certains éléments nécessaires au bon déroulement de l'aventure.

D'un point de vue plus global, outre quelques phases de plates-formes, on note la prédominance de deux mécaniques dans le gameplay du jeu. D'une part celle reposant sur la destruction et la reconstruction de certains éléments prévus à cet effet par les développeurs. On la retrouve dans la plupart des missions secondaires et des énigmes, toujours très simples, proposées par le jeu. Et d'autre part, celle liée à l'utilisation de costumes. Si la très grande majorité d'entre eux ont uniquement une incidence cosmétique (ceux que l'on enfile dans les cabines comme décrit au-dessus), d'autres, accessibles en permanence via une roue très simple d'utilisation, ont une toute autre importance. Au fur et à mesure de la quête principale, vous débloquerez en effet quelques habits permettant à Chase McCain d'avoir accès à de nouvelles « capacités ». En se déguisant en prisonnier, notre héros aura les outils nécessaires pour forcer certaines portes. En quittant sa tenue de tous les jours pour revêtir ses habits de policier, il pourra scanner des traces de pas (action qui ne s'effectue pas cette fois-ci au GamePad, allez savoir pourquoi...) et utiliser un grappin. Débloquer de nouveaux costumes nous oblige donc à visiter à nouveau toutes les zones pour y découvrir des secrets inaccessibles lors d'un précédent passage.

Pour terminer, abordons les quelques points qui fâchent. A commencer par l'aspect technique. De ce côté-là, LEGO City Undercover affiche pas mal de lacunes. On reprochera notamment au jeu un clipping trop prononcé. En marge de tout cela, on aurait aimé que certains environnements paraissent un peu moins vides, notamment en ville. La circulation y est peu dense et les habitants peu nombreux. Toujours au rayon des points négatifs, le GamePad nous a vraiment paru sous-exploité. Globalement, il n'est sollicité que pour scanner l'environnement à la recherche de briques ou de malfaiteurs dans certains cas assez rares, montrer quelques courtes vidéos et afficher la map. Ce qui reste au final assez maigre.