Si nous n'aurons pas droit à notre James Bond cinématographique cette année, Activision s'est plié en quatre pour assouvir cette passion dévorante pour le plus grand espion qui ait jamais existé. Cependant quand on voit le sort réservé à James sur Nintendo DS, on est en droit de se demander si les développeurs ne travaillent pas pour la concurrence.

James Bond est sans doute un des héros les plus éternels qui soient, du moins au cinéma. Nous faisant rêver depuis les années 60, l'agent secret a brillamment réussi sa résurrection en 2006 à l'aide d'un Daniel Craig habité par le rôle et d'un reboot audacieux mais ayant su s'émanciper de l'influence de ses prédécesseurs. En matière de jeux vidéo, la donne est toute autre. Si on se rappelle encore de l'excellent Quitte ou Double d'Electronic Arts ou bien entendu du mythique GoldenEye de Rare, il faut avouer que les adaptations de qualité sont loin d'être légion. Le problème est que ce n'est certainement pas la mouture DS de Blood Stone qui va changer cet état de fait. Vendue au prix fort, la cartouche accumule les défauts tout en nous balançant une aventure techniquement en retard de dix ans et à la progression aussi rythmée qu'un concert de Richard Clayderman. Pour autant, on y retrouve le MI-6 mené de main de maître par M qui va une fois encore envoyer James aux quatre coins du monde pour stopper une menace jugée très sérieuse. Il n'en faudra pas plus pour aligner gunfights et courses-poursuites, le tout entrecoupé de phases de piratage. En soi, le solo est donc plus ou moins complet et comme on y trouve deux autres modes de jeu, dont du multi pour quatre, qu'est-ce qui pourrait bien nous inciter à bouder notre plaisir ? Eh bien, un peu tout en fait.
- Graphismes 8 /20
Pris en tant qu'hommage aux premiers jeux vidéo en 3 dimensions, Blood Stone est un titre fort respectueux. Pris en tant que jeu sorti en 2010 sur une machine ayant déjà fait ses preuves en matière de 3D, c'est une vaste blague. La modélisation des personnages est une catastrophe, les environnements sont vides et sans âme et seuls quelques effets pas si spéciaux que ça s'en sortent convenablement.
- Jouabilité 11 /20
Si la maniabilité est typique des TPS de la machine, on ne peut pas vraiment dire que le tout soit ergonomique. En effet, devoir avancer ou combattre avec les flèches de direction, viser avec le stylet, tirer avec le bouton R et mettre à profit le bouton L pour attaquer furtivement est bien joli mais pour le confort, on repassera. Signalons également que toutes les phases du jeu (tir et conduite), d'une mollesse sans nom, s'éternisent inutilement. On appréciera de trouver quelques phases «originales» comme du piratage ou de la furtivité mais vu que tout ceci est aussi loupé que le reste...
- Durée de vie 9 /20
Le jeu est d'une simplicité sans nom et il faut vraiment en vouloir pour mourir. On en fera donc le tour très rapidement. Précisons enfin qu'en plus du mode principal, on trouve un mode Partie Rapide totalement inutile puisque permettant simplement de reprendre un niveau terminé et du multijoueur pour 4 espions possédant chacun une cartouche. Le hic est que la maniabilité n'est pas adaptée et que le tout est aussi mollasson que le solo.
- Bande son 11 /20
Quelques musiques singent le score de David Arnold sans pour autant réussir à retrouver la verve inhérente aux morceaux du compositeur. Le doublage français est quant à lui pitoyable, la plupart des comédiens récitant leur texte plus qu'ils ne le jouent.
- Scénario 9 /20
Le scénario a du mal à passer surtout après l'excellent reboot de la série proposant des synopsis légèrement plus profonds que ceux des précédents volets. Pour autant, on nage ici en plein Bond avec ce que ça implique de voyage autour du monde, de méchants terroristes et de secrets mal enfouis. Malheureusement, la mise en scène et la technique n'aidant absolument pas à crédibiliser le tout, on pouffe plus qu'autre chose tant certaines séquences sont risibles.
De dispensable sur consoles current-gen, Blood Stone se transforme en purge sans nom sur Nintendo DS. Terminé à l'arrache, techniquement faiblard, mou du début à la fin, ne parvenant pas à retenir notre attention malgré plusieurs séquences de gameplay, ce titre ne fait nullement honneur à la création de Ian Flemming. On évitera également de s'appesantir sur le multijoueur insipide, la faible durée de vie et le prix de vente boosté aux hormones synonyme d'un bon gros foutage de gueule. Moralité : Mieux vaut s'envoyer quelques Vodka Martini et vite oublier ce simulacre à la gloire d'une qualité tirant vers le bas.

