Shift... Ce mot anglais qui signifie un changement et qui si on s'intéresse plus particulièrement à l'automobile désigne le levier de vitesse traduit parfaitement le virage que va prendre l'incontournable et très prolifique licence Need for Speed. Le développement de NFS Shift a été confié par l'éditeur américain au studio Slightly Mad dont certains des employés débauchés de chez SimBin ont participé au développement d'une référence en matière de jeu de courses : GTR. Rappelons-le : dans ce titre où la course était traitée avec énormément de sérieux, le premier virage pouvait s'avérer mortel aux débutants enthousiastes avec au programme un plantage dans le gravier, la casse d'un amortisseur et le retour immédiat aux stands. Ce genre de frustration est certainement le prix à payer quand on poursuit un sentiment de réalisme.

La réputation de cette équipe la précède forcément et c'est avec l'espoir de voir une version sans compromis de Need for Speed que nous avons répondu présent à l'invitation d'Electronic Arts. La présentation est placée sous l'égide de Suzie Wallace (productrice) qui nous a immédiatement fait une démonstration du jeu en action. Piste choisie : Brands Hatch version courte, au volant d'une Lotus Elise. Pour mémoire, juste à la fin de la ligne droite des stands, les voitures se précipitent dans un virage à droite auquel s'ajoute un dénivelé assez raide. Et là, surprise ! Alors que la réputation de certains des développeurs de Slightly Mad nous laissait espérer que le moindre contact soit mortel pour la voiture qu'on pilote, Miss Wallace se fraie un chemin à grands coups d'ailes et parvient à ressortir du virage à la troisième place. Bon... Au temps pour le côté « simulation » mis en avant par la productrice. Interpelée par nos soins sur ce point, celle-ci précise qu'il s'agit bien de simulation mais de simulation mis au niveau de Need for Speed. Nous acceptons cela sans rechigner et, pour vous donner une idée précise de ce que nous avons vu, on pourrait dire que Shift cherche à se placer juste dans l'aspiration d'un Forza Motorsport. Comme référence, il y a largement pire.

A côté de cela, on ne pouvait qu'être interpellé par la qualité du rendu graphique. Les voitures étaient parfaitement modélisées donc reconnaissables au premier coup d'oeil. Les matières elles aussi (tôle, carbone, plastique ou verre) s'avèrent particulièrement convaincantes. Le tout, vu sur Xbox 360, baignait dans une fluidité irréprochable. Et à cela s'ajoutent des détails qui rendront indéniablement ce jeu attachant. On commence par les gerbes d'étincelles qui accompagnent le moindre frottement contre un rail de sécurité. Plus fort, on ne pouvait que rester admiratif face aux mouvements de la caméra quand on se retrouvait dans le cockpit. En vue subjective, la caméra semblait reculer légèrement au moment des accélérations puis replonger vers l'avant au moindre freinage. Très convaincant... En tout cas, cela s'accordait parfaitement avec la volonté déclarée des développeurs de ce NFS Shift qui, par la bouche de leur représentante, nous ont fait savoir qu'ils cherchaient à remettre le pilote au centre du jeu de courses, s'éloignant ainsi des progressions qui, souvent, s'appuient davantage sur l'acquisition de voitures diverses et variées. Autre preuve de cette politique, l'effet de flash désorientant qui accompagnera les crashs les plus sévères. Quand vous taperez dans un rail de sécurité, il faudra passer quelques fractions de secondes dans un brouillard perturbant avant de voir le pilote « retrouver ses esprits ». Et puisqu'on est en vue intérieure, on y reste pour mentionner un effet vraiment sublime qui, sous certains angles du soleil, génère un reflet de l'ensemble de l'habitacle sur le pare-brise. Pour en finir avec les effets de rendus, citons l'impression de rétrécissement du champ de vision à haute vitesse. On s'y croirait.

Plus prosaïquement, sachez que Need For Speed Shift proposera des courses auxquelles pourront participer jusqu'à seize voitures, que ce soit en solo ou en multi. Parmi les bolides disponibles, on trouvera des Chevrolet Corvette, des Porsche, Audi, Ford Mustang, BMW, Dodge Viper, etc. Certains circuits seront aussi bien des tracés authentiques que des inventions pures et simples avec, par exemple, une course se déroulant dans les rues de Londres. Pour les puristes, il sera possible d'effacer toutes les indications à l'écran et NFS Shift devrait également profiter d'un système de gestion du jour et de la nuit. Gageons que cela sera très important pour les courses d'endurance de type « 24 heures ». En résumé, malgré son étiquette de « simulation » qui nous a quelque peu semblé usurpée, Need for Speed Shift s'annonce comme un opus important pour la série. On sera loin du principe courses-plus-ou-moins-urbaines-entre-gendarmes-et-voleurs qui a fait le succès de cette licence mais, à plus de 300 km/h dans une ligne droite, au moment de doubler un adversaire sur son freinage, il se pourrait fort que vous laissiez toutes ces considérations de côté.