
Après avoir démontré ses qualités de concepteur sur des titres à licences tels Global Gladiators, Cool Spot ou encore Aladdin pour Disney, David Perry fonde Shiny Entertainment, sa propre société de production. 1994 marque la consécration pour le créateur qui, pour son premier projet entièrement original, engendre Earthworm Jim, un jeu de plates-formes à nul autre pareil, qui allait faire couler beaucoup d’encre et bien plus de larmes encore.

Quel joueur n'a pas pleuré de rire après avoir été témoin des pérégrinations désopilantes du héros d'Earthworm Jim ? Un insignifiant ver de terre de la planète bleue se retrouve, par un concours de circonstances grotesques, en possession d'une combinaison humanoïde octroyant à son détenteur puissance, intelligence et charisme d'un héros de comics. Ainsi vêtu, Jim court la galaxie pour porter secours à la magnifique princesse « C'est quoi son nom déjà ? », retenue prisonnière par la Reine, une entité insectoïde aussi malfaisante que moche. Une histoire loufoque sur le papier, mais qu'en est-il sur l'écran ?
Visuellement parlant, Earthworm Jim est tout simplement bluffant. Pourvu d'une ambiance cartoon distillée par des personnages extrêmement stylisés, le soft porte clairement la patte de David Perry. En témoigne l'animation de haut standing dont bénéficie le personnage principal, Jim. Ses gestes sont fluides, décomposés et traduisent avec réalisme un large éventail d'actions, constituant autant de possibilités pour le joueur qui doit alors composer avec un gameplay subtil et particulièrement riche.
- Graphismes17/20
Le character design de Douglas Tenapel fait ici merveille. Doté d’un style cartoonesque lui allant à ravir, le jeu propose des personnages délirants bénéficiant d’une animation travaillée qui leurs confère une réelle profondeur. Quant au dépaysement, il est assuré par des environnements variés, contrastant fortement les uns avec les autres.
- Jouabilité18/20
De ce point de vue, le soft est un modèle du genre. Les possibilités de gameplay, déjà conséquentes en début de partie, évoluent et varient en fonction des niveaux traversés. Un certain laps de temps est nécessaire pour acquérir le contrôle total de Jim. Passé ce cap, le plaisir de jeu est sans appel.
- Durée de vie15/20
Avec ses 10 stages, dont un caché, Earthworm Jim peut être bouclé en l’espace d’une après-midi. Ceci étant dit, la difficulté du titre garantit au joueur lambda des heures et des heures d’acharnement avant d’en voir le bout. Certains passages sont de véritables épreuves pour les nerfs et, même après les avoir franchis, la compagnie de Jim est telle qu’il n’est pas rare de replonger dans l’aventure pour braver à nouveau ses dangers.
- Bande son17/20
Le titre est bien connu pour la diversité de ses compositions. Chaque stage est l’occasion d’expérimenter quelque chose de nouveau avec, par exemple, de l’électro, de la musique de cabaret voire carrément du muzak ! Un véritable foisonnement musicale qui, couplé à des bruitages détonants, achève de doter Earthworm Jim d’une ambiance sonore unique.
- Scénario14/20
C’est l’ambiance du titre qui prime ici sur son intrigue. Peuplé de personnages rocambolesques tous plus improbables les uns que les autres, le soft se veut constamment drôle, ne perdant jamais une occasion de faire de l’humour. Concrètement parlant, Earthworm Jim est la preuve vidéoludique que le ridicule ne tue pas, même en cas d’overdose.
Earthworm Jim est un ovni dans le monde pourtant vaste du jeu vidéo. De par sa nature même, il a effrayé un bon nombre de personnes mais en a fasciné bien plus encore. Son univers déjanté, sa difficulté légendaire et ses protagonistes farfelus sont autant d’éléments sur lesquels David Perry a misé. Guidé par la passion et l’audace, ce dernier a même été jusqu’à faire d’un ridicule vermisseau le héros de son premier projet indépendant. Grand bien lui en a pris car le titre de Shiny Entertainment a marqué les esprits à tel point qu’encore aujourd’hui, lorsqu’est évoquée la crème des jeux de plates-formes, le nom d’Earthworm Jim revient immanquablement.