Elle s'appelle E'lara. Il s'appelle Caddoc. Elle est chasseresse, il est guerrier. Tous deux sont des mercenaires au service d'un village dont les membres sont régulièrement enlevés et torturés par des démons sortis de nulle part. Leur mission : mettre un terme à la terreur en combattant les créatures. Tel est le point de départ de ce dungeon crawler, un sous-genre du jeu de rôle un peu passé de mode qui met l'accent sur l'exploration de donjons, catacombes et autres cachots. Comme si un air de nostalgie avait soufflé pour Brian Fargo, créateur d'Interplay (Fallout, Baldur's gate) aujourd'hui à la tête du studio américain inXile Entertainment, et qui signait en 1987 son premier jeu intitulé, par le plus grand des hasards ou pas, The Demon's Forge.

Le Hunted : The Demon's Forge qui débarquera en juin prochain est un TPS articulé autour des deux héros ayant chacun leur spécificité : Caddoc, tout en muscles, se bat au corps-à-corps avec son épée destructrice, E'lara, toute en formes, préfère les attaques à distance avec son arc puissant. Les deux disposent en plus d'aptitudes magiques qu'ils acquerront progressivement. Seraphine, un troisième personnage apparaissant de temps à autre dans un halo de magie, est un guide spirituel dont le rôle reste pour l'instant assez mystérieux. La spécificité du titre, c'est de proposer soit une campagne coop sur deux écrans distants où chaque joueur incarne un des deux personnages, soit une campagne solo où l'on alternera entre l'un et l'autre. Et dans ce cas, c'est l'intelligence artificielle qui se charge de gérer le second.

Lors de notre récente prise en main, hélas un peu courte, une cinématique d'introduction se révélant être en définitive un rêve de Caddoc, a donné un premier objectif à notre duo. Il s'agissait de dénicher une fontaine de mana, une séance d'exploration et de combat au cœur d'un décor de jungle et de ruines faisant office de didacticiel en nous permettant d'incarner tantôt E'lara, tantôt Caddoc. Pour pousser un lourd pilier en pierre déclenchant une porte, ou simplement pour détruire un obstacle en travers de la route, Caddoc est l'homme de la situation. Pour éclairer une galerie sombre ou sectionner une corde retenant une autre porte, E'lara est, avec ses flèches enflammées, la plus compétente. Pour renvoyer ad patres des squelettes surgissant des entrailles de la terre, c'est lui ; pour éliminer des insectes géants à distance, c'est elle. Chacun a ainsi son propre rôle à jouer même si l'un et l'autre peuvent en sortir pour les besoins d'une situation particulière. Si par exemple, un squelette attaque E'lara au corps-à-corps, celle-ci peut délaisser son arme à distance pour utiliser son poignard bien que son efficacité soit moindre. Même chose pour Caddoc armé également d'une arbalète qui reste cependant bien moins meurtrière que son arme principale. Plus intéressantes sont les actions permettant de combiner les capacités magiques de l'un avec les compétences de combat de l'autre. E'lara pourra ainsi lancer des flèches de glace pour geler instantanément les ennemis que Caddoc fait disparaître d'un coup d'épée. Mais sur cet aspect des choses, il ne nous a pas été permis d'en voir plus...

Après avoir déniché la fameuse fontaine de mana, la quête suivante annonce une énigme à résoudre autour d'une arche, laquelle est atteinte après une nouvelle séance d'exploration et de combat assez comparable à la précédente. De quoi avoir quand même quelques inquiétudes quant à la diversité des parcours, même s'il est prudent de relativiser. Après tout, nous ne sommes qu'au début du jeu... A ce stade toutefois, on relève quelques spécificités. Ainsi, le système de loot permet de récupérer, outre les habituelles pièces et potions, des artefacts magiques ainsi que des armes qui sont automatiquement comparées à l'écran avec celles du combattant. A prendre ou pas en fonction des caractéristiques affichées. Pratique, tout comme le système de mise à couvert automatique dès lors qu'un muret, par exemple, est à proximité (et qui rappelle d'ailleurs ceux d'Uncharted ou Gears of War), ou encore le halo lumineux à afficher à tout moment pour indiquer la direction à suivre, sans oublier la possibilité de ranimer avec des potions son coéquipier tombé sous le feu de l'ennemi. Autant d'éléments qui certes, ont des airs de déjà-vu, mais qui restent synonymes de simplicité d'accès.

Dans un autre registre, on se réjouira d'une atmosphère ténébreuse et sombre qui semble plutôt bien posée. En revanche, les qualités graphiques du jeu ne sautent pas forcément aux yeux, en tout cas pas à chaque instant, et notamment lors d'explosions ou de lancers de sorts. Et le manque de détails de certains environnements est parfois manifeste. Mais surtout, les deux héros ont un charisme qui semble très éloigné de celui de Lara Croft ou de Kratos, figures emblématiques du monde vidéoludique dont ils semblent être inspirés. Quoi qu'il en soit, réponse en juin.