Sorti l'année dernière, Simon the Sorcerer 4 : En Proie au Chaos fut un vrai retour aux sources que surent apprécier les fans de la série. Hélas, sa localisation désastreuse avait un peu gâché la fête - ce qui, soit dit en passant, n'a pas empêché Atari de réitérer en sabotant un autre jeu Silver Style, Everlight : Le Pouvoir des Elfes. Cette fois, c'est Micro Application qui se charge de distribuer en France Simon the Sorcerer 5 : Rencontre avec les Extraterrestres, et qui ne s'est pas vraiment mouillé pour le coup, puisque les dialogues n'ont pas été doublés dans notre langue. On "bénéficie" donc de voix en anglais, qui ne sont pas les voix originales (le jeu est d'abord sorti en Allemagne) mais qui se montrent plutôt convaincantes à quelques exceptions près (une quadragénaire pour doubler le Petit Chaperon Rouge ? Cette petite peste a beau faire valoir une certaine maturité, faut quand même pas exagérer...). Les sous-titres en français souffrent tout de même de quelques coquilles plus ou moins gênantes : fautes d'orthographe, oublis de mots ou approximations ("scie" pour "tronçonneuse") sont au programme et témoignent d'un travail quelque peu expédié.

Les joueurs de l'épisode précédent constateront aussi des changements sur le plan visuel : les personnages et les environnements "réalistes" ont été légèrement cartoonisés. Pour les personnages, cela se traduit par des aplats de couleurs et des contours accentués. Ce n'est pas tout à fait du cel shading, mais ça y ressemble fortement. Le résultat n'est pas vilain (sauf peut-être lors des gros plans) et permet de bénéficier d'animations plus fluides que de coutume. Les décors en 2D, faits main et truffés d'effets de déformation qui renforcent leur aspect féerique, sont désormais plus proches du style des jeux Lucasarts. Plus propres et moins inégaux que dans Simon 4, ils contribuent à un rendu visuel somme toute convaincant. Aucun changement, par contre, au niveau du système de jeu : on retrouve l'interface héritée de l'opus précédent, avec un pointeur de souris qui change de forme en fonction du type d'interaction possible et une barre d'inventaire qui permet d'accéder facilement aux objets ramassés. A noter qu'au cours de cette nouvelle aventure, Simon perdra provisoirement le chapeau qui lui sert de contenant : il ne pourra alors porter qu'un nombre limité d'objets, jusqu'à ce qu'il découvre une façon (vraiment hilarante) de passer outre cet inconvénient. Pour le reste, on bénéficie toujours de plusieurs fonctions d'aide : l'affichage des éléments interactifs du décor et le système d'indices intégrés au journal de quêtes faciliteront la vie des joueurs qui souhaitent y recourir. Seuls les déplacements sur carte (présents depuis le premier épisode de la saga) ont disparu, et pour cause : ce nouvel opus ne nous laisse jamais naviguer dans plus de trois ou quatre lieux à la fois (la ville, la plage, le repaire souterrain des hommes-taupes...).

Simon the Sorcerer 5 se montre en effet plus linéaire que son prédécesseur. La faute à un scénario tout aussi tortueux, mais nettement moins fouillé. Simon est confronté à l'invasion d'extraterrestres qui en profitent pour enlever Alix, sa fiancée. Dans sa fuite, il est dérouté par de mystérieux hommes-taupes qui lui volent son chapeau magique et le conduisent dans un navire échoué à l'autre bout du monde, où ils l'enferment sous la garde du capitaine Narrow, un pirate aux allures de dandy. Bref, l'histoire part vite dans tous les sens et entraînera notre jeune sorcier aux quatre coins du monde et de la galaxie. Les habitués auront le plaisir d'y retrouver de vieilles connaissances comme Swampy le cuisinier des marécages, Boucle d'Or la voleuse, le loup et le Petit Chaperon Rouge issus du dernier opus et même le génie de Simon 2 ! Cela donne lieu à certaines redites, mais l'ensemble se laisse suivre agréablement. Ce nouveau volet bénéficie en effet d'une mise en scène plus dynamique (angles de caméra, effets de zoom/dézoom, cut-scenes régulières...) et s'appuie sur des énigmes qui, bien que simples, sont d'une excellente qualité car cocasses sans jamais être trop tordues. On regrette tout de même que l'humour soit moins subtil que de coutume. Si le quatrième opus évoquait la Psychanalyse des Contes de Fées de Bettelheim, ce nouveau volet lorgne davantage du côté d'un Mars Attacks! saupoudré d'un peu d'American Pie. Les clins d'oeil parodiques liés aux contes et à l'heroïc-fantasy laissent ici davantage la place à des références vidéoludiques et cinématographiques. Bref, c'est plus immédiat, parfois un peu gras, et si on est ici moins client, il n'en sera sans doute pas de même pour le grand public, que la faible durée de vie du titre ne gênera pas non plus outre mesure.