Edité par Capcom, ce jeu de plates-formes est sorti en 1990 dans certaines contrées américaines, puis fut exporté officiellement en Europe la même année. Par « exporté », comprenez qu'il s'agissait d'un import brut des cartouches de jeux par dessus l'Atlantique, ce qui explique entre autres l'appellation Chip'n'Dale : Rescue Rangers pour l'équivalent de Tic et Tac : Rangers du Risque, dans la langue de Molière. Mais passons : le plus problématique, c'est que la contrainte de zonage du jeu n'a pas été levée. Il fallait donc prévoir un surplus dans le budget pour s'équiper d'un adaptateur le faisant fonctionner sur nos consoles au visage PAL.

Équipé de notre arsenal, on allume la bécane et on plonge dans l'univers du chouette binôme mangeur de noix. A l'écran titre, un choix de mode s'offre à nous, en l'occurrence le mode 1 joueur ou le mode coop, sur lequel nous reviendrons plus tard. Une fois le mode « tout seul dans son coin » sélectionné, on se retrouve dans la peau de Tic (Chip), le rongeur à chapeau. La prise en main est rapide et instinctive. Comme pratiquement pour tous les jeux de plates-formes de l'époque, on utilise la croix pour diriger, A pour le saut, et B pour l'action. Dans ce jeu, l'action en question est fondée sur un gameplay pour le moins original. Il s'agit en fait de soulever des caisses de divers matières ou volumes, puis de les utiliser soit en bouclier en se baissant pour se protéger, soit en tant que projectiles pour faire trépasser du méchant pas beau. Cela rend le jeu très animé, vu la vitesse à laquelle ces derniers apparaîssent pendant l'avancée. Le personnage se manie bien, réactif comme il se doit, bien qu'un chouia rigide au niveau de la hauteur du saut.

Tout au long du jeu, on appréciera le bestiaire très sympathique tiré de la série animée, et très diversifié, ce qui contribue à rendre le jeu bien moins linéaire. Mention spéciale pour le level design particulier. Parce que nous les voyons au travers des yeux de deux héros de très petite taille, vous vous en doutez bien, les lieux humains habituels comme la ville, les magasins, les bois ou la cuisine présentent un tout autre visage, composé de dangers et de passages complètement différents mais non moins loufoques. Revers de manche, par contre : la durée de vie. Si le jeu plaît bien en lui-même, il nous laissera cruellement sur notre faim en nous offrant seulement 11 niveaux, répartis sur un semblant de carte du monde qu'on explore à bord du dirigeable des rangers du risque. En plus de cela, cette carte laisse libre choix de faire tous les niveaux disponibles, ou bien de foncer tête baissée à travers le jeu en en évitant certains, ce qui rend possible le bouclage du titre en 7 niveaux uniquement ! Dommage pour la longévité. Mais comme il n'y a pas de fonction de sauvegarde, on pourra peut-être tendre à considérer cela comme positif. Par chance, le mode deux joueurs est ici pour rehausser la donne. La possibilité de parcourir les mondes avec un copain offre de bons moments de rigolade lorsqu'on s'assomme à coups de caisses, ou lorsque l'un porte l'autre. Mais il faut avouer qu'à cause de cela, la difficulté aussi peut se retrouver accrue, si l'on a un coéquipier toujours déphasé par rapport au défilement, par exemple.

Les niveaux sont agrémentés de bonus stages plutôt bien pensés où il faudra soulever les caisses pour s'empiffrer d'étoiles, de fleurs ou de vies supplémentaires, et d'un boss assez facile à éliminer en général. Il y a aussi de petites conversations vouées à donner des conseils pour traverser les obstacles qui se dressent sur votre chemin, et pour faire avancer un scénario en arrière-plan qu'on aura vite fait de passer dans le feu de l'action : les rangers du risque reçoivent un message indiquant que leur voisine, à l'instar de la mère Michelle, a perdu son matou. Il s'apercevront plus tard que ce n'est qu'un guets-apens de leur ennemi juré Fat Cat (Catox, en français) pour kidnapper leur amie inventrice Gadget, et lui faire réaliser diverses machines et créations. Ni une ni deux, les deux courageux écureuils se lancent à sa rescousse.

Finissons par l'ambiance que le jeu nous offre. Les graphismes sont parmi les plus colorés de la console, et sont dotés de plus de finesse que la moyenne. Les sprites sont bien réalisés, les mouvements sont bien retranscrits dans l'ensemble et donnent plaisir aux rétines. Les musiques de fond aussi sont de bonne facture. Même si elles sont souvent tirées des dessins animés de l'époque comme le thème principal, elles sont entraînantes, et sont du genre à s'effacer difficilement de la cervelle en général, ce qui pourrait les rendre presque dignes des plus grands hymnes de la console 8 bits. Enfin, les bruitages sont agréables et traduisent bien l'ambiance cartoon que véhicule le jeu, bien que le son d'atterrissage du saut peut se révéler agaçant en mode coop si l'on se met à sauter dans tous les sens.