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Test Duke Nukem 64
Profil de forlorn,  Jeuxvideo.com
forlorn - Journaliste jeuxvideo.com

“Those alien bastards are gonna pay for shooting up my ride”. La toute première réplique de Duke annonce clairement la couleur : il n'est pas content, et les aliens vont en faire les frais. Le blondinet le plus égocentrique de tous les temps, après un succès critique sur PC, décide de conquérir l'ensemble du monde du jeu vidéo en allant faire la cour à nos consoles, et notamment à la Nintendo 64. Pour le meilleur ou pour le pire ?

Duke Nukem 64

Sorti en 1996 sur PC, Duke Nukem 3D a fait l'effet d'une bombe dans le paysage vidéoludique. C'est bien simple, il proposait à l'époque une quantité incroyable de features complètement novatrices dans un genre qui, pourtant, n'en était encore qu'à ses balbutiements : un arsenal varié et jouissif, un level design qui ferait encore pâlir de honte la majorité des FPS actuels, et un gameplay rapide et bourrin au possible. Mais surtout, il se dégageait du jeu une ambiance hors du commun, servie par un Duke aux répliques qui tachent et un univers où se mêlent ambiance postapocalyptique, drogue, sexe et sang. Quel programme ! En 1997, Duke Nukem 3D se voit adapté sur N64. Le scénario n'a pas bougé d'un iota : Duke revient d'une mission de sauvetage de l'humanité (oui, il est comme ça), pressé de trouver du réconfort auprès de ses babes et de son flipper estampillé "Balls of Steel". C'est sans compter sur ces vils aliens qui décident de le forcer à l'atterrissage avec un missile bien placé, avant d'envahir notre planète. Autant dire que nous sommes au panthéon des scénarios les plus novateurs ! Mais le portage sur consoles d'un FPS créé pour PC n'est pas forcément une mince affaire.

Duke Nukem 64
Un sobre menu pour un jeu totalement fou !
Autant l'annoncer d'emblée : ce portage N64 n'est pas qu'un simple copier-coller. C'est en réalité une véritable adaptation que nous propose Eurocom. Les raisons qui ont motivé certains changements sont assez évidentes. L'image de marque de Nintendo a clairement induit le retrait de bon nombre de références, en particulier celles au sexe et à la drogue. Les stéroïdes sont devenus des vitamines et la boîte à strip-tease du second niveau a tout simplement disparu, laissant place à un Duke Burger, le fast-food local. Les célèbres babes ont déserté les niveaux, à l'exception de quelques-unes (celles qui n'ont pas oublié d'enfiler leurs vêtements). Voilà pour le côté censure, qui était inévitable sur la console. L'autre absence, plus étonnante cette fois, est celle de la musique : en dehors du célèbre thème principal dans le menu, les musiques lors des phases de jeu ont été supprimées. C'est assez dommage quand on connaît la qualité de certaines compositions (notamment la musique de Hollywood Holocaust), qui participaient grandement à l'ambiance. Dernier élément plutôt insolite : le jeu se déroule désormais en grande partie de jour ! Nintendo craignait-il que les possesseurs de N64 aient peur du noir ? Toujours est-il que ces petits détails contribuent à donner à cette version une atmosphère assez différente de celle que l'on a connue sur PC.

Duke Nukem 64
Certains ennemis sont désormais en 3D intégrale sur N64.
Néanmoins, il faut admettre que ce sont vraiment les seules choses que l'on perd avec cette adaptation puisque les développeurs ont sauvegardé l'essentiel. Les répliques de Duke, via la voix de Jon St. John, sont toujours aussi cinglantes, l'humour est omniprésent, le design des monstres est resté le même et ceux-ci explosent toujours avec autant de grâce. Le gore est bel et bien là, ça gicle vraiment de partout et, chose surprenante sur une console Nintendo, les développeurs se sont permis de forcer le trait puisque l'on peut déchiqueter les restes des ennemis même avec des armes non explosives, ce qui n'était pas le cas sur la version PC ! Les niveaux quant à eux n'ont pas été simplifiés et ont même fait l'objet d'ajouts, tout comme l'arsenal disponible, qui a été amélioré. Car des améliorations il y en a, et pas des moindres.

Duke Nukem 64
Ces affreuses bestioles doivent toutes trépasser.
Graphiquement d'abord, la différence avec la version PC saute aux yeux : le moteur du jeu offre des niveaux en vraie 3D, les textures gagnent en définition et le tout pixellise beaucoup moins. Nous avons même droit à de la 3D pour les explosions (la version N64 est d'ailleurs la seule à proposer cela) et pour le boss de fin ! Bref, rien à redire à ce niveau-là. D'autant que la version PC, à sa sortie, n'était pas franchement impressionnante sur le plan technique et méritait vraiment une mise à jour. On aurait tout de même apprécié que les modèles des monstres, des armes et des éléments du décor (arbres, poubelles, feu, etc.) passent également à la 3D, plutôt que de rester des sprites 2D. Le mélange donne une impression un peu étrange, et surtout ne tient pas la route face aux références du moment sur la console de Nintendo, en particulier Goldeneye 007, sorti un peu plus tôt la même année et réalisé entièrement en 3D.

