Heureusement pour lui, Fort Boyard ne fait pas partie de ces licences sous-exploitées qui parient beaucoup sur un simple nom, un simple logo. Par rapport à l'émission, si des dissemblances paraissent, on note de sincères efforts en termes d'authenticité pour retranscrire l'atmosphère du programme. Certes, on regrette l'absence de Monsieur Muscles, j'ai nommé Olivier Mine et de sa charmante assistance Anne-Gaëlle Riccio, le duo de présentateurs en place depuis deux ans. En revanche, une partie de l'équipe est bien au rendez-vous, soigneusement modélisée, du Père Fouras (officiellement doublé d'ailleurs) à Passe-Partout (ses deux compères Passe-Temps et Passe-Muraille, eux, ont été oubliés) en passant par La Boule ou le Chinois. Mais la vraie star de l'émission demeure évidemment le fort, lui aussi fidèlement dessiné, qu'il s'agisse du creux de l'enceinte, de sa façade ou des fameuses cellules. De quoi passer de l'écran TV à celui de la Wii sans dépaysement, avec bon nombre de repères balisés tout au long de l'aventure.

La progression d'une partie (qui dure environ une heure) suit quasi scrupuleusement celle du prime-time. Le premier tiers est consacré à la chasse aux clés via des épreuves faisant appel tantôt à de la force, tantôt à de l'agilité, parfois aux deux. C'est alors au joueur qu'il incombe de choisir le ou les candidats les plus aptes à réussir le défi en fonction de leurs compétences intrinsèques. Rassurez-vous, pas de dilemme en vue, le participant idéal saute en général rapidement aux yeux grâce aux deux jauges d'aptitude en agilité et en force que possède chaque aventurier. Les plus fidèles de l'émission profiteront donc d'une reprise très propre des véritables jeux du fort. Pour l'occasion, une vingtaine d'épreuves (ce qui s'avère assez peu) est proposée pour glaner de précieuses clés. Pêle-mêle, on retrouve la Balançoire, le Boulet à la mer, le Cabestan, le Chinois, le Coton-Tige, Excalibur, la Menotte, le Ring, et bien sûr les énigmes du Père Fouras. Pour y répondre après avoir analysé les indices de l'ancien, le joueur doit d'ailleurs écrire le mot lettre par lettre via un clavier particulièrement lent qui ne laisse que peu le droit à l'erreur. La simplicité des énigmes va heureusement dans ce sens.

En dehors de l'épreuve de la Balançoire apparemment bugguée (la reconnaissance de mouvements ne fonctionne pas...), le gameplay, qui fait appel aussi bien à la Wiimote qu'au Nunchuck, est assez bien calibré. On vous demandera de pomper, de pointer, de viser... Autant d'actions assez basiques, parfois un peu physiques sur la durée, qui ne laissent que peu de chance de se trouver enfermé dans l'une des cellules du fort. Les épreuves trop "complexes" font elles l'objet de jeux de rythmes qui nécessitent de secouer la Wiimote ou le Nunchuk au moment opportun ou d'appuyer le plus rapidement possible sur les touches qui apparaissent à l'écran. Quoi qu'il en soit, la plupart font bien appel au combo des deux accessoires et réclament donc une certaine coordination des mouvements. Par exemple, une épreuve vous demande de pomper avec le Nunchuk et de viser avec la Wiimote, ce qui sur la longueur, peut entraîner quelques erreurs de synchronisation. Autre exemple, le combat du Coton-Tige ne se joue pas en bourrinant avec les deux périphériques mais simplement en secouant la Wiimote, le Nunchuk ou les deux à la fois, lorsque la jauge s'est entièrement vidée. Si toutes les épreuves ont tendance à user des mêmes mécanismes, on retrouve assez bien les notions d'efforts physiques ou de précision que les candidats doivent concéder pendant l'émission.

Le second tiers se concentre sur la chasse aux indices qui vous permettront d'infiltrer la salle du trésor. Là encore, il s'agit d'épreuves physiques, assez courtes, comme une grimpée de la façade du Fort ou la traversée en largeur de la bâtisse en équilibre sur un fil. D'autres défis permettent d'obtenir des indices, on pense notamment au tir à l'arc ou au lance-pierre humain. Là encore, pour convenir à un public le plus large possible, les indices sont clairs et permettent de découvrir le mot mystère sans trop de difficulté. Par exemple, trouvez le mot qui correspond aux indices avocat, Faust, queue, enfer et cornes... Pas trop compliqué. Enfin, le dernier tiers fait la part belle aux duels face aux Maîtres des Ténèbres. Comme pour le reste des épreuves, il s'agit d'une reprise complète des jeux de Fort Boyard, des billes au jeu du gobelet en passant par ceux du poids, du clou ou des bâtonnets pour ne citer qu'eux. Chaque défi réussi donne droit à de précieuses secondes supplémentaires pour la dernière épreuve, celle de la récolte des boyards. Alors que le show télé fait de ce final un défi collectif, le jeu a opté pour une épreuve individuelle. L'utilisateur doit pointer la Wiimote vers l'écran pour récolter les pièces grâce à une bourse qui ne peut accueillir guère plus de vingt unités. Si le joueur est trop gourmand, celle-ci se perce et l'argent est perdu.

Une fois l'aventure terminée une première fois, le joueur n'a finalement plus qu'à... recommencer. En effet, pour débloquer tous les jeux dans des parties rapides, il faut accumuler plus de 16 000 boyards, ce qui revient à terminer l'aventure 6 à 10 fois en fonction de votre aptitude à la dernière épreuve. C'est là qu'on se rend compte qu'un tour complet des jeux est fait très rapidement et que l'absence de véritable challenge nuit sérieusement à la durée de vie. Cela dit, fort Boyard n'offre pas davantage de perspectives dans la réalité, la seule solution pour les développeurs auraient été de gonfler la liste des jeux, au moins de la doubler, quitte à reprendre d'anciens jeux de l'émission, qui n'en manque de toutes les manières pas. On peut également regretter l'absence d'une véritable mode multijoueur (qui aurait pu se traduire par des duels à distance entre plusieurs joueurs) et le fait qu'on fasse passer la possibilité de jouer avec 6 avatars différents comme du multi. Il est certes possible de se passer les commandes d'un défi à l'autre, histoire d'en faire profiter tout le monde, comme c'est le cas dans nombre de jeux... solos.