Après trois ans de développement, Rogue Warrior sort de l'ombre et a fait ses premier pas dans le grand monde lors du récent évènement londonien organisé par Bethesda. Nous y étions et nous n'avons pas regretté le voyage...
Le nom de Dick Marcinko évoque-t-il quelque chose pour vous ? Si vous avez répondu par la négative, c'est parfaitement normal. Ce monsieur a en effet été à la tête d'un groupe de l'unité d'élite Navy SEAL et s'est bâti une réputation de dur des durs grâce à un impressionnant tableau de chasse mais surtout grâce à son talent reconnu de jouer la carte de la discrétion. On rapporte par exemple qu'il se serait introduit dans l'avion présidentiel Air Force One pour en éprouver le système de sécurité. Voilà maintenant trois ans que Bethesda a annoncé le développement d'un jeu autour de ce soldat, comme d'autres construisent des projets autour d'un champion de skate, d'un groupe de rock ou du héros d'une saga cinématographique à succès. Dans les premiers jets, Rogue Warrior devait mettre en scène toute une équipe de soldats commandée par Marcinko. Il était également question que le principe s'appuie sur des zones de jeu très libres dans lesquelles on aurait pu aborder les différents problèmes sous plusieurs angles. Comme nous avons pu le constater lors d'une récente présentation organisée par Bethesda, toutes ces idées ont été jetées à la poubelle.
Désormais, Rogue Warrior est un jeu de tir à la première personne -un FPS- des plus classiques, même s'il utilise un principe de gestion de la caméra à deux vitesses. On n'y dirige plus que Dick Marcinko qui, mais il faut dire que c'est de ça que sont faites ses journées de bureau, se retrouve derrière les lignes ennemies, en Corée du Nord. Dans le niveau que nous avons pu voir, le sombre héros poursuit un train renfermant des missiles à destination de la Russie. Pas de quartier, il va s'agir de disposer des explosifs sur la structure d'un pont et d'attendre que les wagons passent dessus pour tout faire sauter. Marcinko progresse discrètement le long d'un parcours très directif en éliminant tout ce qui a le malheur de se dresser sur son chemin. En vue FPS pure, on tire à distance sur les ennemis qui ne sont pas les plus dégourdis de la Création, loin de là. On en a vu quelques-uns rester le dos tourné alors que leur petit camarade se faisait plomber.
Par endroits, le personnage se mettait à couvert derrière une paroi. Mais bizarrement, alors qu'on attendait que selon les critères actuels il passe son pistolet mitrailleur par-dessus le muret pour arroser ses ennemis, il lui fallait se redresser pour tirer. Ni très à la page, ni très réaliste, surtout pour un jeu développé sous l'égide d'un soldat d'élite... Heureusement pour lui, les adversaires faisaient encore montre d'une indéniable passivité en attendant bien sagement ses rafales à découvert. Seule véritable embellie dans ce tableau pas vraiment folichon : les coups fatals dont dispose Dick Marcinko pour terminer ses ennemis. Mais quand on vous parle d'embellie, ce n'est pas Oui-Oui non plus. Poignard à la main, le soldat règle leur compte à ses ennemis en plantant sa lame dans l'un de leurs yeux, dans leur gorge et même dans des endroits que la bienséance nous interdit de préciser davantage ici. Tout cela se fait à grands renforts de gerbes de sang, de gargouillis humides et de râles d'agonie.
L'ambiance du jeu est donc bien lourde mais elle n'est pas réaliste pour autant. On est bien loin des conditions de défaite particulièrement drastiques d'un ArmA, par exemple. Malgré la violence qui lui vaudra sans aucun doute possible d'être conseillé à la vente aux plus de dix-huit ans, Rogue Warrior reste un jeu. Il n'affiche pas la moindre ambition de se placer parmi les simulations. A l'issue de cette présentation, il faut aussi préciser que le graphisme est loin d'être à la hauteur des standards actuels. Et si vous considérez à juste titre qu'il s'agit là d'un avis totalement subjectif, illustrons-le par un élément très objectif : les commentaires entendus parmi l'assistance des journalistes présents à l'événement. On a entendu entre autres " Ils font encore des jeux pour la PS2 ? " et autres " C'est pas sur Xbox 360, c'est pour la première. ". Ouch ! Comme il se doit, nous reviendrons plus en détail sur les qualités et les défauts de ce titre dans un prochain test. Avant d'en finir, précisons quand même que c'est l'acteur Mickey Rourke qui prête sa voix au personnage principal et qui ponctue l'élimination des adversaires de " Stay down motherfucker. " et autres " Take that, asshole. ". Pas de doute, voilà un titre qui va donner dans le subtil et la dentelle.