Duke Nukem 64
Que serait un jeu Duke Nukem sans ses charmantes demoiselles ?
Mais évidemment, ces améliorations graphiques ne seraient rien sans le gameplay qui a fait le succès de l'opus PC. Répondant aux canons du FPS classique, Duke Nukem 64 propose une action rapide et énergique, des points de vie qui diminuent suivant les dégâts reçus et des armes, munitions et médikits à ramasser un peu partout dans les niveaux. La plus grande crainte pour cette adaptation se situait bien entendu au niveau de la jouabilité au pad, mais là encore le studio s'en sort avec les honneurs. On retrouve des configurations préétablies semblables à celles du hit de Rare : au joueur de prendre un peu de temps pour choisir celle qui lui convient le mieux. Une fois en jeu, les habitudes viennent vite et l'on parvient à parcourir les niveaux avec autant de rapidité et de souplesse qu'avec une souris en main.

Duke Nukem 64
Lui, il fonce droit vers les ennuis !
Parlons-en de ces niveaux d'ailleurs, puisqu'ils constituent le cœur du jeu. Rarement on a vu un level design aussi réussi : sous ses airs de jeu bourrin au principe de progression très simple (on avance, on tire, on est bloqué par une porte rouge, bleue ou jaune, on trouve la clé de couleur correspondant à ladite porte, et on continue), Duke Nukem 64 cache en réalité des niveaux extrêmement travaillés, où le joueur se perdra plus d'une fois et tournera en rond de longues minutes avant de trouver le bon passage, souvent bien caché. Les niveaux ont généralement une dimension verticale prononcée, ce qui donne un aspect plates-formes très sympathique et, rappelons-le, novateur pour l'époque dans un FPS puisque le saut n'existait tout simplement pas dans les autres productions du genre. Ajoutez à cela un fourmillement incroyable de détails et d'interactions possibles avec les éléments du décor, et une diversité plus que bienvenue dans les environnements traversés (villes, canyons, bases militaires, vaisseaux spatiaux...), et vous aurez une idée de la richesse du jeu. Précisons enfin que dans cette adaptation, presque tous les niveaux ont fait l'objet d'ajouts de sections qui n'existaient pas dans la version PC.

Duke Nukem 64
Le Duke Burger remplace le strip bar.
L'autre apport majeur de cette version N64 concerne l'arsenal disponible. Même si on regrettera un peu l'absence du Devastator et du Freezer, l'ensemble des autres armes de Duke Nukem 3D est présent, et les nouveautés compensent largement ces manques. Parmi elles, on note l'apparition d'un Expander qui, au contraire du Shrinker, fera gonfler vos ennemis jusqu'à ce qu'ils éclatent en émettant un bruit très réjouissant, l'occasion pour Duke de nous sortir un "Rest in pieces" et pour vous, joueur satisfait du carnage, d'arborer un petit sourire malsain. Le lance-roquettes n'apparaît qu'assez tard, et laisse sa place au début du jeu à un lance-grenades qui ajoute une certaine dimension au gameplay : on peut désormais jouer avec les angles de murs et les rebonds, et beaucoup de situations y sont propices. La mitrailleuse quant à elle laisse place à une mini-mitraillette dans chaque main, puisque Duke, en plus d'être beau, grand et d'avoir du succès auprès des femmes, est ambidextre. L'apparition la plus étonnante est celle d'un fusil à plasma, arme atypique dans l'univers de Duke puisqu'elle est la seule à proposer deux modes de fonctionnement : un mode tir rapide qui vaporisera vos adversaires, et un mode tir chargé qui ne déclenchera ni plus ni moins qu'une mini-explosion nucléaire !

Duke Nukem 64
Duke lance ses fameuses répliques assez régulièrement.
On peut également noter l'apparition surprenante mais bienvenue de différents types de munitions : missiles classiques ou à tête chercheuse pour le lance-roquettes, balles "dum-dum" pour le pistolet, etc. En réalité, la seule véritable régression est la disparition d'une touche rapide pour le coup de pied, sans doute due au trop grand nombre de commandes à assigner à la manette N64. Le coup de pied est désormais une arme à part entière et doit être sélectionné dans la liste avant d'être utilisé : autant dire que vous n'en ferez quasiment jamais usage. Les différents items secondaires sont quant à eux toujours présents : lunettes à vision infrarouge, équipement de plongée, bottes antiradiations, sans oublier le fameux jetpack.

