Toujours restée dans l'ombre de Resident Evil (avec qui elle entretient peu de points communs) et Silent Hill, Project Zero reste malgré tout une valeur sûre du survival-horror. Mieux, elle se veut complémentaire des deux séries pré-citées en basant sa construction sur des effets de surprise constants à même de vous faire sursauter comme une vierge effarouchée. Mask of the Lunar Eclipse ne fait bien entendu pas exception à la règle et n'oublie pas non plus d'entretenir plusieurs liens scénaristiques avec ses aînés.
Usant de l'imagerie véhiculée par le cinéma d'horreur japonais et coréen de ces dix dernières années, Project Zero recycle à tout va. De Ring à Ju-On en passant par Dark Water, le tétanisant Deux soeurs ou l'intéressant Réincarnation, la série de Tecmo aura dévoré les mètres de péloche afin de parsemer chacun de ses épisodes de passages où la poésie macabre côtoyait des effets de style parfois téléphonés mais souvent saisissants. De fait, retrouver sur Wii tout ce qui a fait le succès de la série sur PS2 n'est pas une véritable surprise en soi. De plus, sachant que le scénario ne fait pas table rase du passé en alignant plusieurs flash-back des précédents opus (principalement du deuxième épisode si je ne m'abuse), on se retrouve rapidement en terrain connu, enfin si je puis dire.
Sans vous dévoiler les tenants et les aboutissants de l'histoire, disons qu'elle se rapproche, dans son ambiance et son architecture de celle du troisième épisode dans le sens où vous allez pouvoir incarner non pas une ni deux mais bel et bien trois jeunes demoiselles. Évoluant dans le même espace vital synonyme de manoir lugubre, perdu sur l'île brumeuse de Rogetsu et accessoirement rempli de revenants un brin collants, les mistinguettes vont devoir visiter la bâtisse pour découvrir leur passé fait de cérémonie sacrificielle. L'aventure nous convie donc à alterner entre les miss en fonction des chapitres composant ce nouveau Project Zero afin de chercher le pourquoi du comment. Comme je l'évoquais plus haut, la façon de faire ne change pas d'un iota, le titre jouant sur les mêmes peurs que ses prédécesseurs. De fait, ne soyez pas surpris de rencontrer moult fantômes toujours aussi réceptifs à votre appareil photo céleste à même de photographier Amy Winehouse durant sa quinzième cure de désintoxe où que vous vous trouviez dans le monde. Bref un bonheur pour les paparazzi qui sera donc votre seul et unique dans Project Zero. Comme d'habitude, vous pourrez customiser votre appareil et trouver différents types de films plus ou moins puissants.
Mais votre appareil ne vous servira pas simplement d'arme mais aussi de récepteur indispensable à la résolution des énigmes. Ici aussi, on retrouve tout ce qui a fait le succès des trois premiers Project Zero. Ainsi, en vous fiant à un indicateur lumineux, vous pourrez découvrir plusieurs items (de soin, journaux, cristaux, etc.) disséminés un peu partout ou bien photographier des sortes d'effluve ectoplasmique. Une fois pris en photo, ces dernières vous révéleront alors un autre endroit de la maison où vous rendre ou un élément permettant d'avancer dans la partie. Sur ce point, les énigmes restent d'ailleurs très abordables et intéressantes en parfait mixes de ce qu'on peut trouver dans un Resident et un Silent Hill : accessibles mais vous demandant un brin de jugeote. A ce sujet, la balance combats/pérégrinations est bien dosée même si on doit encore subir LE gros défaut des précédents Project Zero à savoir la lenteur effarante de déplacement des héroïnes. Irritant au possible, cette lenteur plombe une fois encore la jouabilité puisque la course des naïades est quasiment aussi lente que la marche. De plus, les développeurs ont opté pour une récupération d'items progressive vous demandant de laisser appuyer le bouton d'action afin que votre personnage approche l'objet et l'attrape. Une très mauvaise idée, totalement inutile hormis au travers de deux ou trois séquences où l'effet dramatique est directement basé sur cette idée de gameplay.
Pour rester dans la jouabilité, disons qu'elle n'évolue pas vraiment puisque les commandes ne font que s'adapter au support. Par exemple, pour effectuer un retournement à 180°, vous devrez effectuer un mouvement rapide de la Wiimote, l'objet vous servant également pour vous sortir des griffes d'un ectoplasme. Bien entendu, ladite Wiimote, couplé au Nunchuck, vous servira également à bouger l'angle de caméra afin de viser les fantômes. A ce propos, le système de prises de vue reste le même et vous demandera de cadrer pendant quelques secondes le revenant afin de réussir une photo plus ou moins létale. Sachant qu'en mode Normal, les fantômes ont une très bonne constitution, prévoyez dès le départ des films 14 afin d'être prêt à tout, surtout lors d'un combat se déroulant dans un espace réduit. Bref, Project Zero : Mask of the Lunar Eclipse a tout du copier/coller afin de capitaliser un peu plus sur une bonne franchise mais au-delà de l'impression de déjà-vu, il serait hypocrite de ne pas avouer que le tout fonctionne encore diablement bien. A ce titre, l'atmosphère doit beaucoup à la réalisation parfaitement huilée, un rythme soutenu et une bande-son angoissante faisant le jeu de musiques pesantes et d'une multitude de petits bruitages donnant à l'ambiance un côté suffocant, déstabilisant. On regrettera par contre de gros ralentissements lors de l'ouverture de plusieurs portes probablement synonymes de loadings cachés. Malgré cela, difficile de ne pas frémir face à ce défilé millimétré de spectres résolus à nous enterrer six pieds sous terre... En espérant que la terreur s'invite rapidement sur le continent européen.