Une fois de plus, la boîte de jeu fait figure de solide argument marketing : bien mise en valeur dans un rayonnage, elle peut se révéler suffisamment attirante pour susciter l'achat. D'autant que le descriptif débute par cette accroche prometteuse : "Découvre, dans une aventure palpitante, la vie d'un centre équestre". Ce qui ne correspond absolument pas au contenu du jeu : Cheval Passion ne contient ni aventure, ni simulation, ni gestion d'un centre équestre. Une honnêteté minimum pousse quand même l'éditeur à annoncer un peu plus loin la présence de "20 jeux captivants", qui laissent présager un party-game. Devant l'ennui dans lequel nous plongent les différentes épreuves proposées, l'adjectif "captivant" prête à sourire, du moins pour qui ne vient pas de jeter 30 euros par la fenêtre.

Au lancement, nouvelle entourloupe à l'intention des jeunes utilisatrices : le choix entre quatre chevaux qui leur est proposé cache en réalité... une simple sélection de profil. De même, le centre équestre qui apparaît à l'écran, représenté dans une 2D aérienne digne des productions des années 80, fait seulement office de menu : c'est en naviguant (péniblement) dans cet environnement que l'on peut sélectionner l'un des 20 mini-jeux disponibles. Le problème, c'est que la réalisation des épreuves elles-mêmes est du même acabit. Le rendu visuel est extrêmement daté et le jeu souffre d'une animation complètement à la ramasse. Beaucoup d'épreuves sont constituées d'écrans fixes ; dans les autres, un scrolling différentiel sur deux plans seulement tente vainement de donner une impression de profondeur. En outre, les jeunes filles seront sans nul doute déçues par le peu de réalisme des mouvements du cheval dans les mini-jeux où l'on en prend le contrôle : le passage du pas au trot puis au galop s'accompagne simplement d'une accélération de la vitesse d'animation, tel le Benny Hill des grands soirs. Et si le cheval ne parvient pas à sauter un obstacle, il réapparaît à côté en clignotant, après qu'un bruitage digne de la génération 8 bits ait indiqué à l'utilisatrice son échec. Et pour ne rien arranger, le jeu souffre d'une reconnaissance approximative du stylet dans les épreuves qui l'utilisent, couplée à une maniabilité généralement très mauvaise.

Pourtant, le pire dans Cheval Passion ne tient pas tant dans la réalisation que dans le manque total d'intérêt des différentes épreuves, qui se révèlent plus navrantes et plus ennuyeuses les unes que les autres. Elles peuvent être classées en trois catégories. D'une part, les grands classiques des jeux d'équitation : course d'obstacles, figures, pansage... Aucune n'arrive à la cheville de la concurrence, notamment en termes de gameplay. La palme revient sans conteste à l'épreuve de tiercé, qui consiste à marteler la croix directionnelle comme un sourd pour semer ses concurrents. D'autre part, les mini-jeux "vaguement chevalins": taquin dans un paddock, solitaire avec des carottes en guise de pions, Frogger version équestre, remake de Pipemania ou de Bank Panic... On pourrait croire que ce n'est pas l'originalité qui a étouffé les développeurs. Et pourtant, c'est sans compter sur ces deux ou trois mini-jeux hors de propos, véritables ovnis grâce auxquels on se tape des barres de rire. Faire sauter un chat de balançoire en balançoire, prendre en photo des chevaux cachés dans un décor ou encore galoper à la poursuite d'un frisbee (notre favori) : ça n'a pas de prix. Enfin si, ça coûte quand même une trentaine d'euros, et celles qui auront dépensé cette somme auront peut-être du mal à adopter ce second degré. D'autant qu'elles y trouveront pour seul challenge la possibilité de débloquer quelques très succinctes fiches de chevaux. En deux mots : à éviter.