
“Et si j'essayais ce sortilège pour m'amuser ? Abracadabra ! Et celui-ci ! Et celui-là ! ...” Bravo, vous venez d'invoquer Yongo, un monstre venu d'une autre dimension, et surtout venu dévorer votre village en une seule bouchée. C'est malin. Allons, essayons de réparer ce joyeux bazar.

On vous l'accordera, le scénario de Pandemonium! se veut plus amusant que passionnant. Nikki et Fargus, les deux héros de cette aventure, sont deux jeunes farfelus qui annoncent la couleur. Mais c'est plutôt du côté du gameplay et de l'ambiance que ce jeu s'est fait un nom en 1996, dans les jeunes années de notre bonne vieille PlayStation. C'était l'époque où le jeu de plates-formes observait d'un œil méfiant l'apparition et l'émancipation de la 3D, parfois avec raison. Entre les réussites éclatantes et les échecs cuisants de ses rivaux, un petit rusé s'est faufilé avec une idée en tête : conserver une maniabilité 2D classique dans des décors en 3D. Pandemonium! et la 2,5D étaient nés. Ce concept alléchant permet de ne pas effrayer les habitués tout en affichant un style novateur. On se retrouve avec un personnage capable d'aller à droite, à gauche et de sauter, comme d'habitude, mais sur un chemin prédéfini (comme sur un rail) qui nous donne l'impression d'explorer les profondeurs. Et qui dit décors 3D dit caméra, le cauchemar de nombreux titres encore aujourd'hui. Sur ce point notre jeu s'en tire avec les honneurs. Il faut surtout compter un temps d'adaptation et éviter d'avancer trop vite lorsque le chemin n'est pas bien visible (au risque de se retrouver le nez – et le reste – dans le vide). L'effet final est assez unique puisqu'on se retrouve dans un jeu de plates-formes aux perspectives plus réalistes, où l'on ne sait pas toujours ce que l'on va rencontrer au prochain tournant. Parfois cette idée est maladroitement mise en place, mais le plus souvent elle touche juste.

- Graphismes 16 /20
Sans être exceptionnelle, la qualité graphique du titre se hisse suffisamment haut pour nous délivrer une ambiance proprement impressionnante et unique parmi les jeux de plates-formes habituels. Le concept de la 2,5D ne fait pas l'impasse sur des arrière-plans qui achèvent de nous donner le vertige, perdus dans des environnements positivement étranges, hostiles et inconnus.
- Jouabilité 16 /20
Pris entre une caméra révolutionnaire et un gameplay classique, Pandemonium! nous offre une expérience très intéressante. Celle-ci est souvent réussie mais comporte son lot de maladresses, notamment lors des séquences de glissade où l'action défile trop vite dans des angles de vue difficiles à aborder. Autrement, le level design se montre souvent intelligent et nous confronte à des situations et des ennemis où le bref coup d'œil du gamer est essentiel pour s'en sortir sans accroc. Finalement on regrettera surtout le faible intérêt de Fargus et certains choix (comme l'impossibilité de s'accrocher aux rebords) qui seront remarqués et corrigés pour le second opus.
- Durée de vie 12 /20
Le mince écart entre les deux personnages jouables ne permet pas d'allonger une durée de vie honnête par ailleurs. La part d'exploration du soft est intelligemment mise en place et la difficulté générale garantit une longévité acceptable pour le genre. Préparez donc une feuille et un crayon pour noter les mots de passe, faire une pause et reprendre votre souffle !
- Bande son 15 /20
Les musiques de Pandemonium! se veulent à la fois éclectiques et dans le ton de chaque niveau qu'elles accompagnent. La bonne qualité d'ensemble ne confine pas au génie musical, mais l'essentiel est là. Pour le reste, effets sonores et voix sont, une fois encore, utilisés de façon judicieuse et participent à l'ambiance bizarre et variée du jeu.
- Scénario 10 /20
Un scénario de jeu de plates-formes correct puisqu'il se contente de nous amuser et de proposer des héros hauts en couleur, à l'image du jeu.
Que l'on soit habitué à la 2D ou à la 3D, jouer à Pandemonium! est au premier abord déroutant. Cette idée d'un jeu de plates-formes aux perspectives plus vivantes et à l'ambiance étrange ne séduira peut-être pas tout le monde mais l'effet produit est incontestable. En étant plus audacieux dans ses environnements, en peaufinant son concept de 2,5D et en bousculant davantage ses mécanismes de jeu, Pandemonium! aurait pu se hisser parmi les plus grands du genre...