Le jeu commence par vous lâcher sur un coin d'île avec une poignée de colons. Le territoire est vierge : montagnes, forêts et plaines attendent d'être taillées, coupées et cultivées. Votre première mission consiste donc à construire les bâtiments servant à récolter les ressources de base. Les bûcherons se chargent d'abattre les sapins, tandis que les carriers s'occupent d'extraire la pierre. Evidemment, la nature n'est pas inépuisable. Lorsqu'un gisement de pierre sera tari, il faudra envoyer votre géologue en chercher un nouveau. Quant aux arbres, un forestier se chargera de les replanter pour assurer la pérennité de l'approvisionnement en bois. Tout fonctionne sur ce principe : les champs doivent être resemés, les puits recreusés, et même les poissons doivent être régulièrement appâtés si vous voulez qu'ils restent nombreux à se jeter dans vos filets.

Au fil de la progression, vous aurez accès à de nouvelles ressources et à de nouveaux bâtiments pour les transformer. Cuivre, fer, or et les fonderies qui vont avec ; marbre et granit ; bois de feuillu ou exotique et leurs scieries respectives ; farine et viande, à changer en pain et saucisses, etc. De ce point de vue, le jeu est assez complet. Mais quelques soucis viennent ternir l'expérience. D'abord, on regrette que les routes n'aient, "pour l'instant" nous dit-on, qu'une fonction esthétique. C'est dommage, quand on connaît l'importance prise par le réseau routier dans la série. Ça ne veut pas dire qu'on peut mettre les bâtiments n'importe comment pour autant, mais l'optimisation du déplacement des colons perd de son importance. Ensuite, on regrette que le commerce entre joueurs ne soit pas plus développé, alors qu'il s'agit du principal intérêt d'une version online. Dans les faits, vous ne pourrez poster qu'une seule offre à la fois, limitée à 400 unités d'une ressource (pourquoi 400 ? Mystère). Et l'interface dédiée aux échanges commerciaux n'est pas des plus pratiques : il s'agit d'un simple onglet du chat ! On peut certes l'agrandir et classer les offres, mais impossible d'effectuer une recherche selon des critères précis. D'une manière plus générale, c'est toute l'interface qui manque de finition. Par exemple, aucun outil ne permet de savoir avec précision quelles sont les rentrées et les dépenses de telle ou telle ressource. C'est préjudiciable dans un jeu où les flux de ressources tiennent une importance capitale dans le bon développement d'une colonie. Les joueurs les plus sérieux devront donc en passer par une solution externe, du genre feuille de calcul Excel... On a vu plus pratique. Bon, ne soyons pas trop sévères envers ces soucis d'ergonomie : le jeu n'étant qu'au stade de bêta, ils peuvent encore être résolus.

En revanche, ce qui n'a plus aucune chance de changer, c'est le concept même situé au cœur du gameplay : pour évoluer, il faut combattre. L'unique moyen de débloquer de nouvelles technologies, de nouvelles ressources, de nouveaux bâtiments, bref, l'unique moyen de progresser dans le jeu, finalement, c'est de combattre les camps de bandits qui se trouvent sur votre île. Un curieux choix, qui plombe sacrément l'intérêt. Car la série Settlers n'est pas réputée pour la qualité de son aspect militaire, et cet opus ne fait pas exception à la règle. Les affrontements sont résolus automatiquement, le joueur n'ayant qu'à regarder le résultat dans un mail, super... Le gameplay ne laisse aucune place à la stratégie, puisqu'il suffit d'avoir la plus grande armée pour l'emporter, en gros. Ça ne serait pas un problème si cet aspect du jeu était facultatif, si les joueurs pouvaient se développer pacifiquement. Mais, répétons-le tant ce choix de game design paraît aberrant, combattre est le seul moyen de gagner des niveaux, donc de débloquer de nouvelles technologies. On aurait facilement pu imaginer un système plus ouvert, avec des objectifs du genre "extraire 5000 pierres pour débloquer la carrière de marbre", ou encore "construire 12 maisons pour débloquer la noble demeure".

En outre, même les combats victorieux consomment énormément de troupes, qu'il faudra alors patiemment reconstituer avant le prochain assaut, ce qui rend le jeu encore plus lent. Car The Settlers Online est lent, très lent. Certes, la série est connue pour son rythme paisible, mais tout de même, là c'est trop. On dirait que tout est fait pour pousser le joueur à aller faire un tour dans la boutique. Car là, évidemment, il y a tout ce qu'il faut pour progresser plus rapidement : des colons, des permis de construire, des ressources... Et les pierres précieuses qui font office de monnaie virtuelle permettent également d'accélérer la construction des bâtiments et la production de troupes. Au moins, on ne peut pas dire que ça déséquilibre le jeu, puisque les interactions entre joueurs sont limitées à la constitution de guildes (à l'intérêt relatif) et à quelques aventures en coopération (pour encore plus de combats...). Bref, inutile d'enfoncer le clou, vous aurez compris que ce Settlers Online est assez décevant.