Les liens entre le jeu vidéo et le cinéma existent, c'est indéniable. Et Wet est l'un des bons exemples démontrant que cette relation peut être saine et attrayante.
A peine la présentation de Wet avait-elle commencé que le représentant du studio de développement qui la dirigeait lança LE grand mot : " Tarantinesque ! ". Ne cherchez pas ce néologisme dans un dictionnaire, vous seriez déçu. Bien entendu, il fait référence au sale gamin de Hollywood, à cet employé de vidéoclub qui grâce à son amour sincère pour un certain pan du 7ème art a su tout balayer sur son passage dès la sortie de son premier film : Quentin Tarantino. Et il est clair que les développeurs de Wet se sont inspirés de son travail, plus précisément de Kill Bill. Comme le sous-entend l'utilisation de ce fameux mot avec lequel nous avons débuté cet article, ils ne s'en cachent pas. Ils l'assument même à plein en ajoutant que leur jeu est bourré de "personnages clichés" et servi par une bande sonore aux intonations rétro. Sur ce point, à nouveau, ils utilisent les recettes qui ont fait la patte Tarantino puisque celui-ci habille ses films avec des morceaux qu'il aime, plutôt que de demander à des compositeurs de lui tailler des partitions sur mesure.
Le scénario de Wet s'inscrit parfaitement dans cette inspiration puisqu'il nous permettra de faire la connaissance de Rubi, une femme forte maniant aussi bien les armes à feu que le sabre pour se défaire de ses ennemis très nombreux. Tout commence par une transaction bien louche comme on les aime entre un homme qui fume et un autre qui, l'appareil qu'il colle sur sa gorge pour parler en est la preuve, a beaucoup fumé. On le sait, on le sent, cette histoire ne va pas tarder à se gâter. Le fumeur, un certain Simmons, dégaine et s'empare de l'objet qu'il était soi-disant venu acheter. Ce n'est pas très joli-joli mais tous les fans de Kiss savent qu'il est sans gêne, Simmons. En tout cas, à peine a-t-il perpétré son forfait que Rubi, qui surveillait tout cela d'un point élevé, s'élance dans un saut de l'ange pour le rattraper. La poursuite peut commencer...
Pour situer le principe de Wet, disons qu'il s'agit d'un jeu de tir à la troisième personne dont les détails font à la fois penser à Stranglehold et à The Club. Du premier, la demoiselle a hérité son goût pour les cabrioles et les acrobaties diverses accomplies tout en dézinguant du méchant à tour de bras. Meilleur exemple : quand elle se lance la tête en bas le long d'une échelle et qu'elle élimine le comité d'acceuil qui est déjà en train d'essayer de la farcir de plomb. Elle peut aussi courir le long des murs en tirant, glisser sur le sol en tirant, faire un soleil au-dessus d'un adversaire en tirant ou encore tout ce qui vous passera par la tête. Mais en tirant. Il faut dire que les développeurs ont voulu que les joueurs s'essayent à ce style de combat très aérien. Pour cela ils ont prévu que les tirs doublés d'une acrobatie rapporteraient plus de points que les tirs simples. Car, et c'est là que se trouve le lien avec The Club, il faut enchaîner les adversaires éliminés afin de profiter d'un quotient multiplicateur synonyme d'un score honorable en fin de niveau. Et ne croyez pas qu'il faille passer un doctorat en maniement de la manette. Nous n'avons pas pu essayer le jeu pour nous en rendre compte mais, selon les développeurs, c'est le logiciel qui se charge de la visée. Le joueur n'a qu'à diriger Rubi et à tirer sur l'ennemi indiqué comme ciblé par une icône rouge. La demoiselle ne s'embarrasse même pas de recharger. A ce sujet, précisons d'ailleurs que les munitions sont infinies pour les pistolets et que ce n'est que pour les autres armes (pistolet-mitrailleur, fusil, arbalète...) qu'il faudra garder un oeil sur ses réserves.
De ce que nous avons pu voir, deux moments changent un peu le rythme du jeu. Il s'agit tout d'abord d'un niveau passé en mode Rage. Précisons que c'est le niveau qui est comme ça. Il ne s'agit pas d'une sorte de super-attaque lancée, par exemple, une fois qu'une barre d'énergie sera pleine. Dès lors, l'image devient complètement rouge et les ennemis apparaissent sous la forme de silhouettes complètement noires qui explosent en centaines de fragments dès qu'on les touche. Pour poursuivre dans les références cinématographiques, disons que le résultat à l'écran reprend un peu l'idée des aplats de couleurs du générique de l'avant-dernier James Bond, Casino Royale. Autre moment atypique : la dernière phase de la poursuite pour rattraper Simmons. Cela se déroule sur une autoroute bien chargée et Rubi passe de voiture en voiture au rythme des touches qui apparaissent à l'écran. Mais, en plus de devoir suivre ces instructions sous peine de voir l'héroïne encastrée dans l'asphalte, le joueur doit aussi se défaire des hommes de main de Simmons qui arrivent de tous les côtés à bord de gros 4X4 noirs de méchants avec options vitres fumées et canardent sans pitié la demoiselle. Donc, on évite les accidents, on progresse vers le véhicule de Simmons et on élimine les malfaisants. Programme intense et très orienté action qui se termine par un petit barbecue avec Simmons dans le rôle du steak trop cuit.
C'est clair, ce Wet ne peut pas renier ses sources d'inspiration et on a hâte d'en (sa)voir davantage sur le scénario qui s'annonce parfaitement digne des films de genre. Et si le fun est bien présent dans le fond, sachez qu'il n'est pas non plus absent de la forme. En effet, certains écrans de chargement sont en fait remplacés par des publicités comme on pouvait en voir dans les drive-in dans les années 60-70. Les créateurs du jeu ont même pensé à insérer de ci de là l'image d'un film qui se bloque dans le projecteur et finit par brûler. Voilà un sens du détail qui les honore et qui contribue à donner à Wet une personnalité très marquée même si, effectivement, c'est un jeu très référencé.