Vivant selon les préceptes ancestraux de la Voie, les peuples animaux de l'île Yenching ont mené une existence paisible durant des générations. Au fil des siècles cependant, lièvres, chats, grenouilles et pandas ont fini par oublier leurs croyances et de leur philosophie millénaire, il ne reste aujourd'hui que des mythes. Décadents et paresseux, les habitants de l'île n'opposent donc qu'une maigre résistance aux envahisseurs gorilles et aux perfides rats alchimistes qui les accompagnent. Heureusement, Kay, un chat héroïque guidé par la jeune Su Ling, va se dresser contre leurs plans maléfiques.

Une fois ce scénario présenté à l'aide de quelques illustrations baveuses, le joueur prend le contrôle de Kay pour entamer avec lui un long périple. Pas besoin de tutoriel, les commandes sont d'une simplicité désarmante : un bouton pour sauter, un autre pour courir, un troisième pour agir et un dernier pour se cacher... On ne risque pas de se mélanger les pinceaux et le gameplay y gagne assurément en accessibilité. Cependant, le joueur averti ne manquera pas de se demander comment porter les coups et enchaîner les fameux combos qui faisaient le charme de la version Playstation 2. La réponse, stupéfiante, est inscrite dans le manuel du jeu : "Les préceptes ancestraux de la Voie interdisent à Kay d'attaquer un être doué de sensations". Il est donc impossible de s'en prendre directement aux gorilles et aux rats qui menacent l'île. Tout juste a-t-on le droit de sauter sur les araignées (des êtres dépourvus de sensations ?) qui déambulent dans les décors pour leur ôter la vie. Quand on sait que Kay est un guerrier, il y a de quoi se trouver mal !

Plutôt que sur les combats, Legend of Kay mise donc tout sur l'agilité et sur la furtivité de son héros. On passe ainsi l'essentiel de notre temps à sautiller dans des décors vides à pleurer en évitant soigneusement d'attirer l'attention de toute créature susceptible de nous vouloir du mal. On doit trouver des passages détournés pour contourner nos ennemis, se cacher dans l'environnement pour ne pas se faire repérer et utiliser des objets pour progresser sans risque. Le problème, c'est que la difficulté de certaines phases de plates-formes est très exagérée et que les séquences d'infiltration sont aussi ennuyeuses que mal conçues. Du coup, non seulement on perd nos points de vie bien trop vite, mais en plus, on ne s'amuse pas. Pour couronner le tout, il n'y a pas assez de points de sauvegarde, ce qui nous oblige à refaire des niveaux entiers lorsque l'on meurt (c'est-à-dire souvent). De fait, l'expérience se révèlera extrêmement frustrante pour la plupart des jeunes joueurs auxquels se destine le titre.

Certains jeux parviennent à nous faire oublier la médiocrité de leur gameplay grâce à une réalisation soignée, un background en béton ou des missions intéressantes. Pas de chance, Legend of Kay est moche, son scénario est insipide et les quêtes qu'il nous confie consistent 9 fois sur 10 à se rendre d'un point A à un point B. Parfois, on doit aussi récupérer des objets dans les décors ou trouver une statue à activer. Conscients (?) de la banalité de ces tâches sans intérêt, les développeurs ont eu une idée lumineuse : remplacer la traditionnelle carte des quatre niveaux disponibles par un simple indicateur coloré. Résultat, on tourne en rond, on se perd, on s'énerve, on meurt et c'est reparti pour un tour ! Pas de fonctionnalités tactiles, pratiquement aucune interaction avec les PNJ, pas de multijoueur.... Tout ce que l'on a à se mettre sous la dent, c'est un tableau des records et un menu d'options nous permettant de régler le volume. En un mot comme en cent, Legend of Kay est typiquement le genre de soft à éviter à tout prix, quels que soient notre age et nos goûts en matière de jeux vidéo.