Sachez enfin que, outre la satisfaction qu'il apporte en solo, tout cet arsenal est utilisable dans un mode multijoueur bienvenu. Les adeptes de l'étripage entre amis auront à disposition des modes de jeu leur permettant de s'affronter jusqu'à quatre en écran splitté. Ils sont cependant peu variés et gravitent tous autour du principe classique du deathmatch (notons cependant que le deathmatch par équipes est passé à la trappe) avec quelques variantes : temps limité, nombre de frags à atteindre, dernier survivant, etc. Dans ces modes, on pourra choisir de jouer sur des cartes issues de l'aventure solo, mais également sur trois maps créées spécialement pour le multijoueur, bourrées de références comme toujours, comme par exemple la bien nommée "Castle Dukenstein". Pour ceux qui souhaitent une partie rapide mais qui n'ont pas de compagnons de jeu, les développeurs ont pensé à intégrer des bots, au nombre de trois maximum, chose trop souvent oubliée. Enfin, il faut noter la présence très intéressante d'un mode coopératif pour deux joueurs, qui permet de parcourir la campagne solo en écran splitté aux côtés d'un équipier. En définitive ce mode multijoueur, bien qu'incomplet, propose des features intéressantes pour les joueurs consoles.

Au final, on ressent un réel effort des développeurs pour proposer une version adaptée à la machine de Nintendo dans tous les aspects, et c'est déjà en soi une vraie réussite. Même si le tout est quelque peu édulcoré par rapport à la version PC, cette adaptation N64 reste un vrai défouloir et respecte l'œuvre originale, tout en possédant une véritable identité et en se démarquant largement des autres portages sur consoles du bébé de 3D Realms.

Les notes
  • Graphismes15/20

    Le jeu présente de nettes améliorations par rapport à la version PC, et offre un rendu très honorable. Les effets sont de bonne facture, le framerate est plus que correct, et aucun ralentissement gênant n'est à signaler. Difficile cependant d'attribuer une note supérieure à 15 sur ce critère, car à l'époque le jeu est sorti quelques mois après Goldeneye qui avait posé de nouvelles bases en matière de rendu graphique.

  • Jouabilité17/20

    Sur ce point, tout dépend de votre profil de joueur. Si vous êtes un inconditionnel du couple clavier/souris, un temps d'adaptation sera nécessaire. Cependant, il faut reconnaître que la jouabilité au pad a fait l'objet d'une attention particulière, et un joueur console qui a déjà pratiqué le FPS sur ce support sera en terrain connu. Le gameplay de Duke Nukem 3D est respecté à la lettre : du fun, de la rapidité, c'est tout ce que l'on attendait.

  • Durée de vie15/20

    Il y a quatre modes de difficulté possibles, comptez environ dix heures pour terminer les vingt-sept niveaux (dont quatre cachés) de l'aventure une première fois en mode normal (pardon, en mode “Let's rock”). Prévoyez-en une quinzaine pour finir le jeu en difficulté maximale. Ce n'est pas l'IA des ennemis qui vous tiendra en échec, loin de là, mais le système de sauvegarde sur memory pack ne vous permettra d'enregistrer votre avancée qu'une fois le niveau fini. La durée de vie reste très bonne quand on sait qu'aujourd'hui les FPS peinent à dépasser les 5-6 heures de jeu en mode campagne. Le multijoueur, de bonne facture, est là pour prolonger le plaisir et propose même des bots pour les joueurs solitaires.

  • Bande son13/20

    Le thème mythique du menu principal est bien là. Mythique, mais désespérément seul. La disparition des musiques en jeu est une vraie déception. Les bruitages rattrapent heureusement cette absence peu justifiable : ils donnent aux armes une sensation de puissance, les bestioles sont immédiatement identifiables rien que par leurs bruits, et certains sons d'ambiance viennent couper les rares moments de silence (comprenez par-là les quelques instants où vous ne tirerez pas dans tous les sens).

  • Scénario12/20

    Impossible de mettre une bonne note car, nous sommes d'accord, le scénario est objectivement niais. Impossible non plus d'en attribuer une mauvaise, puisque celui-ci participe entièrement à ce qu'est Duke Nukem : un jeu qui ne se prend pas au sérieux, qui s'assume pleinement, et dont le seul but est de nous défouler. Quel meilleur prétexte pour cela qu'un scénario digne d'un film de série Z ?

Duke Nukem 64 est l'archétype de la bonne adaptation. Les développeurs sont parvenus, malgré la censure de certains points, à retranscrire l'ambiance et le ton de l'opus original, tout en conservant le gameplay qui a fait son succès. Mieux, ils l'ont fait en tenant compte des spécificités du support cible, pour aboutir à une version du jeu tout à fait convaincante que les adeptes de FPS possesseurs de N64 se doivent d'essayer.

Note de la rédaction

17
16.7

L'avis des lecteurs (38)

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N64 Eurocom GT Interactive FPS
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