Au cas où son titre n'aurait pas suffi à vous mettre sur la voie, il suffit d'un regard au dos de la boîte de Jouons à la Marchande pour bien s'assurer que le jeu s'adresse aux jeunes filles. Précisons pourtant que l'équation marketing selon laquelle "marchande + jeu = fillette" semble erronée. En effet, brisons ce tabou qui interdit de dire que les garçons aussi jouent à la marchande. Il suffit pour cela qu'une fille le leur demande avec insistance et qu'ils finissent par comprendre que, de toutes façons, à la fin, ils céderont, comprenant ainsi une leçon qui leur sera utile dans leur vie future : mieux vaut dire oui tout de suite. Bref, dans Jouons à la Marchande, les petites demoiselles devront tenir tour à tour 3 boutiques, celle d'une fleuriste, d'un boulanger (oui là, la boutique est tenue par un homme mais le travail est effectué par une femme) et d'une épicière. Chaque segment étant le prétexte d'une suite de mini-jeux dont la plupart sont tout de même très redondants.

En tant que fleuriste, il faudra se charger de planter des graines puis les arroser ou encore reproduire sur l'écran inférieur un bouquet affiché sur l'écran supérieur. Un jeu de mimétisme qui se retrouvera plus tard soit sous la même forme soit, par exemple, en regardant la couleur du moule d'un gâteau pour savoir quel coulis verser dessus. Quelques jeux d'adresse sont également au menu. En temps limité, il faudra, chez le boulanger, former une baguette avec une boule de pâte puis tracer des entailles sur cette dernière avant de la cuire. Chez la fleuriste, on vaporisera de l'insecticide sur des pucerons avant de souffler sur les fleurs pour faire tomber les cadavres. Si de nombreux jeux ont une ressemblance marquée, certains reviennent carrément à plusieurs reprises malgré leur intérêt discutable, c'est le cas du jeu des 7 erreurs notamment. Enfin, quand on parle de commerce, rien d'étonnant à ce que des jeux de calcul pointent leur nez. Les plus simples consisteront bêtement à additionner des articles sur une caisse enregistreuse, puis à calculer soi-même la monnaie qui devra être rendue au client. En fin de jeu, on trouvera une épreuve un peu plus délicate dans laquelle la petite joueuse devra donner au client la quantité de légume correspondant au prix demandé (8 euros de tomates à 0,50 centimes le kilo). L'occasion de travailler les divisions. Cela même alors que peu de temps avant, on nous demande simplement de tourner le thermostat d'un four à la valeur indiquée. Cinq fois de suite... Un dernier mot pour signaler que tout un chacun appréciera à sa juste valeur le mini-jeu de la caissière dans lequel on doit saisir un article et le passer devant le lecteur de code-barres. Quelle petite fille n'en a jamais rêvé, hein franchement ?

Souhaitant s'adresser à un public très jeune (mais maîtrisant néanmoins le calcul de base) Jouons à la Marchande a un peu de mal à définir son public réel. Ses mini-jeux très simples semblent indiquer une cible d'un niveau CP alors même que les élèves de ce niveau ne peuvent pas effectuer une division. De plus, certains jeux sont assez mal calibrés dans leur gestion de l'écran tactile ce qui les rend relativement exigeants pour un jeune public peu adepte du jeu. Pour être plus clair, même un adulte peut pester contre l'imprécision d'une épreuve (les entailles sur les baguettes de pain). Enfin, dernier point et non des moindres, il faut à peine 30 minutes pour terminer le jeu et son contenu maigrelet manque franchement de diversité, même pour un public peu exigeant.